Des scientifiques ont utilisé des vraies fourmis et Age of Empires pour expérimenter des stratégies militaires

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Des scientifiques ont utilisé des vraies fourmis et Age of Empires pour expérimenter des stratégies militaires

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Par Pierre Bazin

Publié le , modifié le

La nouvelle stratégie du rush fourmi semble porter ses fruits.

“La guerre, c’est une chose trop grave pour la confier à des militaires”, disait Clemenceau, mais à l’époque il n’avait pas de PC. Cela semble être en revanche le cas de trois chercheurs de l’université d’Australie occidentale qui se sont penchés sur des théories militaires datant du lendemain de la Première Guerre mondiale.

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L’idée était de tester empiriquement des stratégies militaires en les appliquant aux… fourmis. Ces combattants organisés à six pattes sont en effet de somptueux objets d’analyse pour comprendre les mouvements de groupe et les actions coordonnées, comme dans l’armée. Selon les théories, un petit groupe de soldats entraînés peut tirer profit d’un environnement complexe pour battre des troupes peu entraînées mais largement plus nombreuses.

Cette année, les trois scientifiques australiens ont décidé de tester ces stratégies empiriquement, malgré la difficulté qu’est de manipuler ainsi des hordes de fourmis. Mais la première étape de cette expérience s’est faite avec un étrange simulateur : Age of Empires II, le jeu de stratégie en temps réel (STR) sorti en 1997 sur PC.

Les chercheurs ont ainsi fait combattre des “chevaliers teutoniques”, unité la plus forte du jeu, contre des “épéistes à deux mains”, une unité relativement moyenne. Si, en tête-à-tête, la première unité bat la deuxième, le résultat s’inversait lorsque les épéistes étaient cinq fois plus nombreux – 9 contre 50 pour l’exemple. Ensuite, les chercheurs ont créé des environnements plus complexes et surprise : neuf chevaliers teutoniques étaient désormais capables de tenir tête à 70 épéistes.

La théorie était donc à nouveau vérifiée dans Age of Empires II. Il a fallu ensuite passer à la pratique avec les fourmis.

Fourmi Club

Les chercheurs ont pris deux espèces de fourmis : la fourmi d’Argentine, un insecte ravageur de deux millimètres capable de former d’immenses colonies, et donc armées. En face, la fourmi à viande australienne, ayant un rapport poids/taille 40 fois supérieur à leurs homologues d’Amérique du Sud, représentant donc les soldats expérimentés – les chevaliers teutoniques, vous suivez ?

Dans la réalité, sur de nombreux tests, les fourmis australiennes ne prenaient même pas la peine d’attaquer leurs petites congénères argentines. Parfois, il est arrivé que les petites tentent d’attaquer sans raison les plus grosses, mourant toutes dans l’affaire. Les chercheurs ont ensuite disposé des groupes de 20 fourmis à viande avec entre cinq et 200 fourmis argentines.

Le résultat était invariablement le même : 24 heures plus tard, toutes les fourmis argentines mouraient. Mais plus le nombre de fourmis argentines était élevé, plus il y avait de fourmis à viande tuées. De plus, dans un environnement complexe, les fourmis australiennes / chevaliers teutoniques / soldats expérimentés subissaient moins de pertes que dans un environnement simple.

“La complexité environnementale influence effectivement la relation entre la taille du groupe et la capacité de combat du groupe”, concluent les chercheurs. Cela semble confirmé les théories militaires émises au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Ce n’est pas une démonstration totale mais les chercheurs suggèrent qu’il peut être possible d’explorer davantage le sujet en testant avec d’autres espèces de fourmis, et en filmant en intégralité leurs combats.