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Voici les 15 BD qu’il ne fallait pas rater en 2021

Voici les 15 BD qu’il ne fallait pas rater en 2021

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Par Arthur Cios

Publié le

Frissons, pleurs et rires sont au rendez-vous.

Plus de 5 000 bandes dessinées sortent et sont commercialisées chaque année, soit en moyenne quatorze par jour. Le chiffre est hallucinant, et l’opération tentant de résumer une année aussi riche que 2021 l’est tout autant. Néanmoins, au fil des mois, certaines de nos lectures ont su nous marquer avec plus de force que d’autres. Qu’on soit dans l’adaptation ou dans un récit totalement inédit, dans du western ou de la SF, dans un récit bavard ou une aventure mutique, il y a eu de tout.

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Voilà les quinze qui nous semblent être les plus grandes BD de l’année.

1984
de Xavier Coste

Depuis le 1er janvier 2021, le célèbre roman de George Orwell, 1984, qui raconte un monde où la société est surveillée de toute part, est tombé dans le domaine public. Comprendre que quiconque peut s’approprier l’œuvre sans avoir à payer des droits d’adaptation. Hasard ou non, quatre bandes dessinées sont sorties dans la foulée pour s’approprier l’œuvre d’Orwell, mais une seule est sortie du lot.

La version de Xavier Coste pour Sarbacane est un exemple de réussite à bien des égards. Avec des dessins d’une noirceur profonde, un trait affiné et des images quasi monochromes presque aussi fortes que l’écrit paranoïaque et original, cette BD se révèle puissante. Une pépite, sublime au demeurant, et d’une intensité glaçante.

47 Cordes
de Timothé Le Boucher

Le nouveau bouquin de Le Boucher est un événement pour les amateurs d’intrigue, de mystère et d’enquête. S’il s’est imposé comme un maître du genre avec Ces jours qui disparaissent puis Le Patient, 47 Cordes mettra tout le monde d’accord. Une histoire d’une ampleur sans précédent pour l’auteur, qui met en scène une créature métamorphe prête à tout pour séduire un jeune homme. Difficile de ne pas être sous le charme.

Blacksad : Alors, tout tombe – Première partie
de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido

La franchise culte de bandes dessinées à l’ambiance film noir, comme Hollywood savait si bien les faire dans les années 1950, avec des personnages d’animaux anthropomorphes, a fait son retour en 2021 après huit années d’absence. Ce n’est pas que l’amour que l’on a pour ce chat inspecteur au charme fou, ces dessins sublimes de Guarnido imprégnés de son expérience chez Disney ou cet univers qu’on adore. C’est plus que ça. Alors, tout tombe est une excellente BD et une des lectures les plus agréables de l’année. En espérant ne pas devoir attendre aussi longtemps pour la suite de cette aventure en deux volets.

Corto Maltese : Océan noir
de Bastien Vivès et Martin Quenehen

Quand nous avons appris que Bastien Vivès allait adapter la franchise culte d’Hugo Pratt, Corto Maltese, nous étions plus que curieux. Comment le papa de Polina ou de Lastman allait pouvoir s’imprégner de la richesse du dessin et de l’écriture de Pratt ? Le résultat est au-delà de nos attentes. Le rythme, le dessin, le récit, tout est d’une justesse folle, avec une réappropriation des codes sans jamais trahir l’essence de Corto. Le plus bel hommage possible à l’artiste italien.

Dessiner encore
de Coco

Comment se reconstruire et dépasser le traumatisme de l’attentat à Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 ? Comment faire, quand on est submergé par des vagues de culpabilité, pour se reconstruire ? Comme Luz a pu le faire avec Catharsis puis Indélébiles, ou Catherine Meurisse avec La Légèreté, Coco a décidé d’affronter son vécu dans un livre d’une puissance sans nom. On pleure, beaucoup, et on est envahi par la beauté d’un récit tragique. Plus qu’une grande BD, un livre important.

Jours de sable
d’Aimée de Jongh

Il n’y a pas d’autre expression que “tour de force” pour qualifier une œuvre qui invente une histoire pour parler d’un pan méconnu de l’histoire (la sécheresse qui a sévi dans plusieurs États américains en pleine Grande Dépression) et qui traite d’un médium précis (la photographie) en transformant le sien pour sublimer son récit. Cette BD a des planches à s’en décrocher la mâchoire de beauté, sait tantôt être haletante tantôt déchirante, sait jauger la bonne dose de dialogue et laisse vivre ses silences quand c’est nécessaire. Jours de sable est le plus beau tour de force de l’année, haut la main.

L’Entaille
d’Antoine Maillard

C’est toujours impressionnant quand une première œuvre (que l’on parle d’un livre, d’un film ou d’un album) est aussi réussie que détachée de ce qui se fait. L’Entaille est un slasher imbibé du cinéma d’horreur des années 1990, mais c’est plus que ça. La bande dessinée d’Antoine Maillard raconte l’enquête autour d’un tueur à la batte de baseball, dans un cadre en noir et blanc au travail de composition, de grain, de lumière et d’ombre qui rendrait jaloux n’importe quel artiste. Un coup d’éclat comme 2021 n’en a pas beaucoup vu.

L’Étreinte
de Jim et Laurent Bonneau

L’obsession. Le besoin de s’accrocher à un détail qui n’en est pas un. L’amour. La survie. Le silence. L’errance. La reconstruction sans l’être aimé. Jim et Laurent Bonneau n’ont pas seulement touché du doigt une histoire de couple dévastatrice, le duo a pondu une œuvre universelle à la beauté déconcertante. C’est simple : L’Étreinte est le livre qui nous a le plus fait pleurer cette année. Et pourtant, il y avait de la concurrence.

La Jeune Femme et la Mer
de Catherine Meurisse

Ce n’est une surprise pour personne, mais Meurisse est une grande autrice, importante dans l’environnement de la BD francophone. Si l’on avait besoin d’une nouvelle preuve, alors La Jeune Femme et la Mer confirme sans aucune difficulté cette affirmation. Derrière le récit d’un vrai faux voyage au Japon se cache une lettre d’amour envers un pays, une culture, une mythologie, et une réflexion sur la création.

La Part merveilleuse, volume 1 : Les Mains d’Orsay
de Ruppert & Mulot

Le duo le plus expérimental, touche-à-tout et adoré de la BD française est de retour avec une œuvre ambitieuse et expérimentale comme on les aime. Avec du fantastique dans un récit très réaliste, dans un monde où des créatures extraterrestres étranges font partie de notre quotidien, cette première partie de La Part merveilleuse est une des choses les plus originales et réjouissantes qu’on ait pu lire cette année – et de loin.

La Vie souterraine
de Camille Lavaud Benito

Le trait est fin et précis. L’histoire mêle des destins. On suit une bande d’artistes de la fin des années 1930 confrontés au nazisme et à l’Occupation. On peut imaginer des clichés, mais c’est mal connaître Camille Lavaud Benito. Cette artiste protéiforme use d’une pagination et d’une mise en page innovantes pour mieux casser les barrières des genres. Film, tableau, séance de sport ou encore appel radiophonique prennent une pleine page avec une facilité déconcertante.

Le Grand Vide
de Léa Murawiec

Réflexion sur la condition humaine dans une société obsédée par la célébrité et où l’anonymat est dangereux, la BD de Léa Murawiec est une claque visuelle et scénaristique, dans laquelle la mise en page, la pagination et le trait impressionnent page après page. Un grand album, malin, haletant et toujours juste.

Le long des ruines
de Jérémy Perrodeau

Jérémy Perrodeau surprend. Il raconte comment on peut, dans une société futuriste et via une technologie mise au point par Samuel F. Monroe, entrer dans la psyché d’une personne dans le coma. La mise en application est particulière. Convoqués par une riche famille dont la fille est malade, Monroe et la sœur de cette dernière plongent dans la tête de la jeune femme. Ses songes prennent la forme de grands paysages sublimes, et le bouquin devient alors un road trip, un thriller impressionnant par la profondeur de son récit et l’ampleur de ses décors. De la belle SF.

René·e aux bois dormants
d’Elene Usdin

Œuvre riche de plus de 250 pages (qui a demandé vingt ans de travail à la peintre Elene Usdin), qui parle autant de l’histoire des autochtones canadiens que d’identité, René·e aux bois dormants est une sorte de relecture d’Alice au Pays des merveilles qui marque au fer rouge. Hallucinée sans jamais être onirique gratuitement, fantasmagorique mais diablement réaliste, René·e est l’un des plus beaux opus de l’année.

Tunnels
de Rutu Modan

Après deux premiers albums multi-récompensés (le dernier, La Propriété, a eu le Prix spécial du jury d’Angoulême en 2013 et le prix Eisner, rien que ça), l’autrice et dessinatrice israélienne rompt son silence de huit ans avec une nouvelle BD. Sur fond d’archéologie et de recherches de l’Arche de l’alliance (un coffre biblique trouvé au cinéma par Indiana Jones, et qui se situerait dans ce récit quelque part sous la frontière israélienne et palestinienne), Modan use de sa malice pour pondre un récit loin de l’aventure qu’on pourrait imaginer. Il tend vers le tragicomique dense et malin sur fond de conflit israélo-palestinien, et fait tantôt sourire, tantôt froid dans le dos.