Ma déclaration d’amour à la plus belle salle de restaurant de Paris

C’est un secret qui n’en est plus vraiment un. En plein cœur du quartier de Pigalle et aux pieds de Montmartre, où la révolution culinaire et hôtelière a déjà fait son œuvre, il est un lieu que l’on ne s’empêche de citer parmi nos préférés : l’Hôtel Rochechouart. Si le lieu, métamorphosé il y a quelques années déjà, offre des chambres d’exception à des prix raisonnables, il vient aussi, et surtout, faire revivre l’âme d’un lieu unique, datant de la fin des années 1920. 

Dernier des grands hôtels parisiens dédiés à l’Art-déco, après le Lutetia et le Plaza Athénée, l’ancien Charleston devenu Carlton a aujourd’hui ressuscité sous la marque Orso. Mais ce qui a retenu notre attention dès les premiers jours de sa réouverture, et jusqu’à aujourd’hui, c’est sa salle de restaurant, planquée derrière une façade théâtrale et grandiloquente.

En puisant dans l’histoire, les plans et les documents anciens retrouvés dans les combles et les tiroirs du lieu, le brillant duo Festen lui a imaginé une suite, une renaissance et un nouveau souffle. “Toute l’histoire du Rochechouart s’est inspirée du rétro Art-déco de son ancien restaurant, de ses lignes géométriques et graphiques… Un charme légèrement désuet s’associant bien aux valeurs de l’hôtellerie classique”, disent-ils.

Il n’y a qu’à franchir la porte du restaurant, Maggie, pour comprendre pourquoi l’on parle de ce lieu, et de cette salle de restaurant, comme d’un coup de cœur. Parce qu’avoir étudié, fouillé et exploré les plans d’époque, le studio Festen lui a redonné vie et fait renaître son énergie séculaire. Dans la salle, toujours les mêmes arches sculpturales au pur style Art-déco et de grands miroirs. Le sol, lui, “gratté jusqu’à l’os”, fait rejaillir une mosaïque bleue d’origine, entièrement cerclée d’or. 

Dans la salle, les tables et les chaises ont été pensées sur-mesure, fabriquées en France et dans l’esprit du mobilier de l’époque. Des tables surmontées de nappes blanches, de grandes bougies, et d’une vaisselle marquée de ses nouveaux insignes. Héritage des grandes institutions parisiennes, on y retrouve également 180 ronds de serviette, tous uniques, chinés par Anouk et Louis Solanet, repreneurs du lieu et fondateurs de la marque hôtelière Orso.

À table, un esprit brasserie bien dans ses pompes, du poireau-vinaigrette à la cocotte de palourdes, de la sole meunière (notre coup de cœur) à un onglet de veau à la moutarde, de la mousse au chocolat gargantuesque au clafoutis qui mue selon les saisons. Le dimanche, gloire au poulet rôti/purée maison qui vient toquer à la fenêtre de nos souvenirs d’enfance, à marier avec l’île flottante de la maison, incontournable, des pruneaux à l’Armagnac comme dans les années 20, ou le désormais emblématique gâteau de crêpes façon Freddy Israël, ami historique de la maison. 

Pour vous convaincre de franchir la porte de ce morceau d’histoire de la capitale et d’aller y glisser votre nez pour apprécier la beauté d’une salle de restaurant comme on n’en fait plus, on pourrait vous sortir de jolies phrases et nous affairer sur des détails qui appuient sa superbe, mais on se contentera de vous demander de nous faire confiance. Promis, un dîner à la bougie, dans l’immensité de ce lieu à l’histoire séculaire – ou même seulement un cocktail au bar, ou un apéro sur leur tout aussi incroyable roof-top –, vaudra mille mots, voire bien plus encore.

Maggie à l’Hôtel Rochechouart
55 boulevard Marguerite de Rochechouart (Paris 9e)
Du mercredi au samedi – 19 heures/22 heures