En Côte d’Ivoire, des téléphones usagés transformés en œuvres d’art

En Côte d’Ivoire, des téléphones usagés transformés en œuvres d’art

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© Evelyne Aka/AFPT TV/AFP

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

"J’ai choisi le recyclage car je ne voulais pas limiter mon travail uniquement à la peinture. Je voulais apporter quelque chose de nouveau."

Artiste “écolo et engagé”, Désiré Mounou Koffi donne une seconde vie à de vieux téléphones portables au rebut en les recyclant dans des peintures colorées. Son but ? Sensibiliser à la lutte contre la pollution dans ses œuvres qu’il expose à Abidjan jusqu’en juillet 2022.

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“J’ai choisi le recyclage car je ne voulais pas limiter mon travail uniquement à la peinture. Je voulais apporter quelque chose de nouveau”, explique le peintre à l’AFP dans son atelier de Bingerville, en Côte d’Ivoire. À 28 ans, il se définit comme un “jeune artiste contemporain” et revendique sa volonté de se “démarquer des autres”.

“Depuis enfant, je suis passionné par le dessin. C’est moi que la maîtresse envoyait au tableau faire les dessins d’illustration des leçons”, se souvient-il. Et quand il annonce à ses parents agriculteur·rice·s d’un village du Sud-Ouest ivoirien qu’il veut faire une école d’arts : “Ils ne savaient pas ce que c’était”, explique-t-il. “Mon professeur d’arts plastiques est venu leur expliquer et leur demander de me laisser faire.”

Sorti major des Beaux-Arts d’Abidjan, il commence par sillonner les rues, les caniveaux, les décharges pour récupérer des claviers et écrans de vieux téléphones portables. “Maintenant, j’ai toute une équipe qui est payée en fonction de la quantité qu’elle ramène. Je leur ai dit : ‘Ne jetez plus, apportez les éléments et on peut travailler’, raconte-t-il.

Dans son atelier, on lui dépose de grands sacs remplis de composants de téléphones récupérés. Désiré Mounou Koffi fouille dans le tas de claviers et d’écrans pour choisir les éléments à partir desquels il dessinera des silhouettes humaines colorées dans des décors urbains, des toiles “pop” dont certaines se vendent 1 500 euros.

Le peintre ivoirien déclare essayer de résoudre un problème”, dans un pays où le tri sélectif est quasi inexistant et où les déchets se retrouvent dans les rues. “La plupart de mes toiles parlent du quotidien de l’homme dans la société. Or, je pense que le téléphone est l’outil le plus proche de nous, actuellement. Dans nos téléphones, il y a presque tout”, explique-t-il.

“On retrouve de tout dans nos poubelles… J’essaie d’amener les gens à une prise de conscience. C’est une manière très terre à terre de sensibiliser”, poursuit celui qui a déjà exposé au Maroc, en Belgique et en France. Soucieux de coller à l’actualité, ses toiles abordent également les enfants soldats, la pollution, les embouteillages ou les inondations. L’une de ses dernières séries, La Vie d’ici, raconte le quotidien des habitant·e·s d’Abidjan.

Après une première exposition en Côte d’Ivoire, dans la ville côtière de Bassam, il est exposé jusqu’en juillet à la Fondation Donwahi à Abidjan. Il a aussi fait partie dans l’exposition “Africa ! La Renaissance en marche !”, dans le cadre du off de la Biennale de Dakar, en mai dernier.

Konbini arts avec AFP.