On est allés pour la première fois au Crazy Horse (et franchement, on a kiffé)

On est allés pour la première fois au Crazy Horse (et franchement, on a kiffé)

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© AntoinePoupel @CrazyhOrseparis

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Par Mélissa Chevreuil

Publié le

Ou comment devant tant d’élégance j’ai laissé (parfois) parler la beauf qui sommeille en moi.

“Trop stylés les tétons au plafond, attends, je vais faire une story.” Il n’y a qu’au Crazy Horse que l’on peut entendre ça de manière mignonne, presque drôle et absolument pas lubrique et malaisante. Piquée par ma première fois devant un show cabaret (la parodie burlesque, beauf et sexy de Star Wars pour être plus exacte), il me tardait d’aller m’initier dans cette institution mythique prisée par les touristes (et pas que). Après tout, je reste une grande néophyte du genre. Et je ne suis pas déçue. Tout dans la décoration renvoie à la sensualité sans être gratuitement trash ou de mauvais goût. Mais qu’en sera-t-il du show ?

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Avec ma +1 Sagittaire toujours présente pour m’accompagner dans de nouvelles expériences — poke la partouze via LinkedIn, nous nous installons dans la salle, bien plus étroite que je ne l’imaginais. Enfin, c’est certes petit, mais bien fichu : nous ne sommes pas collés les uns aux autres, les tables sont espacées et qu’importe votre place, vous avez une belle vue sur la scène. Côté public, l’ambiance est, avant même ma première gorgée de champagne (de Champomy*, Maman), hyper-décontractée. Les gens se cherchent du regard, se toisent, se sourient. Sans se séduire, je tiens à le préciser. Ils sont juste heureux d’être dans ce temple de la nudité, au premier degré.

Agréable surprise, j’ai compté autant d’hommes que de femmes. Beaucoup sont des touristes venus du monde entier et qui débarquent par groupe de potes, l’œil déjà rieur. Mais je capte tout de même quelques couples de Français plus âgés et très bien habillés pour lesquels il s’agit sans doute de la soirée de l’année. De mon côté, pas de sac de luxe ou de robe de créateur. Juste un petit col roulé en cachemire et une paire de mocassins. J’ai l’impression d’être un homme hétéro qui peine à faire un effort en soirée mondaine alors que sa go a tout donné, mais ça me va.

Place aux vraies stars de la soirée

De toute façon, la star de la soirée, ce n’est pas moi, mais bien les danseuses, qui se succéderont sur des tableaux à la fois simples mais travaillés. Je préfère vous le dire d’emblée, n’imaginez rien de sexy, d’affriolant, d’émoustillant. Le show se veut très frenchie et, s’il offre bien des scènes de nudité, il s’agit avant tout ici de charme, d’élégance et de sensualité. Au programme, pas moins de 20 tableaux sur plus d’une heure trente qui s’enchaînent avec fluidité. Comme le disent souvent les voix off de JT un peu désuets, c’est un mélange de “tradition et de modernité”. Les corps nus se voient habillés par des robes faites d’effets de lumière. C’est sans fioriture mais ça fait largement le travail. Les danseuses sourient sans forcer, cherchent chaque spectatrice et spectateur du regard. J’ai un eye contact, une fois, puis deux. Je me sens spéciale, souris bêtement comme une ado de quatorze ans et prends sur moi pour conserver un semblant d’objectivité journalistique.

Un tableau de groupe du Crazy Horse @MichelDierickx

La beauf qui dort en moi

Il y a des moments en collectif, en solo ou en duo. Hélas, les morceaux choisis ne sont pas trop mon style. Oui, je sais, je ne suis personne pour dire ça, mais je trouve la bande-son un peu molle, trop facile. Remettez-moi une reprise de “Toxic” de Britney Spears qu’on entend absolument dans chaque spectacle de ce genre et je pète mon crâne. Tout ça n’empêche pas les performances d’être très dynamiques. Parmi mes favorites, le duo aux accents saphiques “Striptease-moi” avec Ginger Knockout et Frida Whirlwind, qui, comme le nom du show l’entend, laisse les filles se désaper au gré des notes. “But I am a good girl” de Nini Pompéi est aussi d’un tout autre niveau, tant la danseuse se déploie, littéralement. Sa souplesse me laisse pantoise et réveille la beauf qui dort en moi. Je me mets ainsi à chuchoter “Elle, elle envoie” en tapant ma voisine du coude comme si j’étais un habitué de PMU. Pardonnez-moi. Enfin, avec ma partenaire de crime, nous avons aussi beaucoup apprécié l’intervention de l’artiste invité, Robert Muraine. Car oui, il y a aussi des mecs dans le spectacle !

Point regrettable, la proposition masculine se veut plus drôle qu’autre chose. J’aurais aimé un petit moment à la Magic Mike. Ça n’arrivera pas. L’artiste, présent jusqu’en février au Crazy Horse, est drôle, fort en mimiques et semble pouvoir faire ce qu’il veut de ses articulations. Son style est plutôt funk et franchement, je n’aurais rien misé en le voyant débarquer avec ses facéties à la Jim Carrey. J’avais tort, le mec dead ça et se contorsionne avec aisance tout en mettant le public, jusqu’ici bien silencieux, en feu. Il est toutefois toujours regrettable de voir que quand les femmes proposent un spectacle sensuel, les hommes, eux, sont figés au rang d’ambianceur ou de respiration comique. Mais peut-être que je chipote un peu. Reste que je ressors du show avec comme une évidence, un mantra : qu’est-ce que j’aime les femmes.