Pour entrer dans les stades, des Iraniennes portent des fausses barbes

Pour entrer dans les stades, des Iraniennes portent des fausses barbes

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En Iran, il est interdit aux femmes d’entrer dans les stades. Certaines portent donc des fausses barbes pour leur permettre d’y pénétrer incognito.

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L’accès aux rencontres sportives est interdit aux Iraniennes depuis la Révolution islamique de 1979, officiellement pour les protéger des comportements et des slogans “inappropriés” des supporteurs masculins.
Comme Vice l’a rapporté, l’interdiction ne s’appliquait d’abord quasiment qu’aux stades de foot (tout de même le sport le plus populaire en Iran) : jusqu’en 2012, les femmes avaient le droit de se réunir pour regarder les matchs sur les places publiques. Mais en amont de l’Euro, l’interdiction a été étendue à la lutte et aux matchs de volley, ainsi qu’à tous les lieux publics et les stades.
Des militant·e·s demandent à ce que les Iraniennes puissent assister aux rencontres sportives depuis des années. En 2006, le film Hors Jeu du réalisateur Jafar Panahi montrait le combat fictif de six jeunes femmes fans de football pour assister à un match de la Coupe du monde, et qui étaient finalement arrêtées.
Malgré la mobilisation soutenue et plusieurs déclarations du gouvernement, l’interdiction a été maintenue à cause de la place déterminante des conservateurs en Iran. Des femmes refusent toutefois de rester devant les portes des stades, et se déguisent en hommes pour y pénétrer.

Des fausses barbes efficaces

Jusqu’à récemment, la technique la plus courante était, comme Mashable le rapporte, de se peindre le visage aux couleurs d’une équipe et de s’habiller comme des hommes, avant d’entrer dans les stades aux heures de pointe.
Et dernièrement, c’est l’idée des fausses barbes qui a prouvé son efficacité et trouvé une certaine popularité. C’est le 24 décembre que Shabnam, une fan du FC Persépolis, une équipe de foot de la capitale iranienne, a réussi à assister à un match à Ahvaz, dans le sud-ouest du pays, avec son amie Zeinab.
Un blog du Monde traduit les explications que la jeune femme a données dans le quotidien iranien Vaghaye Etefaghiyeh :

“Avec Zeinab, nous avons regardé quelques vidéos sur comment se grimer. Une fois, j’ai mis une perruque d’homme et marché avec dans la rue. Le jour du match, j’ai mis de la couleur noire sur mon visage, comme si je portais une barbe. J’ai mis une casquette pour cacher dans la mesure du possible mon visage. J’ai dû faire tout cela pour que la revendication [des femmes] d’accéder aux stades ne soit pas oubliée.”

Et l’Iranienne a tenu à démontrer toute l’injustice de l’interdiction, en pointant le fait qu’elle ne se fondait sur aucune justification valable. En effet, Mashable rapporte qu’elle et son amie n’ont été victimes d’aucun comportement inapproprié, bien au contraire : “Une fois dans le stade, les gens autour de moi ont remarqué que j’étais une femme, et ils se sont conduits de façon plus polie à partir de ce moment.”
Dans une vidéo également repérée par le site, une autre supportrice ayant elle aussi rejoint clandestinement des gradins a confirmé ce savoir-vivre des supporters masculins :

“Tout le monde a remarqué que j’étais une fille, et tout le monde s’en fiche. On prend des photos ensemble. J’espère que nous serons bientôt libres [d’assister à des matches masculins].”

L’idée de la fausse barbe a également été testée et approuvée une semaine après Shabnam par une jeune femme se présentant sur Internet sous le prénom de Zahra. Mashable explique qu’elle a à son tour posté des photos d’elle dans un stade de Téhéran déguisée en homme avec une fausse moustache et une fausse barbe. Elle a expliqué s’être maquillée pour que ses traits semblent aussi masculins que possible.
Et c’est son histoire qui, ajoutée à celle de Shabnam, a fait du bruit et relancé le débat sur le droit des femmes à accéder aux rencontres sportives, dans un contexte de manifestations contre le pouvoir politique.
Quelle que soit l’issue, Shabnam compte en tout cas continuer à assister aux matchs de l’équipe qu’elle soutient : “À la prochaine opportunité, j’enfilerai les vêtements d’homme et irai au stade jusqu’à ce que les femmes puissent enfin assister à un match”, a-t-elle déclaré, comme le rapporte Le Monde.