“Non mais le .FLAC, c’est tellement supérieur en termes de qualité sonore.” Ça, c’est la phrase que vous pourriez entendre de la bouche d’un autodésigné audiophile. C’est une phrase pompeuse d’une personne qui ne jurerait que par des formats de fichiers audio non compressés, car oui, la plupart du temps, lorsqu’on enregistre une musique en studio, elle sera enregistrée au format .WAV, mais cela crée un fichier informatique tellement lourd qu’il est difficile de le partager facilement.
Alors en 1987, est créé le sacro-saint MP3, un codec de compression permettant de réduire l’étendue des pistes audio, réduisant ainsi la taille du fichier. “Au détriment de la qualité de son !”, vous diront ainsi les audiophiles qui préfèrent se référer à l’original fichier .WAV, voire au fichier .FLAC ou .AAC, un code de compression audio dit “sans perte” et principalement utilisé pour l’archivage audio et radiophonique.
Sauf que peu de gens semblent pouvoir faire la différence. En 2014, le magazine en ligne Gizmodo avait même créé un test et le résultat sur 380 participants montre que seuls 56 % avaient pu faire la différence entre un format “sans perte” et un soi-disant vulgaire MP3. Interrogé récemment par le magazine, Tony Churnside, consultant radio à la BBC et doctorant en audio explique :
“La compression est conçue pour éliminer toutes les données que les humains ne peuvent pas entendre correctement. Normalement, personne ne peut entendre ces détails qui sont rejetés, mais certaines personnes diront que c’est possible.”
Et puis, il y a la question des conditions d’écoute. Bon courage pour voir la différence au milieu du métro parisien entre un fichier .FLAC et un fichier .MP3. Ensuite si, comme les deux tiers des auditeurs, vous utilisez des écouteurs ou casques Bluetooth, le protocole va de toute façon compresser le son.
Le mythe de l’audio sans perte est tenace notamment parce qu’un fichier .MP3 est “léger” en termes de taille de fichier et donne donc l’impression d’une moindre qualité, mais en réalité c’est la qualité d’encodage et de compression du MP3 qui lui a valu ce succès et sa dominance sur le marché.
Peu de gens écoutent quotidiennement de la musique sur des fichiers aussi lourds. Il y a quelques années, Spotify s’était engagé à mettre des musiques en format non compressé, “sans perte”. Trois ans plus tard, aucune nouvelle de cet engagement, probablement parce que le coût qu’impliquent des fichiers aussi lourds à héberger et streamer est trop élevé.
Depuis 2021, Apple propose son format AAC dit “sans perte” mais surprise : il est quand même compressé, ce n’est pas du son pur. De toute façon, la compression enlève des fréquences inaudibles pour l’oreille humaine. Si vous souhaitez vraiment avoir la meilleure écoute possible, dirigez-vous vers des casques studios de haute qualité et des cartes son puissantes, mais vous pourrez toujours utiliser le fichier .MP3 qui est loin d’être un format désuet ou low cost.
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