On est allé dîner au Chalet du steak (et on a mangé tout sauf des steaks)

On est allé dîner au Chalet du steak (et on a mangé tout sauf des steaks)

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Par Pharrell Arot

Publié le , modifié le

On a testé le "all you can eat" de bord de nationale.

Las Vegas ? Non, Orléans, au bord de la Nationale 20, juste en face du Zénith de la ville. Ici, depuis quelques mois, une enseigne géante “Le Chalet du steak”, une franchise parmi d’autres, s’étale en toutes lettres sur un grand bâtiment d’une zone commerciale entre un Decathlon et un Kiabi, à l’endroit où se tenait avant une grande surface consacrée aux jouets.

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À force de passer devant, jeudi, on a tenté l’expérience, à l’heure où le soleil d’été descend sur le parking vieillissant de cette oasis dédiée à la consommation. À s’y méprendre, on pourrait se croire ailleurs, sur le parking d’un Applebee’s au bord d’une highway de la sortie d’Austin, avec des Peugeot 208 à la place des Ford F150.

Alors, à quoi ça ressemble un buffet “all you can eat” de province ? Notre beau pays a-t-il vraiment besoin d’un endroit où on peut manger dans le même repas des rillettes, des sushis et des glaces italiennes ?

(© Konbini)

L’intérieur, ultra-moderne, est la version 2.0 des buffets à volonté asiatiques qui ont fleuri durant ces dix dernières années un peu partout. Mais, au Chalet du steak, on vise plus large. On nous installe dans un booth qui lui aussi a le cul entre deux chaises, inspiration mi-resto chic de Miami version Maisons du monde mi-restaurant d’entreprise. On a de la place, c’est confort, rien à redire.

Sur la table, pas de menu, enfin pas pour manger, car ici, tout le monde (sauf les enfants) paie le même prix. Ce soir, c’est 25,90 euros par personne. Pour manger absolument tout ce que l’on veut sur la demi-douzaine d’îlots gigantesques qui composent le buffet. On commande tout de même à boire, une grande San Pellegrino pour 5 euros, parce qu’on veut que… le petit robot apporteur de boisson vienne nous rendre visite.

(© Konbini)

Le petit robot-chat, qui passionnera les enfants, ne parle pas, ou alors pas à moi, mais il est fort sympathique tout de même et met bien son clignotant quand il prend des tournants à vitesse réduite entre les rangées de tables. Mais nous ne sommes pas ici pour boire de l’eau pétillante, nous sommes ici pour explorer le buffet.

On se lève, on prend une assiette sur une des dizaines de piles, et on se lance. L’offre n’a aucun sens. Ou elle a absolument tous les sens. Un bar à sushis, un bar à fruits de mer, un bar à charcuterie, un bar à fromage, une zone entièrement dédiée aux fritures, sans compter une demi-douzaine de salades différentes. On a le tournis.

(© Konbini)

(© Konbini)

Là, chacun y va de sa philosophie du buffet. Un groupe de Néerlandais costauds qu’on a vu se garer en minibus sur le parking joue le jeu du “all you can eat” un brin stupide, empilant des milliers de calories dans la même assiette – à leurs risques et périls, l’éventuel “gaspillage” dans l’assiette étant majoré en fin de repas. Un couple de personnes âgées tente le menu de grand soir avec demi-homard, escargots et gambas.

Un peu effrayé par l’offre, on commence par une assiette légère, en essayant de ne pas tenter des mélanges risqués. Je goûte quand même les cuisses de grenouilles, surgelées et manifestement non assaisonnées, symbole flagrant de l’idée du lieu : ici, il y a tout, mais, pour 25 balles, le homard n’a évidemment pas été pêché le matin même au large de la Bretagne.

(© Konbini)

Derrière les grands buffets, une zone baptisée “grillade” répond discrètement au nom du restaurant. Ici, on peut choisir des produits crus pour les faire griller minute. Nous, on passera notre tour, ayant déjà fait un sort à deux assiettes du reste du buffet. Objectivement, pour manger une pièce de bœuf, pas certains que mon cerveau – possiblement biaisé par l’opulence proposée pour seulement 25 balles – y trouve son compte.

(© Konbini)

Rapidement, donc, on se retrouve en fin de course, en finissant sur un plaisir coupable : une coupelle de bonbecs qui sentent bon les vacances en bord de mer et une glace “italienne” vanille-fraise dans un cornet assez peu croustillant. Bien sûr, ceux pour qui le volume dans l’assiette est la première motivation d’une sortie au resto y verront un eldorado. Mais, côté qualité, l’offre répond à l’impossibilité de la promesse : avoir tout, tout de suite, dans des bacs tièdes, pour 25 euros.

(© Konbini)

Sur l’écran géant qui surplombe l’îlot des desserts, où les enfants s’extasient devant deux fontaines à chocolat dans lesquelles on peut tremper des fraises ultra-calibrées, Britney Spears apparaît pour un clip vintage version karaoké. Un clip à l’image du restaurant, celle d’un modernisme déjà désuet, de l’envie de tout avoir, sans dépenser trop.

Une équation sans inconnue, car, si on n’a pas passé un mauvais moment au Chalet du steak et que ce genre de lieu ne peinera jamais à trouver son public, on ne peut que rester spectateur de cet ovni, loin de nos envies de recentrer l’assiette vers plus de simplicité.

(© Konbini)

Le Chalet du steak
42, rue Anthelme Brillat Savarin – 45100 Orléans