Ce week-end, des joueurs ont refusé de porter un maillot avec un flocage arc-en-ciel destiné à la lutte contre l’homophobie

Ce week-end, des joueurs ont refusé de porter un maillot avec un flocage arc-en-ciel destiné à la lutte contre l’homophobie

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Photo by CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

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Par Benjamin Mangot

Publié le

La rencontre entre Toulouse et Nantes a notamment été marquée par les absences, aux relents homophobes, de certains joueurs.

Dans le football français, le mois de mai rime avec lutte pour les places européennes, pour le titre ou encore pour le maintien, mais aussi, depuis quelques années, pour la lutte contre l’homophobie avec une campagne en marge de la journée mondiale contre l’homophobie, qui aura lieu de 17 mai. Comme depuis trois ans, cela passe par une campagne numérique, avec des messages prônant la tolérance, mais aussi sur le terrain avec notamment des flocages arc-en-ciel.

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L’année dernière, le joueur du PSG Idrissa Gueye avait provoqué un tollé en refusant de porter ce maillot au flocage multicolore. Cette année, c’est littéralement un groupe de joueurs du Toulouse FC, ainsi qu’un joueur du FC Nantes (Mostafa Mohamed) et de Guingamp (Donatien Gomis), qui ont déclaré forfait avant les rencontres du week-end afin de ne pas porter ce maillot. Ces refus de se positionner en soutien de la lutte contre l’homophobie, sonnent, par prolongation, comme des positionnements ouvertement homophobes de la part de ces joueurs.

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Du côté de Toulouse, c’est le quotidien La Dépêche qui a découvert le pot aux roses en révélant que les joueurs Zakaria Aboukhlal, Moussa Diarra, Saïd Hamulic, Farès Chaïbi et Logan Costa (les deux derniers cités étaient finalement présents sur le banc face à Nantes) avaient fait “part à leur entraîneur de leur souhait de ne pas prendre part à la rencontre” afin de ne pas “être associés à l’initiative de la Ligue”.

De son côté, le club toulousain a réagi dans un communiqué, ce dimanche, en affirmant que “des joueurs de l’effectif professionnel ont exprimé leur désaccord concernant l’association de leur image aux couleurs arc-en-ciel représentant le mouvement LGBT”. Il y est aussi précisé que, malgré “de nombreux échanges”, le TFC “a choisi d’écarter lesdits joueurs pour la rencontre”, sans préciser si des sanctions allaient être retenues contre ces joueurs.

L’un des joueurs phare de Toulouse, Zakaria Aboukhlal, s’est exprimé sur son refus de prendre part à cette rencontre et de porter ce maillot. Dans la foulée du match, il a publié sur ses réseaux un message lunaire prônant le “respect”, ainsi que sa “grande estime pour chaque individu, quels que soient ses préférences personnelles, son sexe, sa religion ou ses origines”, tout en affirmant ne pas penser être “la personne la plus appropriée pour participer à cette campagne”.

Un pas en avant, deux pas en arrière ?

Si de nombreuses personnalités publiques ont pris la parole pour dénoncer ces refus, à l’image de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, sur France 3, qui regrette “qu’on n’ait pas 100 % des joueurs en France qui se retrouvent dans ce message de non-discrimination”, appelant à des sanctions pour les joueurs refusant de porter ou de s’associer à ces campagnes. Le porte-parole du collectif Rouge Direct, contre l’homophobie dans le sport, s’est exprimé sur Franceinfo en fustigeant la Ligue de Football Professionnelle : “Il faut que la LFP et les clubs soient très clairs sur ce que représente le fait de ne pas porter ce maillot. Pourquoi la LFP ne sanctionne pas l’homophobie ?

Malgré tout, certains entraîneurs de Ligue 1 ont tout de même soutenu les positions des joueurs concernés en conférence de presse d’après-match. C’est le cas d’Éric Roy, l’entraîneur de Brest, qui a affirmé que porter un flocage multicolore pouvait “être un problème pour certains joueurs” et que “c’est bien que la Ligue s’engage, même si je pense qu’elle doit s’occuper du football”, comme si l’homophobie s’arrêtait aux portes du football comme le nuage de Tchernobyl aux frontières de la France.

C’est aussi le cas de Bruno Génésio, l’entraîneur de Rennes, qui a affirmé ne pas être “certain que ce soit nécessaire de faire une journée contre l’homophobie”. “Je pense qu’on a tous conscience de ça et que ce n’est pas la peine de vouloir afficher tout le temps”, ajoute-t-il. Il semblerait, pourtant, que les refus catégoriques de plusieurs joueurs professionnels de porter ce maillot suffisent à mettre à bas leur argumentaire.