Dans les coulisses de la création des costumes de Paris 2024, imaginés par Daphné Bürki

Dans les coulisses de la création des costumes de Paris 2024, imaginés par Daphné Bürki

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Photo by BERTRAND GUAY / AFP

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

"On est en train de créer les plus grandes fêtes au monde."

Chaque costume est “unique”, “raconte une histoire” et sera recyclé après les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) : dans un atelier de Seine-Saint-Denis, à un mois de l’événement, une vingtaine de costumières et de modistes s’activent pour terminer leurs créations, qui mêlent Histoire, sport et “flamboyance”.

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Dans le hangar du nord de Paris, où sont installés machines à coudre, tables de travail et rouleaux de tissus, une cheffe d’atelier découpe un drap de laine, sa voisine termine un patron, tandis qu’un modiste confectionne une coiffe. Sur des portants se devinent des costumes mais ils sont recouverts d’une bâche, pour préserver l’effet de surprise le jour des cérémonies des JOP. “On est en train de créer les plus grandes fêtes au monde”, s’enthousiasme Daphné Bürki, 44 ans, directrice stylisme et costumes, devant quelques journalistes, dont l’AFP.

Au total, quatre shows sont prévus, dont le premier se tiendra le 26 juillet des deux côtés de la Seine et sur ses ponts, sur sept kilomètres. L’ouverture des paralympiques (28 août) aura lieu place de la Concorde.

Son inspiration ? Secret oblige, celle qui est également journaliste et animatrice télé esquive. Tout juste évoque-t-elle “le mélange”. “Un mélange de styles”, un “mélange” de matières premières avec “de la création pure, du vintage, de la seconde main, beaucoup de vêtements recyclés, qui ont eu une vie avant et auront une vie après”. “Un mélange de générations” aussi au sein de la quinzaine de créateurs avec lesquels les organisateurs de Paris 2024 collaborent, ajoute Daphné Bürki, qui a débuté sa carrière en tant que styliste pour la maison Dior, aux côtés de John Galliano. Il s’agit de créateurs français et européens, “tous inclusifs, qui prônent une mode pour tous, où il n’y a pas d’âge, pas de morphologie”, dit-elle.

Au total, quelque 500 personnes, réparties au sein d’une vingtaine d’ateliers en France, “auront travaillé sur le projet costumes, coiffage et maquillage”, indique Olivier Bériot, son associé, créateur et costumier, pour habiller et coiffer les 3 000 artistes, danseurs, chanteurs et performeurs recrutés. Le 26 juillet, 200 habilleurs et 288 coiffeurs et maquilleurs seront présents tout au long de la Seine, afin que tous soient “parfaitement dans les temps”.

“Sur mesure”

“Vous allez voir 3 000 silhouettes uniques”, souligne Daphné Bürki, qui assure qu’il n’y aura pas deux costumes identiques. “Chaque vêtement raconte une histoire”, “ce sera comme une chasse au trésor”. Autre croisement voulu : “L’univers vestimentaire du sport, qui va rencontrer le costume historique, le costume de flamboyance, de gala, de strass”, avance Thomas Jolly, directeur artistique des JOP.

Concrètement, “on a croisé un pourpoint [vêtement d’homme utilisé au Moyen Âge jusqu’à la Renaissance, ndlr] avec un survêtement“, raconte Olivier Bériot, en montrant un modèle enfilé sur le buste d’un mannequin, coupé dans des tissus “Néoprène et coton stretch”. “Ça fait référence à l’escrime et à l’histoire du costume. On a joué avec toutes les formes historiques [du vêtement, ndlr] et on les a mélangées avec des matériaux d’aujourd’hui.” Deux maisons de couture, Dior et Louis Vuitton – également sponsors – s’occupent d’habiller “quelques silhouettes”, indiquent les organisateurs.

Dans l’atelier, Roberta Oakey, 59 ans, ancienne costumière de l’Opéra de Paris, se concentre sur un patron. Elle a la charge particulière d’un costume pour danseur, auquel elle doit “donner le maximum de mouvement”. “Tout est fait sur mesure”, fait-elle remarquer.

Corinne Pagé découpe un drap et y adjoint du tissu en thermos, qui permet “plus de tenue”. Costumière depuis 34 ans dans le théâtre, le music-hall et l’opéra, elle est arrivée il y a trois mois dans l’équipe. Elle détaille la construction d’un vêtement, qu’il faut parfois faire, redéfaire, remonter… “Mais on aime !”. Des cérémonies, elle ne voit qu’“un bout de la lorgnette”, mais elle croit savoir que “ce sera spectaculaire”.