En plus de nous avoir grandement déçus sur le plan du jeu, cet Euro 2024 nous a aussi ramenés dans le pire endroit pour suivre un match de football. Je parle bien sûr du bar. C’est une tradition : à chaque grande compétition, et encore plus quand la France est en lice, les gens se retrouvent dans un troquet pour regarder la rencontre. Pour la première fois depuis six ans et la Coupe du monde 2018, j’ai remis ce mardi les pieds dans ce genre d’établissement pour la demi-finale entre la France et l’Espagne. Comme je pouvais m’y attendre, la soirée ne m’a pas réconcilié avec les lieux, et cela n’a rien à voir avec le terrible match des Bleus. Pire encore, cela a confirmé que le bar était le pire endroit pour regarder du foot.
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Une galère à organiser
La promesse initiale était de se retrouver entre confrères et consœurs après le travail pour célébrer le retour au bureau de l’un des nôtres. Le match n’était qu’un prétexte. Ça a suffi à me convaincre de me retrouver au milieu d’inconnus plutôt que chez moi sans personne autour pour me crier dans les oreilles. Premier constat et premier argument en défaveur des matches au bar : c’est une galère organisationnelle sans nom.
Sur le papier, ça paraît simple à mettre en place, une soirée foot au bar, mais dans les faits, c’est aussi dur qu’organiser des vacances entre potes. Entre ceux qui ne confirment pas et ne viennent pas, ceux qui ne confirment pas mais viennent en mode surprise, ceux non attendus qui débarquent en mode surprise et ceux qui confirment mais ne viennent pas, il y a de quoi briser des amitiés ou des relations de travail. D’autant plus que, pour les ponctuels et les prévoyants — c’est-à-dire ceux arrivés trois heures avant le coup d’envoi — il faut bloquer les places et se battre pour les garder coûte que coûte face au forcing de la foule.
Table renversée et avis catastrophiques
Une fois le groupe (presque) au complet et le bar rempli jusque sur la chaussée, une nouvelle problématique se présente. Les gens. Regarder un match de la France ou n’importe quelle rencontre sur la terrasse (ou à l’intérieur) d’un pub, c’est se confronter aux comportements des autres, à leur ivresse et à leurs avis non sollicités sur le foot. Je pense à ce supporter des Bleus assis devant nous qui, sur le but de Randal Kolo Muani, a renversé notre table et tout ce qu’il y avait dessus ; je revois encore, une autre fois, un gars faire couler sa bière sur moi ; je réentends aussi des grandes réflexions sur la qualité d’un joueur qui réalise pourtant un match monstrueux. Autant de sollicitations cognitives et sensorielles dont j’aurais pu me passer.
Je ne parle même pas des conditions de visionnage pas toujours optimales, de l’inconfort, du coût d’une telle soirée ou des dérives qu’il peut y avoir dues aux litres d’alcool qui coulent. Dire que j’aurais pu être tellement mieux chez moi, chez des amis ou de la famille, dans un cadre maîtrisé et entouré uniquement de personnes connues, à consommer des aliments et de la boisson à un prix raisonnable. Au lieu de ça, j’ai fini dans un bar pour le retour d’un collègue, et il n’a même pas pu venir.