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Mais au fait, que sont les “défilés croisières” ?

Mais au fait, que sont les “défilés croisières” ?

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Par Manon Baeza

Publié le

Vous êtes largués par le calendrier des Fashion Weeks ? Vous avez l’impression que tous les quatre matins les marques défilent ? On vous rassure, c’est normal. Voilà maintenant qu’on nous parle des défilés “croisières”… mais que sont-ils ? On vous explique le pourquoi du comment.

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Entre Karl Lagerfeld qui faisait décoller une fusée pour Chanel en janvier dernier, Maria Grazia Chiuri qui transformait le jardin du musée Rodin en forêt romantique pour Dior, ou encore Fendi qui envahissait la muraille de Chine en 2007, les défilés de mode ne cessent de nous surprendre. Avec des décors, des lieux et des scénographies de plus en plus spectaculaires, cette industrie de rêve sait comment nous faire voyager.

Dans une société où la fast fashion dicte le rythme effréné de la mode, ces défilés croisières permettent d’apporter une certaine fraîcheur aux collections des grandes marques. Avec l’avènement des réseaux sociaux et la culture de l’immédiateté qu’ils ont engendrée,  les marques ne peuvent plus se permettre de ne laisser qu’une seule collection durant six mois dans leurs boutiques.

Les défilés croisières (aussi appelés défilés “cruise”, “resort”, “pre-spring” ou “pre-fall”) sont apparus dès les années 1920. Au départ, ces lignes intermédiaires ont été imaginées pour une clientèle aisée qui préférait partir vers des destinations ensoleillées en période hivernale. Ces collections croisières sont aujourd’hui présentées avant le retrait des collections automne-hiver et en anticipation des collections printemps-été présentées en janvier. En tant qu’avant-garde des Fashion Weeks estivales, ces défilés connaissent un réel essor depuis une quinzaine d’années.

Un gros enjeu économique

Ce renouvellement des collections créé une polémique dans la sphère de la mode. En effet, les collections féminines et masculines sont présentées séparément, deux fois par an : la collection printemps-été en septembre et l’automne-hiver en février pour les femmes, et en janvier et en juin pour les hommes. Ces défilés viennent donc s’immiscer dans un calendrier en constante mutation, qui ne cesse de se surcharger et de s’accélérer. Ils sont vivement critiqués par un grand nombre de directeurs artistiques, tels que Azzedine Alaïa ou Amélie Pichard, qui décident de défiler à leur rythme et donc “hors calendrier”. En résumé : plus  personne ne s’y retrouve, la cliente est submergée, les créateurs sont harassés et la presse déconcertée… Alors pourquoi les créateurs s’infligent-ils le rythme donné par les défilés croisières ?

Les défilés croisières sont réputés pour leur aspect grandiose et féerique. De nos jours, leur premier enjeu consiste avant tout à faire rêver le monde entier, à travers l’imaginaire de chaque marque. Une image d’industrie du rêve qui est constamment entretenue grâce aux réseaux sociaux. Ces défilés “cruise” reflètent à merveille l’un des plus gros paradoxes sociétaux actuel. En effet, destinés à une clientèle très restreinte, ils sont énormément mis en avant sur les réseaux sociaux, comme le soulève la journaliste Sophie Fontanel auprès du magazine Antidote. Une clientèle très fortunée qui vit très souvent dans des régions chaudes, telles que le Brésil, le Moyen-Orient ou l’Inde. C’est donc l’occasion pour les maisons de haute couture d’en mettre plein la vue au monde entier, tout en répondant à la demande de ces nouveaux riches très friands de mode et d’accessoires de luxe.

Selon le Journal du luxe, ces défilés croisières peuvent représenter jusqu’à 50 % du chiffre d’affaires annuel de certaines maisons. Un chiffre conséquent qui peut s’expliquer par le fait que ces collections peuvent rester jusqu’à huit mois en boutique, contrairement aux autres collections “classiques”. Les maisons de couture sont donc prêtes à mettre le prix pour impressionner au maximum leurs clientes, avec des défilés à plusieurs millions d’euros nous informe The Independent.

Des destinations et des lieux stratégiques

Pour fidéliser leur clientèle, rien n’est jamais trop grand pour les marques. Les lieux choisis sont savamment pensés, tant l’investissement est capital pour les marques. Les destinations permettent de mettre en avant l’opulence des marques et leur créativité. En 2016, Chanel investissait les rues de Cuba, tandis que Louis Vuitton faisait défiler ses mannequins au sensationnel musée Niterói, à côté de Rio de Janeiro. Cette année encore, les marques n’ont pas fini de nous surprendre.

Karl Lagerfeld, qui tient les rênes de Chanel depuis plus de 30 ans, souhaite cette année rendre hommage à Paris et a décidé de présenter ses modèles le 3 mai prochain au sein de la ville lumière, dans un lieu encore tenu secret mais qui, on en est sûrs, saura nous en mettre plein la vue. Miuccia Prada a elle aussi souhaité affirmer son héritage culturel, en défilant à Milan, le 7 mai prochain, au sein de l’iconique Galleria Vittorio Emanuele II.

La spectaculaire Galerie Palatine du palais Pitti, à Florence, accueillera le 29 mai le premier défilé présenté par l’extravagant et très talentueux Alessandro Michele, directeur artistique de Gucci. Ancienne demeure des Médicis, les dorures et les tableaux du  lieu sont à l’image du génie créatif d’Alessandro Michele, qui nourrit son travail de chefs-d’œuvre de la Renaissance. qui sauront parfaitement mettre en lumière la collection du très talentueux créateur italien. Pour sa part, Nicolas Ghesquière posera les malles de Louis Vuitton au Japon, le 14 mai prochain, dans un lieu encore tenu secret. Enfin, la nouvelle directrice artistique de Dior, Maria Grazia Chiuri, doit s’envoler à Los Angeles avec ses modèles pour sa première collection croisière.