Quand Harry rencontre Sally : partenaire pansement, high-maintenance girlfriend… Ces concepts relationnels que la romcom culte a démocratisé

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Quand Harry rencontre Sally : partenaire pansement, high-maintenance girlfriend… Ces concepts relationnels que la romcom culte a démocratisé

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Par Antonin Gratien

Publié le

Nos tourtereaux seraient-ils avant-gardistes ?

“Un homme et une femme ne peuvent pas être amis, parce que le sexe se met toujours en travers de la route”. Et ainsi commença l’une des romances les plus iconiques du cinéma. Quand Harry rencontre Sally, c’est cette fresque attendrissante, dépeignant le parcours-surprise d’un curieux duo. Deux personnes qui s’insupportent tout d’abord l’un l’autre jusqu’à l’ulcère, avant de s’attendrir. De tisser de précieux liens d’amitié puis de s’aimer, enfin. Percutante de par la pertinence des dialogues (mention spéciale aux coups de téléphone dépressif) et l’audace de ses scènes (big up à la simulation d’orgasme du restau’), la comédie romantique de Rob Reiner n’a pas pris une ride, depuis sa sortie en 1989. La preuve : plusieurs références du films ont popularisé des notions qui, aujourd’hui, sont au cœur de notre langage amoureux. Tour d’horizon, point par point.

1. La “relation pansement”

Ouais, l’expression est douloureuse. Mais il faut bien appeler un chat un chat, non ? Ce genre de liaison, on y est tous passé (oui, même toi, au fond, qui fait mine de ne rien écouter), que ce soit d’un côté ou de l’autre. Piqûre de rappel : dans le film, une nuit, Sally appelle Harry en larmes pour lui partager le choc : son ex va se marier. Catastrophe – mais qui est l’heureuse élue, au fait ? Celle qui n’était censé qu’être une “transitionnal person, not THE ONE”, s’exclame Sally. En français, la traduction littérale donnerait “personne transitoire”, mais privilégions le terme de “liaison pansement”. Celle qui, après un brisage de cœur, est censée nous remettre sur pied avant… De s’éteindre. Parce oui, une fois la plaie guérie, le pansement, on le jette. Rude.

2. High-maintenance girl 

La légende veut que le concept soit littéralement né d’une scène où Harry explique doctement à sa (future) partenaire qu’il existe deux types de femmes, les high et les low maitenance. Avant d’ajouter : “Tu en es la pire sorte. Tu es high maintenance, mais tu penses être low maintenance”. Mais que veut-il dire par là ? Eh bien, Sally est à “haute exigence”. Elle est toujours tirée à quatre épingles, ne couche pas avec “n’importe qui”, a toujours des demandes alambiquées au restaurant etc, etc. Indéniablement, il y a un côté control freak prononcé chez la high-maintenance girl. Un trait qu’on retrouvera d’ailleurs de manière très, très, accentuée, chez une autre emblème de cet archétype féminin. Une certaine… Monica Geller.

3. Le gars émotionnellement indisponible

De nos jours, on parlerait plutôt de fuckboy. Mais qu’importe. Au détour d’une de leurs conversations sur la vie érotico-sentimentalo-romantique, Harry raconte à sa binôme qu’il a pour l’habitude de s’envoyer en l’air avec des femmes, sans jamais construire de relation derrière. Ni même de les rappeler – et encore moins de les revoir. En gros, après le naufrage de son ancienne relation, il est “émotionnellement indisponible”. Incapable de s’investir dans la moindre liaison, on le voit butiner à droite, à gauche (“coucher avec tout New York”, pour citer Sally) et puis… C’est tout. Si le film se déroulait en 2023, nul doute que notre cœur brisé serait d’ailleurs accusé de ghoster ses partenaires d’une nuit. Chacun sera juge.

4. La “Harry et Sally relationship” 

Aussi étonnant que cela puisse paraître au premier abord, l’expression existe bel et bien – quoique surtout outre-Atlantique, certes. L’objectif du concept ? Désigner ce phénomène un peu complexe, assez nébuleux, des relations de long terme qui se métamorphosent au gré des circonstances. Imaginez : un vague pote de connaissance devient votre ami le plus proche, il vous plaît pas mal, mais vous vous dites “n’allons pas tout gâcher”. Okay, donc vous ne “gâchez rien”. Les années passent, vous vous perdez de vue, avant de vous retrouver – par hasard, bien sûr – en teuf. “Quoi de nouveau ? Wow, ça t’a réussi ton voyage au Canada” etc. Formidable, vous voilà de nouveaux copains comme cochons – avant de vous embrouiller, puis de vous réconcilier furieusement, deux mois plus tard en finissant, ivres morts, dans le même lit – et TADAM, vous êtes en couple. Bon, bah, typiquement, on nage en plein “Harry et Sally relationship”.

Une bonne situation, à n’en pas douter.