Sorry les mecs, vous ne pourrez pas chercher d’athlète olympique sur Grindr cette année (et c’est important)

Une bonne nouvelle

Sorry les mecs, vous ne pourrez pas chercher d’athlète olympique sur Grindr cette année (et c’est important)

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© Grindr

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Par Flavio Sillitti

Publié le , modifié le

Mais pourquoi la célèbre application de rencontres gays masque les profils du Village olympique de Paris ?

Évidemment, c’est facile d’en rêver : un mari athlète, au corps d’Apollon et à la discipline de vie rigoureuse. Pour le trouver, rien de plus simple : les Jeux olympiques de Paris rassemblent plus de 10 000 athlètes, dont une moitié d’hommes, logés au même endroit, à savoir le Village olympique. Cet endroit, au fil des années et des Jeux, a su faire germer son lot de fantasmes et de légendes urbaines, notamment au vu de sa frénésie coïtale notoire, qui aurait mené à l’instauration de prétendus “lits anti-sexe” en carton depuis les JO de Tokyo en 2021.

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Si les voies du Village olympique sont impénétrables, mon application de rencontres gays Grindr, elle, ne craint ni les cadenas ni les services de sécurité. Sa fonction “Explorer” devrait en principe me permettre d’aller scruter sans mal les profils éloignés de tous ces éphèbes. Sauf que, sacrilège, cette année, aucun des profils Grindr actifs au sein du Village olympique ne sera accessible aux autres utilisateurs de l’application. Et si mon cœur en est meurtri, je me conforte en me rappelant que c’est pour la bonne cause, et surtout pour la sécurité des athlètes non hétérosexuels. Décryptage.

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Incidents lors des derniers Jeux

La décision de camoufler les profils “olympiques” de l’interface Grindr fait en réalité suite à des incidents survenus lors des deux derniers Jeux. En 2016, lors des JO à Rio, le journaliste américain Nico Hines, homme hétérosexuel marié et père de famille (c’est important de souligner son profil privilégié), a infiltré l’application afin d’en tirer un article pour le Daily Beast sur les habitudes de dating des athlètes sur place, suscitant les vives réactions scandalisées de la communauté LGBTQIA+.

Dans son papier, le journaliste relate son aventure sur l’interface en partageant des informations sur les athlètes avec qui il est entré en contact, comme leurs mensurations, leur discipline et leur nationalité, rendant possible leur identification. Sauf que, pour certains des athlètes concernés, aucun coming out public n’avait été entrepris, et pire : l’homosexualité est carrément punissable par la loi dans leur pays d’origine. Par la suite, après que plusieurs voix (dont celles de sportif·ve·s queers) se sont élevées, l’article a rapidement été supprimé, suivi sept mois plus tard d’un article d’excuse de Hines.

Publié par @o_simardcasanova
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En 2021, un phénomène similaire s’est produit : plusieurs vidéos de créateurs de contenu TikTok ou de twittos ont affiché publiquement les profils d’athlètes présents à Tokyo et actifs sur l’application de rencontres gays avec des vidéos du type : “J’ai utilisé la fonction ‘Explorer’ de Grindr pour me trouver un petit ami olympique.” Certains de ces enregistrements d’écran opéraient des focus sur des profils spécifiques, montrant le visage complet des athlètes et des informations permettant de les identifier.

Une fois encore, les internautes ont souligné le caractère dangereux d’une telle prolifération de données privées, et ont fait supprimer les vidéos des différentes plateformes, souvent bien après que le mal a été fait. Grindr, qui s’en remet à une charte de respect des données personnelles plutôt stricte, a également condamné ces pratiques. 

Les efforts de Grindr pour Paris 2024

Pour toutes ces raisons, il semble donc logique que, cette année à Paris (comme c’était en réalité déjà le cas pour les Jeux d’Hiver à Beijing en 2022) Grindr ait rendu les profils des athlètes du Village olympique inaccessibles depuis la fonctionnalité “Explorer”. “Si un athlète n’est pas out ou vient d’un pays où il est dangereux ou illégal d’être LGBTQ+, l’utilisation de Grindr peut l’exposer au risque d’être outé par des personnes curieuses qui pourraient essayer de l’identifier et de l’exposer sur l’application” partage la firme via un communiqué officiel.

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À noter qu’on parle bien ici d’une dissimulation des profils pour le monde extérieur au Village, et non pas d’une interdiction d’utiliser l’application pour les athlètes qui restent, eux, libres de scroller et de s’amuser à leur guise. Pour optimiser leur expérience sur l’application, les athlètes pourront d’ailleurs compter sur des fonctionnalités spécialement déployées pour eux par Grindr, comme la possibilité d’envoyer un nombre illimité de messages éphémères ou encore l’interdiction des captures d’écran du profil et des conversations.

Pour rappel, en 2021, à Tokyo, le chiffre record de (minimum) 186 athlètes queers et out (ayant fait leur coming out) était recensé, selon Cyd Zeigler, fondateur de la plateforme Outsports. Cette année, 18 hommes queers et out devraient fouler les terrains des différentes épreuves olympiques à Paris. Comme l’assure Grindr, les seules craintes à avoir pour ses sportifs sont sur les différents terrains des Jeux : “On est derrière vous. Aux athlètes LGBTQ+ qui se rendront à Paris, nous sommes impatients de vous voir briller.”