Grâce à la polémique du “samouraï noir”, personne n’a râlé pour le personnage féminin d’Assassin’s Creed Shadows

Le racisme a devancé le sexisme

Grâce à la polémique du “samouraï noir”, personne n’a râlé pour le personnage féminin d’Assassin’s Creed Shadows

photo de profil

Par Pierre Bazin

Publié le

On ne sait toujours pas si on doit être heureux ou désespéré.

Il y a quelques semaines, l’annonce d’Assassin’s Creed Shadows a fait grand bruit. Malheureusement, ce n’est pas pour les bonnes raisons, car si la célèbre franchise de jeu vidéo éditée par Ubisoft a décidé de poser l’intrigue de sa nouvelle histoire dans le Japon féodal, c’est le personnage de Yasuke qui a cristallisé les critiques.

À voir aussi sur Konbini

Pour faire simple, des joueurs n’étaient pas contents que l’un des héros d’Assassin’s Creed Shadows soit un homme d’origine africaine. Pourtant, Yasuke a bel et bien existé et il a réellement servi le général et daimyo Nobunaga Oda au XVIe siècle. De plus, les jeux AC s’inspirent de l’Histoire et aiment particulièrement jouer avec, prêtant parfois des paroles et des actes fictifs à des personnages historiques (Léonard De Vinci, Cléopâtre, etc.). Yasuke, lui, souvent appelé le “samouraï noir”, est une figure connue dans la culture et la pop culture japonaise, ayant eu droit à de nombreux animes, mangas et séries dédiés ces dernières années.

De “ouin, ouin, un personnage noir ne peut être le perso principal d’un jeu au Japon” on est passés à “ouin, ouin, d’accord mais ce n’était pas vraiment un samouraï”. On vous a déjà expliqué pourquoi ce n’était pas un argument très recevable et que cela cache surtout le fait que des joueurs ne veulent pas incarner un personnage noir — mais ils ne sont pas racistes, ils sont justes soucieux de l’authenticité historique, attention.

Alléluia, les gamers ont oublié de critiquer les femmes

Lors du récent Ubisoft Forward, on a pu en voir un peu plus sur le gameplay d’Assassin’s Creed Shadows, ce qui est tout de même beaucoup plus intéressant qu’une polémique à deux balles quand on parle de jeu vidéo. L’occasion de voir non pas un mais deux playstyles puisqu’on incarnera deux personnages principaux dans cet épisode : le samouraï Yasuke et la shinobi Naoe. Le premier est plutôt dans le style “bourrin” tandis que l’autre favorise le jeu d’infiltration et d’assassinat discret.

C’est après le visionnage de cet extrait que je me suis rendu compte de quelque chose : personne n’a critiqué le fait qu’on allait obligatoirement jouer une femme dans un jeu vidéo.

Comprenez bien : les personnages féminins dans Assassin’s Creed, c’est une longue bataille. Il y a bien l’épisode Liberation (2012) où l’on incarnait Aveline de Grandpré mais c’est un épisode “spin-off” pas inclus dans la franchise principale. Dans Assassin’s Creed Syndicate (2015), on incarne les jumeaux Frye (dont Evie, qui est une femme), ce qui semble s’approcher un peu plus de la configuration “double personnages” de Shadows.

Ensuite, il faudra attendre Odyssey (2018) et le passage d’Assassin’s Creed dans un registre plus RPG pour avoir le choix entre un personnage féminin (Kassandra) ou masculin (Alexios). Cela sera de même pour l’épisode d’après Valhalla (2020) où l’on incarne Eivor en homme ou en femme.

Avec tout cela, il faut rappeler que les gamers n’ont pas toujours été enclins à incarner des femmes — même si Tomb Raider date de 1996. Par exemple, des joueurs se sont plaints de la présence de personnages féminins dans Battlefield V en 2018. Mais rassurez-vous, c’est toujours le cas aujourd’hui ! Certains ne veulent pas être “forcés” à incarner une femme parmi les deux personnages principaux du futur GTA VI et d’autres sont déçus que l’héroïne du futur jeu Fable ne soit pas assez “belle”.

Pourtant, Assassin’s Creed Shadows va forcer les joueurs à incarner une femme japonaise, ce sera même obligatoire pour tout ce qui est le gameplay purement “assassinat”. Peu de critiques se sont élevées à ce niveau. Dans le meilleur des mondes, on espère que les derniers irréductibles gamers sexistes ont enfin réussi à tourner la page ou alors c’est juste qu’ils étaient trop occupés à critiquer le choix d’un personnage noir…

Bref, on ne sait pas trop sur quel pied danser.