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The Baby-Sitters Club est une ode à l’adolescence et à l’amitié

The Baby-Sitters Club est une ode à l’adolescence et à l’amitié

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©Netflix

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Par Jennifer Padjemi

Publié le

La série qui donne envie d’avoir de nouveau treize ans.

Dans la famille des adaptations télévisées réussies, nous demandons The Baby-Sitter Club (Les Baby-sitters dans sa version française), la série tirée de la saga à succès du même nom de l’écrivaine Ann M. Martin, que beaucoup d’adolescentes ont connu dans les années 1990.

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Une adaptation cinématographique avait déjà vu le jour en 1995, mais il semblerait que le film n’ait pas séduit les fans de la première heure, là où la série créée par Rachel Shukert pour Netflix surprend par sa justesse. Elle en est déjà à sa deuxième saison.

Comme dans les livres, on y suit un groupe d’adolescentes en plein développement. Emmenées par Kristy, la leadeuse, elles décident de lancer un club de baby-sitters afin de se relayer pour garder les enfants du quartier d’une petite bourgade fictive du Connecticut. Cette activité leur permet de se faire de l’argent de poche et de se retrouver entre elles, où confidences et doutes sont de mise. Malgré le succès phénoménal et international des livres, la série télévisée reste confidentielle. Et pourtant, elle relève le pari de garder l’essence de l’histoire originelle tout en y insérant une dimension très contemporaine.

Entre nostalgie et modernité

L’un des aspects intéressants de la série est de proposer une confusion dans la temporalité. On comprend que l’intrigue se déroule à notre époque, puisque le groupe de filles est très connecté sur les réseaux sociaux et en parle allègrement. Mais l’atmosphère générale et quelques éléments de décoration nous plongent droit dans un temps que les moins de vingt ans ne peuvent plus connaître. Avec une mention spéciale pour le téléphone à fil transparent où les filles reçoivent les propositions de baby-sitting, et qui peuplait énormément de chambres d’adolescentes dans les nineties.

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La nostalgie est le point central qui permet de lier les personnes qui ont grandi avec les livres et celles qui découvrent la série sous un nouveau jour. Ou comment plaire à plusieurs générations sans trahir les aspirations de l’un ou l’autre. Ici, les membres du groupe ont été légèrement modifiés par rapport à l’original, mais conservent toutes leurs personnalités bien affirmées. Kristy est l’autoritaire, quand Mary-Anne est la plus réservée ou Claudia la plus fashionista et sensible du groupe. Ensemble, elles forment un bloc tout en ayant leur propre intrigue. Les scénaristes sont parvenus à en faire une équipe sororale qui s’entraide et s’épaule, mais sans les réduire à l’aspect choral.

Féministe sans trop le dire

Avec tous les sujets traités comme les premiers émois, la famille, la maladie, le deuil, l’orientation sexuelle, l’apparence physique, l’argent ou la féminité, The Baby-Sitters Club est sans doute la série la plus féministe du petit écran, sans en faire un étendard. Elle s’intéresse à toutes les dimensions du genre en centrant les problématiques propres aux identités de chacune.

Par exemple, l’intrigue autour des origines japonaises de Claudia est particulièrement réussie dans les deux saisons, car cela permet d’en savoir plus sur ses origines et les liens qu’elle entretient avec sa grand-mère Mimi, sans tomber dans le cliché de la famille ou de la mère asiatique acariâtre, qui a longtemps été le trope favori de la télévision.

 

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C’est la même chose chez Lucy qui souffre de diabète et qui offre l’occasion d’aborder des questionnements liés à la maladie, au rapport au corps et à l’image, sans tomber dans un discours littéral sur le poids. La série arrive à centrer ces sujets tout en laissant l’opportunité aux personnages de s’épanouir et d’évoluer avec leur âge. Elles ont entre onze et quatorze ans, et on ne tente pas de les rendre plus “adultes” que nécessaire : tous les problèmes et réflexions qu’elles ont sont celles d’adolescentes en pleine puberté. C’est en ça que The Baby-Sitters Club paraît si universel, ce qui explique le succès des ouvrages de l’époque.

Le seul petit bémol pourrait se lire dans une sorte de conservatisme autour du discours sur les enfants et la famille, mais c’est aussi ce qu’elle est : une série familiale qui peut être regardée par tous les membres, notamment les premières concernées qui ne se sentiront jamais gênées devant leurs parents. Avec PEN15 (interprétée par des femmes trentenaires), The Baby-Sitters Club prend l’adolescence pour ce qu’elle est. Une traversée parfois éprouvante, mais qui consolide des amitiés fortes et forme les prémices d’une identité.

Les deux premières saisons de The Baby-Sitters Club sont disponibles sur Netflix.