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Gregory Crewdson photographie l’Amérique abandonnée, en proie à la solitude

Gregory Crewdson photographie l’Amérique abandonnée, en proie à la solitude

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© Gregory Crewdson

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Par Sabyl Ghoussoub

Publié le , modifié le

Avant la pandémie, deux de ses séries publiées dans le livre Alone Street montraient une vision prémonitoire du monde à venir.

Entre corps esseulés, inertes, souvent nus dans des appartements ou en extérieur, impressions surréalistes et pourtant ancrées dans le réel, les photographies de Gregory Crewdson – publiées dans Alone Street (aux éditions Textuel) et exposées lors des Rencontres de la photographie d’Arles – ne laissent pas indifférent·e·s. Réalisées avant le début de la pandémie, deux séries majeures du photographe sont présentées dans l’ouvrage : Cathedral of the Pines (2013-2014) et An Eclipse of Moths (2018-2019). Elles chroniquent une Amérique sans gloire et montrent une vision prémonitoire de ce que le monde allait vivre : un sentiment d’abandon et d’extrême solitude.

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Photographe américain connu pour ses mises en scène minutieuses, Gregory Crewdson est grandement influencé par le cinéma. “Je crois que fondamentalement, toutes mes photos proviennent, depuis le tout début, du désir de trouver une connexion entre cinéma et photographie. J’ai toujours adoré les films ; je les aime peut-être même plus que l’art, car je suis en admiration devant la qualité de la lumière et de l’image à l’écran”, confie-t-il à l’actrice Cate Blanchett dans l’ouvrage. L’œuvre de Crewdson a marqué sa manière de voir le monde, et plus particulièrement les États-Unis.

La Grange, de la série Cathedral of the Pines, 2013-2014, extrait de Alone Street, aux éditions Textuel, 2021. (© Gregory Crewdson)

Dans les coulisses d’une Amérique angoissante

Afin de réaliser ses images, l’artiste travaille avec de grosses équipes de production (décorateur·rice·s, maquilleur·se·s, éclairagistes, stylistes) pour le repérage et la prise de vue. La lumière, les couleurs, les détails les plus infimes sont soigneusement maîtrisés et agencés afin de dégager cette mélancolie si troublante propre à son travail.

L’ouvrage revient notamment sur les coulisses de ses photographies, partie du livre passionnante qui donne “un aperçu de l’effort considérable qui a permis à ces œuvres de voir le jour”. Gregory Crewdson que certain·e·s surnomment le “Hopper de la photographie contemporaine” est toujours à la recherche de l’équilibre absolu.

Redemption Center, de la série An Eclipse of Moths, 2018-2019, extrait de Alone Street, aux éditions Textuel, 2021. (© Gregory Crewdson)

“Les images ne peuvent se concrétiser que durant un laps de temps très court. Lorsque tout s’équilibre. C’est ce que j’appellerais un moment parfait, dans toute son imperfection. C’est ma raison de vivre, en tant qu’artiste : ce moment où, sur le plateau, nous voyons l’image émerger sous nos yeux”, exprime-t-il.

C’est devant “ce moment parfait, dans toute son imperfection” qu’on est projeté·e·s quand on se retrouve devant une photographie de Gregory Crewdson, comme si on arrivait au cours d’un film où l’histoire était déjà en cours. Décontenancé, on tente alors d’en connaître le début, d’imaginer la suite. “Chaque fois que je tombe sur votre œuvre”, lui dit Cate Blanchett, je pense au sublime.”

Le Sous-sol, de la série Cathedral of the Pines, 2013-2014, extrait de Alone Street, aux éditions Textuel, 2021. (© Gregory Crewdson)

La Forêt de pins, de la série Cathedral of the Pines, 2013-2014, extrait de Alone Street, aux éditions Textuel, 2021. (© Gregory Crewdson)

Couverture de l’ouvrage “Alone Street” de Gregory Crewdson, aux éditions Textuel.

L’ouvrage Alone Street de Gregory Crewdson est publié aux éditions Textuel.

“Eveningside, 2012-2022”, une exposition de Gregory Crewdson à voir à la Mécanique Générale, lors des Rencontres de la photographie d’Arles, jusqu’au 24 septembre 2023.

Konbini, partenaire des Rencontres de la photographie d’Arles.