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7 coups de cœur dénichés au Festival Séries Mania 2023

7 coups de cœur dénichés au Festival Séries Mania 2023

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© Apple TV+

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Par Adrien Delage

Publié le

Clap de fin pour la 5e édition, en terres nordiques, du festival Séries Mania qui présentait sa sélection de fictions du monde entier.

À voir aussi sur Konbini

#1. Les Gouttes de Dieu

© Fabien Malot – FTV – MLJ

Adaptation du manga éponyme culte de Tadashi Agi et Shu Okimoto, cette série créée par Quoc Dang Tran, avec Clémence Madeleine-Perdrillat et Alice Vial, est un voyage sensoriel dans le monde du vin. C’est aussi l’histoire d’un héritage, entre la fille d’un célèbre œnologue, Camille (Fleur Geffrier), et l’élève de ce dernier, Tomine (Tomohisa Yamashita) qui devront s’affronter sur trois épreuves pour espérer empocher le pactole (en bouteille). Ce face-à-face entre l’acquis et l’inné, la discipline et l’instinct, nous emmène au Japon, mais aussi, évidemment, aux quatre coins de la France (Paris, Bordeaux, le Vaucluse) et en Italie. Un régal pour les yeux et les papilles. (D. R.)

À voir où ? Sur Apple TV+ dès le 21 avril, et plus tard sur France Télévisions.

#2. Split

© Caroline Dubois – FTV

Pour sa première série de fiction — elle avait auparavant adapté son essai Sex and the Series pour OCS — Iris Brey met en application son sujet de prédilection : le female gaze, ce regard qui fait encore tant défaut sur nos écrans. Derrière la caméra et à l’écriture, en compagnie de Clémence Madeleine-Perdrillat (décidément dans toutes les bonnes séries du moment), elle tisse une histoire sur-mesure à ses deux héroïnes : Anna (Alma Jodorowsky), une cascadeuse en couple avec un homme, tombe amoureuse de l’actrice qu’elle double, Eve (Jehnny Beth). Dans une exploration des sens et du désir féminin, Split met l’hétérosexualité au placard. Tout y est délicat et radical à la fois. Il y a, dans cette série, tout ce qui était absent des fictions télé françaises jusqu’à présent et on espère qu’elle en inspirera plein d’autres. (D. R.)

À voir où ? Prochainement sur France.tv Slash.

#3. Tengo Que Morir Todas las Noches

© Paramount Global Distribution Groupe – Alebrije Productions

Le titre à lui seul est un poème. Écrite par Alejandro Ricaño, Fernando León et Fanie Soto, et adaptée du livre éponyme de Guillermo Osorno, cette série est une chronique du milieu LGBTQIA+ des années 1980 au Mexique, où le sida et la répression policière menacent une communauté désespérément en quête de liberté. Celui qui “doit mourir toutes les nuits”, c’est Guillermo, incarné par le jeune José Antonio Toledano.

Fraîchement débarqué dans la capitale, cet étudiant en journalisme féru de photographie, documente autant qu’il explore la vie queer nocturne. Tout se fait en cachette, les rencontres, les plans cul, les éclats de joie et la danse. Le jeune homme cherche, se perd et trouve sa tribu. Cette série, belle à en crever, est assurément un gros coup de cœur de cette édition de Séries Mania et le jury du Panorama International lui a d’ailleurs remis le prix, très mérité, de la Meilleure réalisation. (D. R.)

À voir où ? Prochainement sur Paramount+.

#4. Everyone Else Burns

© Jax Media/Universal International Studios/Channel 4

Qui peut s’asseoir à la table des scénaristes britanniques et prétendre réussir aussi bien des séries à la fois drôles, burlesques et post-apocalyptiques ? Personne. Dans Everyone Else Burns, nouvelle sitcom à base d’humour noir et à la croisée de Crazyhead et The Righteous Gemstones, une famille ultra-religieuse se prépare à l’apocalypse.

Une version pastorale et british de la famille Addams, où chaque membre de la famille est un archétype parodique d’une secte évangéliste : le patriarche, qui cherche à gravir les échelons de l’Église, la mère, qui rêve de liberté, le fils, croyant modèle qui dessine en secret des démons sur son carnet de catéchisme et la fille, qui a peur de damner son âme en tombant amoureuse. Une famille dysfonctionnelle et donc forcément attachante, dans une série vraiment tordante portée par des comédiens et comédiennes en pleine capacité. (A. D.)

À voir où ? Inédite en France.

#5. The Power

Une série de genre dans la compétition internationale, ça fait toujours plaisir. Encore plus si elle est féministe et littéralement électrisante, en accord avec le pitch de The Power. Cette adaptation du roman éponyme de Naomi Alderman nous transporte dans un monde dystopique où, du jour au lendemain, de jeunes filles se découvrent le pouvoir de contrôler et produire de l’électricité avec leur corps. Elles vont alors en profiter pour régler leurs soucis du quotidien, prendre confiance en elles voire renverser le système patriarcal, même si leurs pouvoirs destructeurs vont aussi donner à certaines le goût de la domination et de la tyrannie.

Entre série de super-héros et récit de coming-of-age, The Power est une adaptation très réussie du roman original. Elle met en scène de jeunes actrices très douées, tout en empruntant les codes et l’esthétique de séries références (Misfits, Sense8, Cloak and Dagger…). Avec sa mise en scène épurée, ses jolis effets spéciaux et son récit choral, The Power s’impose comme un divertissement jouissif, moderne et intelligent, emmené par une Toni Collette (Wanderlust, Unbelievable) toujours aussi impériale. (A. D.)

À voir où ? Dès le 31 mars sur Amazon Prime Video.

#6. Red Skies

© Yoav Gross Productions/Reshet 13

Comme chaque année, les séries israéliennes étaient présentes à Séries Mania avec une qualité irréprochable. Mais on a été particulièrement marqués par Red Skies, une histoire inspirée de faits réels et qui revient sur une période précise de la guerre israélo-palestinienne : la seconde Intifada, marquée par des actes terroristes et révolutionnaires dans les deux camps. Le schisme entre les deux pays est souligné par la relation entre Ali et Sa’ar, deux amis d’enfance qui sont subitement séparés lorsque les violences éclatent au début du nouveau millénaire.

Il en résulte un récit puissant et émouvant, une série de guerre assez musclée qui explore pour la première fois à l’écran un conflit idéologique, géopolitique et religieux, en évitant l’écueil du manichéisme jusque dans sa writer’s room, où auteurs israéliens et palestiniens ont collaboré main dans la main. (A. D.)

À voir où ? Inédite en France.

#7. Little Bird

© Crave – APTN

C’est une histoire peu connue ici : durant des décennies, au XXe siècle, des centaines de milliers d’enfants autochtones au Canada ont été arrachés à leurs familles, sous de faux prétextes, et placés de force dans des institutions appelées “écoles résidentielles”. La dernière d’entre elles a fermé ses portes en 1996. Maltraités et évangélisés, ces enfants étaient contraints de couper tout lien avec leur culture, leur langue, leur nom. Beaucoup sont morts. Certains ont été adoptés par des familles blanches.

C’est ce passé tragique et génocidaire que raconte cette série en six épisodes, en suivant Behzig Little Bird (Darla Contois), renommée Esther, qui, à l’approche de son mariage, remonte le fil de ses souvenirs pour retrouver ce qu’il reste de sa famille biologique. Un récit bouleversant mais lumineux, créé par Jennifer Podemski et Hannah Moscovitch, qui a reçu le Prix du Public à Séries Mania. On lui souhaite de vite trouver un diffuseur en France. (D. R.)

À voir où ? Inédite en France.

Cet article a été écrit par Delphine Rivet et Adrien Delage.