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Les lowriders rutilants de Los Angeles au cœur d’une série photo flambante

Les lowriders rutilants de Los Angeles au cœur d’une série photo flambante

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© Kristin Bedford

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Par Lise Lanot

Publié le

Kristin Bedford a documenté la portée culturelle et sociale des lowriders, ces bagnoles customisées de Los Angeles.

Popularisés à l’international dans les années 1990 grâce aux artistes phares de la West Coast (à l’instar de Dr. Dre et son “Let Me Ride”, Cypress Hill et “Lowrider” ou encore Easy-E dans la plupart de ses clips), les lowriders ne constituent pas un signe extérieur de richesse réservé aux clips de rap.

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Ces voitures customisées au système de suspension modifié (afin de les faire monter et descendre) renvoient à une culture considérable et, surtout, à la volonté de “se faire entendre – de façon politique, culturelle et créative”, tel que nous le précise Kristin Bedford, la photographe qui a documenté le quotidien des propriétaires de ces impressionnants bolides à Los Angeles.

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

En Californie et le long de la frontière mexicaine, le lowriding a toujours constitué “un bruyant symbole de fierté culturelle”, définissait le journaliste Gabriel A. Solis pour Vice. Plus que de simples belles bagnoles, les lowriders symbolisent une forme de résistance contre “un monde anglo-saxon qui exigeait une main-d’œuvre ordonnée, des minorités modèles et des quartiers obéissants”. La culture des lowriders s’accompagne d’un esprit indépendant, bien qu’ancrée dans le respect de la communauté, deux pôles mis à l’honneur dans la série de Kristin Bedford.

Intéressée par “la façon dont différentes communautés expriment leurs droits civils au sein d’une société qui les marginalisent”, Kristin Bedford a tourné son appareil photo vers le lowriding de Los Angeles, puisque c’est là-bas que ce “phénomène mondial” revêt “une signification unique pour les Mexicains-Américains”, notamment sur le célèbre Whittier Boulevard, situé à l’est de la Cité des anges. “Depuis 70 ans, cette communauté a exprimé son identité grâce à cette culture automobile particulière. Je voulais vraiment photographier la façon dont transformer une voiture était, pour eux, constitutif d’une volonté de se faire voir et entendre.”

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

Les femmes du lowriding mises à l’honneur

Kristin Bedford nous confie avoir débuté sa documentation du lowriding “sans objectif particulier”, parce qu’elle a l’habitude de se “laisser complètement porter par l’inconnu”. “Je suis ancrée dans le mystère et je laisse les images révéler l’essence même de l’histoire.”

Un des arcs principaux de son livre Cruise Night concerne les femmes du lowriding. “En réalisant ce travail, je me suis rendu compte que la plupart de mes photos montraient des femmes introspectives, naturelles et humbles. Mon regard offre un nouveau récit autour des femmes et du monde automobile, un récit qui s’écarte des représentations sexualisées et dominées par le masculin qu’on a l’habitude de voir. Ce chemin s’est fait naturellement”, exprime-t-elle.

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

Pour prendre des images authentiques et dénuées des clichés susmentionnés qui collent parfois à la peau du lowriding, Kristin Bedford a mis un point d’honneur à établir des relations de confiance et de respect mutuel avec ses modèles : “Je suis l’opposé de l’artiste qui ne fait que passer, qui rend visite à une communauté, qui prend ses photos et qui rentre chez elle. Je trouve que cette technique ne fait que balancer la même histoire en boucle. Pour réaliser quelque chose de nouveau et d’honnête, je pense que la clef, c’est de comprendre les personnes qu’on photographie.”

Cette proximité affichée par la photographe passe, entre autres, par son utilisation d’un objectif à focale fixe – “qui signifie que la distance à laquelle je semble être du sujet que je photographie est la distance réelle”, explique-t-elle. “Si vous voyez l’image de l’intérieur d’une voiture, c’est parce que j’y ai été invitée”, ajoute celle qui insiste sur sa volonté de ne surtout pas “faire du sensationnalisme” sur le dos de personnes “à qui les médias ont manqué de respect pendant des décennies et des décennies”. 

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

C’est également parce qu’elle refuse tout “voyeurisme et détachement” que Kristin Bedford privilégie une focale fixe (aux dépens d’un zoom par exemple), afin de prendre des “photos non mises en scène”.

À travers son livre, la photographe espère que le lectorat “percevra toute la beauté et la profondeur” dont elle a été témoin. “Le lowriding a souvent été stéréotypé et incompris, vu comme quelque chose de simpliste ou de vulgaire. À ma façon, tranquille, j’offre un aperçu de mon expérience au sein de cette grande tradition américaine.”

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

“Cruise Night”. (© Kristin Bedford)

Cruise Night est disponible en précommande aux éditions Damiani. Vous pouvez retrouver le travail de Kristin Bedford sur son site et sur son compte Instagram.