Sorcière “à moitié pendue”, lobotomies, poupée suspecte… Sur Prime Video, la série Lore décortique les drames du passé à l’origine de nos pires histoires d’horreur

Bouh

Sorcière “à moitié pendue”, lobotomies, poupée suspecte… Sur Prime Video, la série Lore décortique les drames du passé à l’origine de nos pires histoires d’horreur

Vous vous demandiez d'où venait l'inspiration d'Annabelle, et Chucky ? Ne cherchez plus.

Derrière chaque légende d’effroi, il y a une fiction. Du cauchemar, du fantasme. Mais, parfois, notre folklore se nourrit aussi de faits avérés. C’est vers cette part trouble de notre passé collectif que la série Lore plonge son regard. Conçue par les producteurs de Walkind Dead et X-Files, les deux saisons de la série nous entraînent à travers les âges et les territoires, entre reconstitution romancée et images d’archives, à la quête des racines de nos croyances les plus lugubres. Tour d’horizon.

1. Comtesse Dracula : celle qui aimait trop l’hémoglobine

En matière d’astuces surprise pour conserver sa jeunesse, il y a Cléopâtre et ses fameux bains de lait d’ânesse. Et puis il y a Élisabeth Báthory. Membre d’une famille princière hongroise, la comtesse née en 1560 est l’une des plus célèbres meurtrières de l’Histoire. Motif ? Selon un peu plus de 300 témoignages récoltés aux alentours de 1611, celle qui aura tôt fait d’être surnommée la “dame sanglante” aurait chapeauté le rapt de dizaines de jeunes filles pour, murmure-t-on avec effroi, s’offrir des bains de jouvence… Avec leur sang. 

Plusieurs témoignages postérieurs suggérèrent néanmoins que cette boucherie n’était qu’affabulation. N’en demeure pas moins que la comtesse fût poursuivie à la suite d’accusations de torture – qui, notons-le, avaient elles-même été arrachées sous la pression “musclée” d’autorités désireuses, peut-être, de faire main basse sur la fortune de notre aristocrate. Alors, victime d’un coup monté, ou authentique forcenée ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Reste que le nom d’Élisabeth Báthory a traversé les siècles, au point de devenir une figure bien connue du foklore, souvent associée au vampirisme. Et occasionnellement représentée en épouse de Dracula himself.

2. Walter Freeman : le psychiatre qui rêvait de guérir… En lobotomisant

Le Dr. Walter Freeman, neurologue (mais sans formation en chirurgie, notons), démocratise au mitan du XIXe siècle la lobotomie dans les asiles psychiatriques. À l’en croire, une opération de 10 minutes consistant à sectionner à l’aide d’un pic à glace une partie du cerveau permettait de traiter n’importe quelle pathologie mentale. Seulement voilà. Après quelque 3500 opérations effectuées sur la base d’assises scientifiques pour le moins bancales, le “docteur” doit se rendre à l’évidence : l’opération entraîne parfois des conséquences pour le moins déplorables.

Sa plus célèbre patiente, Rosemary Kennedy, sœur du président de États-Unis, finira ses jours dans un état végétatif. Décriée comme hasardeuse et barbare, la pratique est interdite dans certains pays, puis peu à peu abandonnée, avec l’arrivée sur le marché des neuroleptiques en 1951. Mais l’imaginaire collectif reste largement marqué par cette pratique, qui a largement participé à alimenté la diabolisation du milieu psychiatrique. Voire carrément offert une nouvelle déclinaison au mythe du “zombie”. Ni tout à fait animal, ni tout à fait humain, le “lobotomisé” a parfois été introduit comme le “mort-vivant” des temps modernes.

3. “Robert the doll” : une poupée possédée ?

Ce pourrait bien être le jouet le plus flippant du monde. Il aurait été offert au début du XIXe siècle au jeune Robert Eugene Otto par une adepte du vaudou. Laquelle aurait, au préalable, enfermé dans la poupée une force maléfique. De cela, le garçon n’a évidemment aucune idée. Lui s’amuse avec son jouet (de grande taille), le baptiste d’après son nom, l’habille comme lui et lui susurre à l’oreille. Jusque là, plutôt mignon comme tableau. Les choses commencent à prendre une tournure flippante au moment où ses parents croient entendre la poupée parler en retour. 

Pire encore : au milieu de la nuit et des cris, il leur arrive de retrouver les jouets du gosse défigurés. “C’est Robert qui l’a fait !”, aurait systématiquement répliqué l’enfant. Peu à peu, c’est le voisinnage tout entier qui est témoin de phénomènes inexpliqués. Un plombier entend des rires d’enfants alors que Robert est absent, des passants voient la poupée les épier depuis la fenêtre. Bien vite, on accuse le “jouet” d’avoir causé des accidents de la route aux alentours. Mais aussi des divorces, des maladies. Un peu de tout, quoi. La légende noire de l’artefact est telle que la poupée a fini… Dans un musée. De sorte qu’elle compte aujourd’hui parmi les attractions touristique les plus prisées du East Martello Museum, en Floride. Sans surprise, le “cas Robert” a donner matière à cauchemarder du côté du ciné US, de Chucky à Conjuring, en passant par une franchise dédiée, dont le premier film paru en 2016 s’intitule The Curse of Robert the Doll.

4. Mary Webster : la “sorcière” qui avait survécu à sa pendaison

À quelques 150 kilomètres de Salem, et 9 ans avant le tristement célèbre “procès des sorcières” qui avait conduit à l’exécution de 20 personnes, la petite ville de Hadley, en Nouvelle-Angleterre, s’agite. Nous sommes en 1983, et Mary Webster, qui a alors une soixantaine d’année, est régulièrement harcelé et violentée. Une foule vindicative l’accuse de sorcellerie, au motif d’un comportement jugé belliqueux et d’une “marque de sorcière” sur son corps (plus probablement la cicatrice d’un accident).

Faute de preuves solides, le tribunal de Boston la juge innocente. Pas de quoi totalement laver les soupçons que ses voisins font peser sur elle, cependant, puisqu’un certain Philip Smith, juge de profession et hyppocondriaque notoire, martèle mordicus que Mary Webster l’a affligé d’un funeste cortège de maladies. De sorte que, lorsqu’il meurt dans d’étranges circonstances, la communauté de Hadley cherche vengeance. Un groupe d’hommes traîne Mary hors de chez elle, la pend, puis l’enterre. Mais par miracle – magie ? – elle survit, et échoppe d’un surnom : “la moitié pendue”. Onze année s’écoulent avant qu’elle ne passe (vraiment) de vie à trépas, en laissant derrière elle le récit d’une persécution qui augurait la chasse aux sorcières à venir. Et n’a pas manquer d’inspirer certaines personnalités, comme la romancière Margaret Atwood, qui lui a dédié La Servante Écarlate. Un roman ouvertement féministe qui, à la lumière de cette information, résonne comme une revanche, contre le triste destin de Mary Webster.

Ces récits – et beaucoup d’autres – sont à retrouver dans Lore (mythe et croyances), sur Prime Video.