Sri Lanka : incertitude sur l’avenir du pays après la démission de l’ancien président

Sri Lanka : incertitude sur l’avenir du pays après la démission de l’ancien président

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Par Lisa Coll

Publié le , modifié le

Trois candidats sont en lice pour l’élection présidentielle.

Trois candidats ont été désignés par le Parlement du Sri Lanka mardi pour succéder à l’ancien président Gotabaya Rajapaksa, qui a fui le pays et démissionné la semaine dernière après que des manifestants ont envahi sa résidence. Le vainqueur de cette élection présidentielle, au suffrage indirect, prendra la tête de ce pays en faillite.

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Trois candidats ont été désignés mardi par le Parlement : le président par intérim, Ranil Wickremesinghe, sera opposé lors d’un vote à bulletin secret mercredi à l’ancien ministre de l’Éducation, Dullas Alahapperuma, soutenu par le principal parti d’opposition, et au dirigeant de la gauche, Anura Dissanayake.

L’île de 22 millions d’habitants subit de graves pénuries de produits de première nécessité depuis la fin de l’année dernière, le pays n’ayant plus de devises étrangères pour financer les importations essentielles.

Le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars à la mi-avril et est en pourparlers avec le FMI pour un éventuel renflouement. Après des mois de manifestations, M. Rajapaksa a fui aux Maldives avant de trouver refuge à Singapour la semaine dernière, d’où il a présenté sa démission.

Un accord conclu

Les trois candidats ont été officiellement désignés par les députés au cours d’une séance qui a duré moins de 10 minutes au sein du Parlement, étroitement surveillé.

Quelques instants plus tôt, le chef du parti d’opposition SJB, Sajith Premadasa, avait annoncé sur Twitter qu’il se retirait de la course en faveur de M. Alahapperuma, 63 ans, membre dissident du SLPP, parti divisé de Rajapaksa. Premadasa a ainsi déclaré :

“Pour le plus grand bien de mon pays que j’aime et du peuple que je chéris, je retire ma candidature au poste de président.”

Il a ensuite désigné M. Alahapperuma, un ancien journaliste et militant des droits humains à la fin des années 1980, lorsque le père de M. Premadasa, Ranasinghe, dirigeait le pays d’une main de fer.

Un député du SJB a affirmé à l’AFP que les deux hommes avaient conclu un accord dans la nuit pour que M. Premadasa devienne le prochain Premier ministre si M. Alahapperuma était élu à la présidence mercredi.

“Nous avons un programme minimum commun sur lequel nous nous sommes mis d’accord”, a ajouté le député SJB. “Nous n’avions qu’un seul point d’achoppement sur le choix du président et cela a été réglé hier soir.”

Le candidat des Rajapaksa

Mais le président intérimaire M. Wickremesinghe, 73 ans, qui a été six fois Premier ministre, a le soutien formel de la direction du SLPP, qui reste le plus grand parti du Parlement comptant 225 membres.

Si M. Wickremesinghe était confirmé dans ses fonctions, il pourrait nommer le ministre de l’Administration publique Dinesh Gunawardena, un de ses amis d’école et un fidèle de M. Rajapaksa, au poste de Premier ministre.

Le troisième candidat est Anura Dissanayake, 53 ans, chef du JVP (Front de libération du peuple), un parti de gauche qui dispose de trois sièges au Parlement. L’ancien chef de l’armée Sarath Fonseka n’a pour sa part pas réussi à obtenir le soutien des députés pour entrer dans la course à la présidence.

Le nouveau dirigeant sera en poste pour le reste du mandat de M. Rajapaksa, qui se termine en novembre 2024. Lundi, M. Wickremesinghe a prolongé l’état d’urgence en donnant des pouvoirs étendus à la police et aux forces de sécurité.

Les manifestants prévoient un nouveau rassemblement dans la capitale plus tard mardi pour exiger sa démission. Ils le considèrent comme un allié et un protecteur du clan Rajapaksa, qui domine la politique du pays depuis de nombreuses années.

L’ancien président Mahinda Rajapaksa, frère aîné de Gotabaya et chef du groupe, est toujours au Sri Lanka. Selon des sources du parti, il fait pression sur les députés du SLPP pour qu’ils soutiennent M. Wickremesinghe.

Konbini avec AFP.