On remet le couvert. Après Un Stupéfiant Noël, qui suivait les péripéties d’Éric Judor et Ragnar le Breton dans une ambiance christmas movie, Prime Video fête l’arrivée du printemps avec une nouvelle comédie française. À la sauce buddy movie cette fois, et pensée pour la belle saison. Au rendez-vous, encore un duo : direction la Riviera méditerranéenne, aux bras survoltés d’Alice Pol (Supercondriaque, La tête dans les étoiles…) et de Shirine Boutella (Validé, Miskina…) en tandem détonnant de flics niçoises, lancées aux trousses d’un mystérieux tueur en série. Focus.
“Bonne chance mesdemoiselles”
Mais que va-t-on faire du lieutenant Leïla Balani ? Fraîchement diplômée par l’école nationale de police de Paris, l’agent (Shirine Boutella) voit la validation de son nouveau titre soumis à une condition : faire ses preuves sur le terrain. Car oui, autant Madame-la-force-de-l’ordre excelle en “criminologie, orthographe et syntaxe”, autant dès qu’il s’agit d’agir in situ… Catastrophe.
Afin d’être formée, cette Gaston Lagaffe en uniforme est expédiée sur la Côte d’Azur. Là où les cigales chantent, où l’on s’envoie des cocktails en bord de mer, et où on ne respecte jamais les procédures. Enfin, c’est du moins la politique d’Alison Flesh (Alice Pol ), capitaine de police locale aussi efficace qu’insubordonnée, qui devra se farcir la nouvelle arrivée comme co-équipière. Ordre direct de Ramzy Bedia, qu’on retrouve ici en commissaire du genre énorme – mais énorme – boomer.
Toujours à la demande de leur supérieur, notre improbable tandem enquête sur un homicide, qui en révélera un autre, puis un autre… Aux deux femmes de mettre un terme à cette spirale sanguinaire, malgré leurs différences. L’une est rebelle, impulsive, et s’impose à tous comme la big boss de la ville. Tandis que l’autre, gauche et procédurière, fait l’effet d’un OVNI dans ce Sud dont elle ne maîtrise aucun code. Il faut dire qu’avec sa dégaine de première de classe endimanchée, Leïla Balani tient plus de la stagiaire que d’une lieutenant dépositaire de l’autorité de l’État. Bref, on souhaite bien de la chance à ce duo que tout oppose pour punir le moindre délit. Quant à enquêter sur un crime…
Contre les sexismes, la sororité triomphante ?
Qu’on ne s’y méprenne pas. Léger en surface, avec ses couleurs acidulés , sa BO pop et ses dialogues punchy, Sirènes a tout du feel good movie – mais il explore bien un sujet de fond : le sexisme . Tour à tour, le film évoque la misogynie ordinaire, la culture du viol (“Quand on porte une jupe aussi courte…”), le féminicide et les violences conjugales. Un fléau dont 244 000 françaises sont victimes par an, selon un rapport du ministère de l’Intérieur daté de 2022.
Sous ses airs d’innocente comédie policière, le long-métrage de Adeline Picault (T’as pécho ?) n’hésite pas, non plus, à dénoncer les travers du corps de métier dont ses protagonistes-phares sont, pourtant, les représentantes enthousiastes. À bien y regarder, la police nationale est introduite sous les traits du virilisme le plus crasse.
Et le scénario ne manque pas de mettre le doigt sur les problématiques, désormais bien connues, de la réception des plaintes pour violences sexuelles. Manque de tact, de considération, d’écoute… Bref. Dans une société gangrenée par la misogynie, nos deux flics, un peu à la manière de super-héroïnes, devront jouer la carte de la sororité pour renverser la vapeur – et montrer au monde qui sont les patronnes ?
