Le béluga sorti de la Seine après une nuit d’efforts est mort

Le béluga sorti de la Seine après une nuit d’efforts est mort

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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

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Par Lisa Coll

Publié le

L’opération qui aura duré plus de six heures n’aura pas suffi.

Le béluga égaré dans la Seine depuis une semaine a dû être euthanasié mercredi après son arrivée en camion à Ouistreham (Calvados), où les experts espéraient pouvoir le soigner avant de le relâcher en mer.

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Le cétacé de 800 kg, évoluant habituellement en eaux froides, avait été placé à l’arrière d’un camion frigorifique mercredi vers 4 heures, après six heures d’efforts pour l’extraire de l’écluse de Saint-Pierre-la-Garenne (Eure).

“Le béluga est arrivé le mercredi 10 août à 10 h 30 au Service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières (SIVEP), situé à Ouistreham, pour réaliser une expertise vétérinaire et sanitaire avant d’envisager son potentiel transfert dans l’écluse de Ouistreham”, a indiqué la préfecture du Calvados dans un communiqué. Une conférence de presse était prévue au port de Ouistreham en fin de matinée.

“Malgré les moyens techniques et logistiques mis en œuvre, l’état du cétacé s’est malheureusement dégradé lors du voyage. L’expertise vétérinaire a révélé la situation de grande faiblesse et d’activité respiratoire défaillante du béluga. La décision a donc été prise collégialement, avec les vétérinaires, de l’euthanasier”, a ajouté la préfecture.

Sur Twitter, la vétérinaire du Sdis Florence Ollivet-Courtois a expliqué que le cétacé avait subi une dégradation de son état lors du transport en camion mercredi matin. Elle déclare :

“Au cours du voyage, les vétérinaires ont constaté une dégradation de son état, notamment de ses activités respiratoires. Et on a pu constater à l’instant que l’animal était en anoxie (une diminution de la quantité d’oxygène, ndlr), donc ventilé insuffisamment, et donc la souffrance était évidente pour cet animal. Nous avons décidé qu’il n’était pas pertinent de le relâcher et donc qu’il fallait procéder à son euthanasie.”

L’ONG Sea Shepherd a également confirmé le décès du cétacé. “C’est la mort dans l’âme que nous annonçons que le béluga n’a pas survécu à la translocation qui était risquée mais indispensable pour donner une chance à un animal autrement condamné. Suite à la dégradation de son état, les vétérinaires ont pris la décision de l’euthanasier”, peut-on lire sur Twitter.

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Les vingt-quatre plongeurs engagés et les sauveteurs manipulant les cordages autour de l’écluse avaient dû s’y reprendre à plusieurs fois, entre 22 heures et 4 heures du matin, pour attirer l’animal dans les filets et la structure capables de le soulever hors de l’eau, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le cétacé, dont l’état de santé a été jugé “alarmant”, avait fini par être soulevé dans un filet tracté par une grue et déposé sur une barge, où il a été immédiatement pris en charge par une dizaine de vétérinaires vêtus de combinaisons blanches.

Le béluga, dont la présence dans la Seine est exceptionnelle, avait ensuite été placé dans un camion réfrigéré qui a quitté l’écluse peu après 7 h 30, à petite vitesse, pour parcourir les 160 km jusqu’à Ouistreham, selon des journalistes de l’AFP sur place.

Un bassin d’eau de mer, dans une écluse du port de Ouistreham, avait été mis à disposition pour réceptionner l’animal, qui devait y rester trois jours avant d’être remis en mer selon son état de santé. Repéré le 2 août dans le fleuve, le cétacé était retenu depuis vendredi dans le bassin d’une écluse située à 70 km au nord-ouest de Paris.

“Le plus dur”

Une orque avait déjà été observée dans la Seine en mai, entre Rouen et Le Havre. Elle avait finalement été retrouvée morte et une autopsie avait privilégié un décès par inanition.

Sea Shepherd a indiqué que le béluga souffrait de problèmes digestifs : “Le béluga est un mâle qui ne présente pas de maladie infectieuse mais qui n’a plus d’activité digestive, ce qui explique qu’il ne s’alimente plus.”

Selon l’observatoire Pelagis, spécialiste des mammifères marins, le béluga a une distribution arctique et subarctique. Il s’agit, selon ces experts, du second béluga connu en France, après qu’un pêcheur de l’estuaire de la Loire en avait remonté un dans ses filets en 1948.

Konbini avec AFP