J’ai vu mon tout premier cabaret érotique et je sais enfin ce que je veux faire quand je serai grand

J’ai vu mon tout premier cabaret érotique et je sais enfin ce que je veux faire quand je serai grand

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© Fantasma Circus Erotica; Maxwell Aurelien James

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Par Flavio Sillitti

Publié le

Au Fantasma Circus Erotica, j’ai rencontré mon premier crush d’adolescence, François Sagat, et depuis je ne suis plus le même.

En tant que journaliste, il y a des invitations qui ne se refusent pas. Si j’ai souvent tendance à me laisser décourager par le tourbillon de mails d’attaché·e·s de presse qui tombent dans ma boîte mail, il y a des mots-clefs qui ne passent jamais à la trappe. Deux d’entre eux étant “François Sagat”. Imaginez-vous bien : j’ai 13 ans, début de mon éveil libidineux, je me perds sur les internets, et je tombe sur les muscles saillants et le crâne tatoué de l’acteur français pour adultes le plus en vogue. Depuis, il ne m’a jamais quitté.

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Alors, quand ma collègue m’apprend qu’il est l’une des stars du show cabaret Fantasma Circus Erotica, créé par Manon Savary et Marc Zaffuto, qui joue sa dernière représentation aux Folies Bergère de Paris, je ne peux refuser. Croyez-moi quand je vous dis que je le fais pour le petit Flavio de 13 ans, je lui dois bien ça. Bon allez, je le fais aussi pour le grand Flavio d’aujourd’hui, je ne peux pas mytho. Oups.

Je débarque aux Folies Bergère sans trop savoir à quoi m’attendre. Quand on entend “cabaret érotique”, un tas de choses nous passent par la tête : qu’est-ce qui s’y passe ? Est-ce qu’on finit à poil, nous aussi ? Les garçons sont nus également ? Je l’espère. Tant de questions qui ne tardent pas à trouver leurs réponses avant même le show. Rassemblé·e·s dans l’impressionnant hall de ce lieu mythique de la capitale, les spectateur·rice·s du soir se toisent poliment.

Certain·e·s assument le thème de la soirée, avec des porte-jarretelles ou accessoires en latex apparents, et d’autres se la jouent plus sainte-nitouche. Je fais partie de la deuxième catégorie, j’ai même décidé de me travestir en hétérosexuel lambda classique ce soir. Mais qu’importe l’accoutrement, on sait ce qui nous amène aujourd’hui aux Folies Bergère. Après tout, l’habit ne fait pas le coquin, et ce soir on est tous un peu coquin·e·s. Pas le temps d’admirer davantage la foule qui commence à s’entasser, une musique tambourine l’espace et un groupe de cinq créatures en latex débarque pour ouvrir le bal. Ça annonce la couleur, et elle sera rouge désir.

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On s’installe dans la salle, à la même rangée que le casting de la deuxième saison de Drag Race France. Leur copine Piche, autre candidate de l’émission, est sur scène ce soir et, forcément, ça nous réjouit tous et toutes. Les téléphones ne sont pas autorisés durant la représentation, et c’est tant mieux, ce serait dommage d’en perdre une miette. La musique se lance, le rideau se lève, et l’entrée est bluffante : des lumières stroboscopiques titillent nos rétines, presque autant que les corps qui se présentent devant nous, électrisés par le “Relax” de Frankie Goes to Hollywood.

Les numéros s’enchaînent, tous ponctués par des apparitions tordantes et magistrales de l’extravagante Allanah Starr, meneuse de revue du spectacle. Dans un franglais qui exhausse l’humour de l’ensemble, elle meuble et annonce les passages des talents du soir, du Fantasma Strip Club de Stessy (qui twerke comme personne) au strip-tease de Mimi sur Mylène Farmer et Juliette Gréco, en passant par le tableau ultra-dramatique de Jean-Biche, véritable visionnaire de la performance scénique, qui nous immerge au cœur du titre “I Want You” de Madonna et Massive Attack. Percutant.

Je ne peux m’empêcher de sourire, ni de me laisser émouvoir (dans tous les sens du terme) par ce qui se passe sur scène, à tel point que je ne remarque pas vraiment les va-et-vient incessants de ma collègue, qui finit par me dire qu’elle ne se sent pas bien et se tire de la salle, me laissant seul face à mes désirs, le reste du public, et surtout François Sagat. En vrai, elle avait juste un début de grippe, mais c’est plus dramatique de dire qu’elle est sortie parce que le show était trop hot — et il l’était.

On retient particulièrement une séquence de rasage intégral (vraiment intégral) de David Pereira, l’envoûtant numéro de cerceau de Julie Demont sur la musique “mary magdalene” de FKA Twigs, mais aussi son ballet saphique absolument captivant en duo avec Mimi sur le “Tear You Apart” de She Wants Revenge, qui nous rappelle évidemment la scène d’ouverture préférée de tout bon sériephile (ou homosexuel) qui se respecte, à savoir celle de la saison 5 d’American Horror Story avec Lady Gaga et Matt Bomer.

Évidemment, impossible de ne pas vous parler du numéro de François Sagat, qui partage avec David Pereira un numéro articulé autour du “dieu du porno”, sur un morceau des Scissor Sisters remixé par Boys Noize, incluant un numéro de suspension qui reste en tête et tout un tas d’allusions libidineuses qui me laissent à la fois pantois et envieux de les rejoindre sur scène.

En fin de show, avant le grand final, Allanah Starr troque son humour éternel pour livrer un message touchant, qui nous rappelle qu’au-delà des abdominaux, des corps suintants et des roulements de hanche hautement suggestifs, le vrai message du spectacle, c’est la liberté. Et il faut le dire, rien ne crie plus la liberté qu’une Marie-Antoinette décapitée, décorée d’un gode-ceinture, qui chante les Sex Pistols.

Le Fantasma Erotica Show sera de retour cet été aux Folies Bergère, du 18 juillet au 17 août. Et je ne peux vous conseiller que deux choses : ruez-vous sur les tickets, et portez du latex.