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Un collectionneur retire de la rue les œuvres de Banksy et s’attire les foudres des fans

Un collectionneur retire de la rue les œuvres de Banksy et s’attire les foudres des fans

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© Banksy

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Par Lise Lanot

Publié le

Une initiative, lourde de millions de dollars, qui devrait fortement déplaire à Banksy.

Jusqu’à avant-hier, mercredi 17 février 2021, on pouvait voir sur le mur d’un salon de coiffure de Nottingham une petite fille faisant du hula-hoop avec une roue de vélo. L’œuvre apparue le mardi 13 octobre 2020, revendiquée par Banksy, a été retirée du mur et la petite fille a désormais rejoint la collection d’un galeriste britannique, John Brandler. Ce dernier a déclaré avoir dépensé “une somme à six chiffres” pour s’approprier l’œuvre du célèbre street artiste.

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Le galeriste d’Essex n’en est pas à son premier Banksy. Début 2019, il acquérait Season’s Greetings, une œuvre corrosive dénonçant la qualité de l’air et originellement placée à Port Talbot – la ville la plus polluée du Royaume-Uni en 2018 selon l’Organisation mondiale de la santé. L’œuvre était devenue “un cauchemar” pour le propriétaire du garage choisi par Banksy.

Le sidérurgiste de 55 ans avait même fini par regretter le temps où ses murs étaient encore vierges de toute fresque, affirmant à la BBC que plus de 1 000 personnes se pressaient chaque jour autour de son garage, essayant parfois de s’emparer de morceaux de pierre ou de dégrader l’abri. L’homme avait exprimé son soulagement après la proposition de John Brandler, qui offrait cette fois déjà “une somme à six chiffres” et promettait “de conserver [l’œuvre] dans la ville”.

Pour éviter pareille cohue à Nottingham, la ville avait pris les devants et installé une plaque transparente protectrice sur la Petite Fille au hula-hoop. Selon John Brandler, de la moisissure commençait à se former sur l’œuvre, qui aurait “disparu d’ici deux ans” s’il ne “l’avait pas retirée”. Les résident·e·s de Nottingham et les fans de Banksy ne sont clairement pas de l’avis du collectionneur.

Sous la publication Instagram de l’œuvre, postée par le street artiste le 17 octobre 2020, les commentaires pleuvent, exprimant colère et dégoût – un internaute espère par exemple que “le karma” permettra à l’œuvre de “s’autodétruire comme par magie et se transformer en poussière une fois arrivée à destination”, un clin d’œil au coup orchestré par Banksy à une vente Sotheby’s en 2018.

Dans la foulée, John Brandler a annoncé qu’il présenterait ses différents Banksy dans une exposition à Bury St Edmunds, dans le Suffolk. Une initiative allant complètement à l’encontre des souhaits de l’artiste anonyme, qui a toujours refusé tout but mercantile : il dénonce avec ardeur la vente de ses œuvres qu’il offre au monde et s’oppose à leur exposition au sein de musées payants.

Sur son site, il prévient d’ailleurs les internautes de faire attention aux expositions payantes présentant ses travaux : “Il y a récemment eu une recrudescence d’expositions Banksy, aucune d’elles n’est consentie. Elles ont été organisées sans la connaissance ou l’aval de l’artiste. Traitez-les s’il vous plaît en conséquence.” Banksy n’a pour le moment pas réagi à cette annonce, mais on ne serait pas étonné·e·s qu’il l’adresse à travers une nouvelle œuvre grinçante.

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