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Pourquoi le personnage de Meredith Grey est toujours important après 18 saisons

Pourquoi le personnage de Meredith Grey est toujours important après 18 saisons

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Par Jennifer Padjemi

Publié le

Voir une femme dans sa cinquantaine avoir une vie sexuelle active, ce n’est pas anodin à la télévision.

Attention, cet article contient des spoilers sur la saison 18, en cours de diffusion aux États-Unis.

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Après une saison nécessaire et historique qui tournait autour du Covid-19 et de la détresse du personnel médical face aux morts constantes et brutales, la saison 18 revient à ses premières amours. Que ce soit dans l’écriture, les intrigues ou le rythme, cette saison se veut plus sexy, plus chaleureuse, sans enjeu majeur (pour le moment). C’est donc plusieurs personnages qui se retrouvent avec de nouveaux love interests, dont celui de Meredith Grey (Ellen Pompeo).

Si cela peut paraître anodin, voire insignifiant pour une série médicale, ça l’est pour une série qui s’est notamment rendue célèbre pour ses histoires d’amour rocambolesques et déchirantes, et qui dure depuis aussi longtemps (dix-huit saisons, tout de même). Grey’s Anatomy met au centre un personnage féminin principal, qui a eu le temps de vieillir et d’évoluer sous nos yeux. Meredith Grey a connu la dépression, la maladie, la perte et le départ d’ami·e·s proches, de son mari et amour de toujours, l’absence et la mort de ses parents, le coma, des catastrophes naturelles et encore plus de drames…

Le désir à cinquante ans est possible

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Dans cette saison, elle est invitée à rejoindre une équipe médicale dans le Minnesota, avec pour but de révolutionner l’histoire de la médecine, en trouvant peut-être un remède contre la maladie de Parkinson. C’est à cette occasion qu’elle revoit le Dr Nick Marsh (Scott Speedman), personnage déjà apparu dans la saison 14 et de retour pour, semble-t-il, la saison entière. La première fois, l’attraction entre les deux était palpable, mais il ne s’était rien passé.

Cette fois-ci, la tension sexuelle est encore présente jusqu’au passage à l’acte, où un jour de Thanksgiving enneigé, coincé·e·s dans une chambre d’hôtel, ils livrent leur corps l’un·e à l’autre après un jeu du chat et de la souris des plus réjouissants. En plus d’être une bonne nouvelle pour Meredith, qui a aussi droit à l’amour et au bonheur, ça l’est également pour la représentation : suivre à la télévision une femme de cinquante et un ans séduire, être séduite, désirable et avoir une vie sexuelle active n’est pas anodin.

Certes, la série n’a jamais été plébiscitée pour ses scènes de sexe peu explicites, mais si on enlève le nombre de programmes arrêtés au cours des années précédentes, il n’en reste que très peu. Les personnages féminins de plus de quarante-cinq ans sur le petit écran et avec une vie sexuelle ou dans une relation romantique se font rares.

Vieilles et absentes des écrans

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Hormis le retour de Sex and the City sous forme de suite, et quelques séries plus confidentielles comme Mrs. Fletcher, très peu de personnages principaux quarantenaire ou cinquantenaire sont présents à la télévision. Il est d’ailleurs d’usage de fantasmer sur la jeunesse et la vitalité des personnages féminins et des actrices qui les incarnent : plus elles sont jeunes, plus elles seront appréciées et valorisées.

On n’a de cesse de voir apparaître des séries sur le monde adolescent ou la jeune vie d’adulte, du lycée à l’université, en passant par le début de la vie professionnelle – Sex Education, Euphoria, The Sex Lives of College Girls, Insecure, etc. –, mais le contraire demeure exceptionnel. Le fait de donner l’opportunité de vieillir à un personnage de femme qui expérimente différentes étapes de sa vie, en couple ou non, avec ou sans enfant, est un véritable moyen de ne pas cantonner les femmes à des rôles prédéfinis, mais de les considérer dans toutes leurs dimensions et nuances possibles.

On peut se poser la question de savoir si Grey’s Anatomy doit rester en surface, mais on doit lui reconnaître sa capacité à avoir toujours su valoriser ses personnages féminins, en leur accordant la place nécessaire pour s’épanouir. En cela, elle reste aujourd’hui la seule série diffusée sur une chaîne grand public (le network américain ABC, et TF1 en France) à faire le choix de ne pas réduire une femme de plus de cinquante ans à son âge.