J’ai emmené mon fils de 4 ans au meilleur match de Ligue 1 de l’année

Ahou

J’ai emmené mon fils de 4 ans au meilleur match de Ligue 1 de l’année

Image :

© Konbini

photo de profil

Par Lucie Bacon

Publié le

"C’est vraiment trooooop long ce matss."

Bon, mon titre est un peu mensonger, car on l’avait déjà emmené voir un joli Lille-Lens la saison dernière. Mais ça ne comptait pas. Un vrai premier match au stade, c’est un peu le premier match de l’équipe qu’on va décider de soutenir. Naïm, aka Ninou, a 4 ans, il vit à côté de Paris depuis sa naissance et va à l’école à quelques centaines de mètres… du Parc des Princes. Alors forcément, même s’il n’a jamais mis les pieds dans l’antre de l’équipe parisienne, c’est le PSG qu’il dit supporter et c’est Mbappé qu’il imite à la récré. Au grand désespoir de ses parents, qui sont pour Lyon… et le Stade Malherbe Caen.

À voir aussi sur Konbini

C’est moi qui suis pour Malherbe, et très franchement, je suis lucide : j’espère que mon fils ne supportera jamais cette équipe de malheur. Donc, forcément, son père tente de le rallier à son camp depuis des mois. Cet OL-Montpellier, un dimanche à 17 heures, tombait à pic : pas trop tard le soir, jour férié le lendemain, on prend trois billets en latéral et nous voici dans le tram T3 À 12 heures direction Décines.

Avant de retrouver des amis à OL Vallée pour déjeuner puis faire quelques activités autour du formidable outil, on a tout juste le temps d’emmener Ninou à la boutique encore déserte. Avant d’y rentrer, il avait une idée très précise de ce qu’il voulait : un maillot floqué… Mbappé. On lui explique que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne et que le monsieur du magasin risquait de refuser, et il jette finalement son dévolu sur un maillot rouge floqué Lacazette. Il est sûr de lui : “Non, pas un maillot blanc ; non pas mon prénom dans le dos”, c’est ce maillot rouge ou rien. Ça nous arrange, il est soldé.

Naïm, à droite, et son copain Gabin, en route pour le stade © Konbini

On déjeune un bon burger au Ninkasi, on enchaîne avec un bowling, et nous voici arrivés dans les tribunes à 17 heures pour la compo des équipes. On explique que les blancs, c’est Lyon, qu’ils doivent marquer dans le but à droite et que oui, oui, Montpellier en bleu, ce sont “les méssants”. Très franchement, on n’attend rien de ce match, on veut juste faire vivre à Ninou une belle expérience malgré la forme très peu olympique de l’Olympique en question.

Bon, je vais être honnête : passés les premiers chants et les premières accélérations, Ninou en a déjà marre : “C’est vraiment trooooop long ce matss”. Il reste environ 35 minutes, des bien-pensants vont hurler à la maltraitance, mais je m’en fous : je lui file mon téléphone et YouTube Kids en espérant être tranquille jusqu’à la mi-temps pendant que je me désole sur le niveau exécrable de Lepenant et Tagliafico.

Ouverture du score de Lyon, mais Montpellier mène 2-1 à la mi-temps, rien (encore) de dramatique mais Ninou glisse à son père : “Elle est nulle ton équipe”. Le Gone ne trouve rien à répondre : son fils a plutôt raison. On gagne du temps en allant choper du pop-corn et des chips à la buvette, ça occupe Ninou 15 bonnes minutes au retour des vestiaires, le temps pour Lyon de se reprendre deux buts. Bon 4-1, ça commence à craindre. Je me dis que les supporters vont commencer à se barrer, et tant mieux, ça sera moins galère pour rentrer en tram. En tribunes, entre la colère et la désolation, il se passe des choses, et ça occupe bien Naïm qui ne prête plus trop attention à YouTube Kids quand il entend les insultes fuser, évidemment.

Il n’y prête plus du tout attention quand tout s’accélère après le but de Lovren et que tout un stade se dit “Alors ? Peut-être ?”. Ninou demande le score toutes les trois minutes, le temps qui reste toutes les deux minutes. Égalisation de Lacazette à 10 minutes de la fin, le formidable outil est en feu. Il exulte quand Lacazette obtient un pénalty. Je prends Naïm dans les bras et lui explique le délire : “Là, si Lacazette la met dans le but, Lyon gagne !!” 

Et il l’a fait. Naïm hurle le nom de Lacazette avec le speaker au moment de la célébration, et je lui fais remarquer qu’il a vraiment choisi le bon maillot à la boutique. “Tu vois, tu ne voulais pas que je le prenne”, me rétorque du tac au tac celui qui voulait le matin même un flocage Mbappé. On le surprend quand même à chanter tout seul “Qui ne saute pas n’est pas Lyonnais” dans le tram au retour… Conversion réussie (on espère).