En concert à Paris, Doja Cat prouve qu’elle est l’icône cunt qu’elle pense être

En concert à Paris, Doja Cat prouve qu’elle est l’icône cunt qu’elle pense être

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© ARTURO HOLMES / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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Par Mélissa Chevreuil

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Au menu : un body, des flammes, une seule phrase (mais en français) et une journaliste en susu (moi).

“J’ai le nez bouché, une douleur abominable à chaque fois que je déglutis et un début de fièvre mais c’est Doja. Je ne peux pas ne pas aller mieux.” Ce vendredi 21 juin, jour de la fête de la Musique, je ne suis pas au meilleur de ma forme et préviens par ce petit mais honnête message ma +1. La météo parisienne contrariée, aimant alterner pluie et fortes températures sans crier gare, a eu raison de moi. Mais l’effet placebo doit l’emporter. Ce soir, je vois Doja Cat pour la première fois, artiste que je suis approximativement depuis “MOOO!”, titre quasi expérimental et perché sorti en 2018.

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Depuis, j’ai saigné tous ses opus, galochant à pleine bouche l’explosion mainstream du premier confinement avec des titres certes pop mais bien Gucci comme “Say So”, “Cyber Sex” ou “Boss Bitch”. Quelques années plus tard, je suis toujours là, fidèle malgré quelques controverses, pas mal de blasphèmes et un virage toujours plus irrévérencieux, et je n’ai qu’une seule hâte : voir l’artiste en action dans le cadre de “The Scarlet Tour”.

Scarlet avant tout

La moitié de Paname semble être à l’Accor Arena ce soir-là malgré le nombre de fêtes organisées aux quatre coins de la capitale (au risque de me répéter, c’est la fête de la Musique). Je croise à peu près tous mes potes/connaissances fans de pop, rap, R&B. C’est sans doute le plus gros point fort de Doja Cat : sa palette rassemble. Et on aurait pu croire qu’elle se la jouerait diva et débarquerait une bonne heure en retard. Il n’en est rien. À 21 heures pétantes, l’Américaine débarque, croix au cou et body très échancré. Pas de bol pour celles et ceux qui n’ont pas révisé le dernier opus Scarlet, car c’est bien celui-ci et sa récente réédition que Doja Cat vient défendre. Le très technique “WYM Freestyle”, le furibond “Demons”, le sous-coté “MASC” ou encore le son idéal pour faire des bébés “Agora Hills” résonnent ainsi dans la salle parisienne, pleine à craquer.

Mais pas de panique pour les autres, qui s’accrochent comme à un doudou aux albums Planet Her ou Hot Pink. La chanteuse a également interprété “Need to Know”, “Get Into It” (coucou, Nicki Minaj, à qui est dédiée la track, et qui a foulé la même scène quelques semaines plus tôt) ou encore el famoso “Say So” (mais sans la choré TikTok, faut pas déconner non plus). Pas de chance pour la France (voire l’Europe ?), la star de la soirée a retiré deux de ses titres les plus plébiscités, à savoir le dansant “Woman” et le shoot de sérotonine (et hymne gay) “Kiss Me More”. Frustrant. Une voisine me dit également que les effets et décors ne sont pas exactement les mêmes qu’aux States : pas d’araignée géante – tant mieux pour les arachnophobes cela dit –, moins de jeux de lumière ou d’effets… A-t-on eu le droit à une version édulcorée, voire bâclée ?

@shellyjohnsson @Doja Cat - Paint the town in red in Paris #paintthetownred #live #thescarlettour #dojacat #accorarena #paris ♬ son original - Shelly

“Je suis excitée”

D’autres pointent en effet du doigt le manque de communication évident entre l’artiste et le public. Pas vraiment de moment discussion comme à l’accoutumée, de “ça va ?”, ou de vrai au revoir. Doja Cat ne nous aura offert, en tout et pour tout, qu’une seule phrase, mais en français s’il vous plaît : “Je suis excitée”. Cela tombe plutôt bien, car en dépit du manque de générosité côté small talk, nous aussi. Non, la chanteuse ne nous a pas beaucoup donné niveau bla-bla, mais on ne peut nier qu’elle a donné un show énervé et plus cunt que jamais. En une heure et trente minutes, jamais la diva ne s’est octroyée de pause. Si elle est parfois aidée par de l’autotune, elle chante et rappe sans interruption, se permettant quelques envolées qui prouvent l’authenticité du moment. Fière de son corps (et il y a de quoi !), elle le bouge au gré des morceaux, offrant des ondulations salvatrices.

@shellyjohnsson @Doja Cat - Wet Vagina in Paris #live #thescarlettour #fyp #dojacat #scarlet #paris ♬ son original - Shelly

Doja Cat, c’est un peu votre vieux médecin à la Dr House, finalement. Pas le plus rigolo ou le plus sympa, loin de là, mais purée, qu’est-ce qu’il vous soigne bien. Vous vous souvenez, en début de texte, je vous disais que j’étais au fond du trou côté santé ? Eh bien croyez-le ou pas, mais ce soir-là, je n’ai pas reniflé ou subi de migraine ne serait-ce qu’à une seule reprise. Doja Cat > Doliprane, et puis c’est tout.