Comment j’ai infiltré les loges du GP Explorer (avant de me faire virer)

Vroum vroum

Comment j’ai infiltré les loges du GP Explorer (avant de me faire virer)

Image :

© Instagram – Squeezie

photo de profil

Par Damien Garcia

Publié le

"Je vais vous demander de quitter la salle s’il vous plaît."

22 697 pas, soit environ 14 kilomètres : c’est le bilan de ma journée (pleine de rebondissements) au GP Explorer. Et cette journée a bien failli ne jamais commencer… Reprenons depuis le début : j’ai rendez-vous à 6 heures devant le siège de Schott NYC (la marque partenaire de l’événement, qui m’invite). Précautionneux, j’ai évidemment réservé un Uber la veille. Surprise au réveil : il a annulé la commande.

À voir aussi sur Konbini

Je réussis finalement à monter dans un taxi aux alentours de 6 heures (heure du rendez-vous, je le rappelle). Par miracle, j’arrive devant chez Schott NYC deux minutes avant qu’ils ne décident de mettre fin à cette attente interminable et de partir sans moi. Évidemment, je m’excuse, monte dans le minibus, et après 3 heures et 30 minutes de trajet sous une clim polaire, me voilà enfin dans l’enceinte du circuit Bugatti.

© Konbini

Il n’est que 10 heures et il fait déjà très, très chaud. Dire que bientôt, il fera dix degrés de plus… Comme il y a beaucoup de monde et que je ne veux pas rater les qualifications prévues à 14 heures, je décide de me fixer des objectifs simples : trouver un point d’eau pour remplir ma gourde, charger mon téléphone, faire pipi, acheter à manger et retourner sur la ligne d’arrivée pour trouver une place à l’ombre.

À 12 h 45, je termine ma barquette frites-merguez (ne me jugez pas, c’est le seul stand où la queue était à l’ombre). Voilà que j’ai presque accompli toutes mes tâches. Il ne me reste plus qu’à me rendre sur la ligne d’arrivée pour trouver mon précieux siège à l’ombre. Là-bas, on voit tout, c’est le belvédère du GP explorer. Départ, arrivée, écrans géants, paddock, rien ne nous échappe. Alors forcément, venir une heure avant et espérer trouver un siège, c’était naïf. Des gradins aux marches, il n’y a plus une place qui m’assure de ne pas faire de malaise.

Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se lever

Je repars en quête d’un coin de circuit où la piste serait assez visible et les conditions acceptables, mais impossible, tout est déjà pris, et la chaleur commence vraiment à être insupportable. Je sais que c’est propre aux événements de sport automobile, mais rendez-vous compte : il y a 62 000 personnes pour 15 000 places, dont à peine quelques milliers à l’ombre. Ajoutez à cela qu’il y a très peu d’écrans géants, c’est donc quasiment impossible de suivre les qualifications, puisque le réseau internet est trop saturé pour charger un stream Twitch.

Je vais m’allonger à l’ombre sous un arbre pour réfléchir. Et là, miracle. Je reçois un appel d’un de mes collègues sur place qui se trouve dans les loges. Il m’explique qu’un autre collègue n’a pas eu besoin de sa place pour rentrer et que je pourrais donc l’utiliser. Ni une ni deux, je fonce vers le bâtiment des loges, et là, le paradis : climatisation, bouteilles d’eau gratuites, petits fours, stars… et surtout, vue imprenable sur le paddock et la ligne d’arrivée.

Chargement du twitt...

Mon GP Explorer en une image, ce serait le cliché qu’on a tous eu dans nos manuels de géographie, celui des favelas qui entourent un hôtel 5 étoiles. J’ai vécu le même contraste pendant l’événement. Et croyez-moi, les favelas ne sont jamais bien loin…

Heureux de mon nouveau statut de spectateur privilégié, je suis quand même un peu gêné et ose timidement toucher aux précieux mets. Enfin, ça n’a pas duré longtemps, car plus le temps passe et plus je me prends au jeu : je deviens un véritable pique-assiette.

Chaque sponsor d’écurie a une loge attitrée, et je finis par (presque) toutes les visiter. Cocktails, cheesecakes, crêpes, toutes ont ce petit truc en plus qui les rend uniques. Il y en avait même une avec de la moquette, mais celle-là, je n’ai pas osé la visiter.

© Konbini

Après m’être régalé aussi bien sur le plan sportif que gustatif vient enfin l’heure de la course. Je reprends ma place au niveau de la fenêtre, prêt à savourer le main event. Mais juste après que le départ est donné, quelqu’un me tape sur l’épaule. Je me retourne et entends : “Monsieur, je suis désolé, jusqu’à présent ça ne me posait pas de problème que vous restiez ici, mais cette loge est réservée aux personnes invitées par la marque, je vais donc vous demander de bien vouloir partir.”

Ah… Un peu humiliant, je l’avoue. Mais j’accepte mon sort. Visiblement, je ne suis pas le seul dans ce cas-là, puisque au vu du monde dans les couloirs, bien des loges ont dû faire le ménage. Un peu dégoûté, je retourne dans les favelas l’enceinte principale et j’essaie d’attraper des morceaux de la course à droite et à gauche. Mais où que j’aille, c’est bondé. Et pourtant, malgré le monde, l’attente, la chaleur, la sueur, le peu de visibilité, les bouteilles d’eau à 3 euros, je croise des rires, des sourires, des accolades, bref, des gens heureux, et c’est peut-être ça le plus important.