Quels sont les plus gros scandales qui ont ébranlé l’histoire du foot ?

Quels sont les plus gros scandales qui ont ébranlé l’histoire du foot ?

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© Photo by JACQUES DEMARTHON / AFP

Alors que le Barça a été inculpé par la justice espagnole en mars dernier, retour sur les scandales qui ont le plus secoué la planète foot ces dernières années.

Le foot et ses affaires, c’est une histoire presque sans fin qui traverse les époques. Et même les plus grandes institutions de ce sport, prétendument les plus sérieuses, exemplaires et transparentes, semblent ne pas pouvoir y échapper. Depuis quelques semaines, c’est l’un des clubs les plus populaires du monde, le FC Barcelone, qui navigue en pleine zone de turbulences après la révélation du versement entre 2001 et 2018 d’importantes sommes d’argent de la part du club à l’intention de José Maria Enriquez Negreira, alors numéro deux du comité technique arbitral du foot espagnol. Suite à ces révélations, le club catalan a été inculpé pour “corruption”, “abus de confiance” et “faux en écriture de commerce” en tant que personne morale, ainsi que deux de ses anciens présidents, Sandro Rosell et Josep Maria Bartomeu.

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Si la culpabilité du club barcelonais et de ses dirigeants n’est pas encore formellement établie, tout comme le fait de corruption, et ce, malgré des éléments à charge qui s’accumulent au fil des jours, cette affaire s’inscrit dans la lignée d’autres de plus ou moins grande envergure, dont nous dressons ci-dessous une liste non exhaustive en guise de rappel.

Le Calciopoli

C’est en mai 2006, alors que la Squadra Azzura est en pleins préparatifs pour le Mondial allemand, qu’éclate l’affaire qui va secouer le foot italien pendant près de dix ans. Ce sont des conversations téléphoniques révélées par la Gazzetta dello Sport et le Corriere dello Sport entre Luciano Moggi, alors directeur général de la Juventus, et Pierluigi Pairetto, ancien arbitre et alors chargé de la désignation des arbitres par la fédération italienne, qui vont semer le doute sur ce que pourrait être l’emprise du dirigeant turinois et de son club sur l’ensemble du football italien. Ces échanges, s’ils ne sont pas foncièrement proscrits, jettent le discrédit sur l’intégrité morale du foot italien, et l’affaire, qui avait pourtant été classée un an auparavant, trouve alors un écho important au sein de l’opinion publique. Cela pousse la commission de discipline du football italien à se saisir du dossier pour établir, entre autres, si des faits de corruption ou de fraude sont avérés ou pas.

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Après seulement quelques semaines d’enquête, le verdict tombe, et alors que plusieurs responsables sportifs, dont Moggi, sont inculpés et suspendus par le parquet, la justice sportive, elle, sanctionne plusieurs clubs italiens (Lazio, AC Milan, Fiorentina, Reggina, Juventus) pour leur implication. La Juventus, directement reléguée en Serie B, est la plus lourdement touchée. Il faudra attendre 2015 pour que ce procès tentaculaire prenne fin, et ce, sans avoir totalement dissipé de nombreuses zones d’ombre. Alors que certains, comme l’Inter Milan, bénéficient in extremis de la prescription, la Juventus sera, elle, acquittée, faute de preuves. Mais pas Moggi qui, malgré un dossier nourri de milliers d’écoutes censées le disculper, sera radié à vie par la justice de toute activité liée au football.

Le Totonero

Il faut imaginer la scène, en ce jour de mars 1980, pour mesurer l’impact de cette affaire : alors que s’achèvent à peine les matches de la 24e journée de Serie A, la police fait irruption sur de nombreux stades pour procéder à l’arrestation en direct à la télévision de plusieurs joueurs et dirigeants alors soupçonnés d’être impliqués dans ce qui sera le premier scandale de cette nature en Italie, le Totonero.

Au centre de cette affaire, les paris sportifs et le flou juridique qui entoure alors cette pratique et qui pousse même, à l’époque, certains joueurs à parier directement sur le résultat de leur équipe. C’est ce flou sur lequel vont s’appuyer deux hommes, Alvaro Trinca et Massimo Cruciani, pour monter un vaste stratagème consistant à accorder les parieurs et les footballeurs pour orienter les résultats des matches, encaisser puis répartir les gains des paris entre tous ces acteurs. Un deal gagnant pour toutes les parties… jusqu’au jour où, après plusieurs “ratés” et une dette devenue ingérable, le duo Trinca-Cruciani décide d’aller se dénoncer directement aux autorités et de faire tomber tout le système et les hommes qui vont avec. Relégués en Serie B, la Lazio et l’AC Milan sont les plus lourdement sanctionnés par la justice sportive.

L’affaire OM-Valenciennes

“Monsieur l’arbitre, je viens porter réclamation. Je vous informe que le match a été acheté.” Cette phrase prononcée par le joueur de Valenciennes Jacques Glassmann à l’intention de l’arbitre Jean-Marie Véniel à la mi-temps du match VA-OM en mai 1993 constitue le point de départ de l’affaire de corruption la plus embarrassante et la plus célèbre de l’histoire du football français.

Glassmann ainsi que deux coéquipiers (Jorge Burruchaga et Christophe Robert) ont en effet été contactés la veille du match par un joueur marseillais, Jean-Jacques Eydelie, en se voyant proposer une importante somme d’argent s’ils acceptaient de “lever le pied”, Eydelie relayant lui-même une demande du directeur général de l’OM, Jean-Pierre Bernès. Pour rappel, en cas de victoire dans le Nord, l’OM avait la possibilité de valider son titre de champion de France quelques jours avant son départ pour Munich où il devait affronter l’AC Milan en finale de la Ligue des champions. L’objectif de cette manœuvre, de l’aveu même de Bernard Tapie quelques années plus tard, était alors “d’être certains d’avoir tous [les] titulaires intacts [pour la Ligue des champions]. Nous ne pouvions pas nous permettre de répéter l’erreur de la finale de Bari où deux joueurs étaient absents [finale perdue en 1991 par l’OM contre l’Étoile rouge de Belgrade].

Il faudra attendre l’été pour que la dimension juridique éclipse l’euphorie de la victoire en C1 dans le paysage médiatique français. Après plusieurs perquisitions et mises en examen, l’OM est exclu en septembre 1993 de la Ligue des champions, de la Supercoupe d’Europe et de la Coupe intercontinentale. Quelques semaines plus tard, son titre de champion 93 est suspendu et le club finit par être rétrogradé en deuxième division. Quant à son président Bernard Tapie, qui s’était déjà vu retirer sa licence de dirigeant, il est condamné en 1996 pour corruption et subornation de témoins à deux ans de prison, dont huit mois ferme.

Le Fifagate

Racket, fraude, corruption, évasion fiscale, blanchiment d’argent, achat de voix comptant pour l’attribution de grandes compétitions, attribution illégale de droits TV et autres contrats marketing… L’affaire du Fifagate qui éclate en 2015 figure en très bonne place parmi les plus gros scandales de l’histoire du sport tant elle mêle des considérations éthiques, financières, institutionnelles et parce qu’elle a impliqué des dirigeants des quatre coins du monde avec au total plus de cinquante personnes physiques et morales poursuivies à travers vingt pays. Un véritable système mafieux, révélé puis démantelé par le FBI, qui s’est pour cela appuyé sur l’un des membres d’alors du comité exécutif de la FIFA, Chuck Blazer, épinglé en 2011 pour fraude fiscale avant qu’il accepte de collaborer comme taupe pour les enquêteurs. Plusieurs dizaines de dirigeants, y compris le président d’alors de la FIFA Sepp Blatter et son secrétaire général Jérôme Valcke, finiront par tomber, avec des sanctions allant du sportif (interdiction de toute activité footballistique) jusqu’au pénal (prison ferme).

Évasion fiscale et Football Leaks

“La plus grande fuite d’informations de l’histoire du sport.” C’est ainsi que sont présentés en 2015 les Football Leaks, une série de scandales financiers liés aux contrats, transferts et autres dérives financières dans le football et révélés conjointement par plusieurs médias européens (Der Spiegel, Le Soir, Mediapart, El Mundo, L’Espresso…). Ces révélations s’appuient sur le travail de lanceurs d’alerte et la publication de documents confidentiels. Ces enquêtes pointent notamment du doigt le rôle de l’agent star Jorge Mendes dans l’ébauche d’un système d’évasion fiscale s’appuyant sur la création de sociétés écran et l’utilisation de comptes offshore. En somme, une sorte de fraude fiscale organisée de certains acteurs mondialement connus du football. Cristiano Ronaldo, José Mourinho, James Rodriguez, Radamel Falcao… La plupart d’entre eux s’en sortiront par le biais d’un accord avec le fisc espagnol, le paiement d’un redressement et une amende.