Au macLYON, le printemps sera définitivement placé sous le signe de la tech : immersions sonores programmées, natures mortes en 3D, rendez-vous avec des espèces disparues… Un programme chargé donc, grâce aux deux expositions printanières du musée lyonnais. Toujours avec les technologies et le numérique en toile de fond, la première exposition se consacre à la nature et la seconde, aux transformations de l’art suivant les évolutions technologiques. Zoom sur deux expositions fausses jumelles, à découvrir jusqu’au 13 juillet 2025.
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Avec quinze artistes invité·es, “Échos du passé, promesses du futur” tisse des liens entre nature et technologies pour “repenser notre rapport au vivant” et lui redonner toute sa vitalité. Partant du concept “d’amnésie générationnelle environnementale” développé par le psychologue américain Peter H. Kahn, selon lequel la mémoire de la nature s’estompe avec les années pour laisser place à l’accoutumance à un environnement en dégradation, cette exposition s’appuie sur les récentes technologies pour œuvrer à la mémoire de la nature. “À travers des œuvres sensibles, les artistes valorisent intelligences artificielles et savoir-faire artisanaux, et transforment l’espace d’exposition en une expérience poétique et sensorielle”, détaille la commissaire Marilou Laneuville.

Justine Emard, Supraorganism, 2020. Vue de l’exposition Échos du passé, promesses du futur. (Photo : Lionel Rault. © Adagp, Paris, 2025)
Une chronologie de nos liens avec la nature
Tapisserie, peinture, vidéo, réalité augmentée, dessin, installation… L’exposition croise les pratiques et les visions d’une pluralité d’artistes, et se segmente en trois parties chronologiques. “Échos du passé, promesses du futur” s’ouvre sur les violences infligées à la nature par le passé et ravive notamment le souvenir d’espèces disparues, avant de glisser sur l’ingéniosité d’une nature fragile et le besoin de la préserver, pour terminer sur des futurs imaginés et des écosystèmes anticipés.
On retrouvera ainsi les mondes virtuels et holographiques de la Canadienne Bianca Shonee Arroyo-Kreimes, les tableaux végétaux en 3D de Sabrina Ratté qui oscillent entre utopie et dystopie, les sculptures organiques du duo Wang & Söderström, ou encore une installation de sculptures en verre animées grâce à un système d’apprentissage automatique entraîné par des abeilles, signée de l’artiste Justine Emard.

Vica Pacheco, Série The Flower Requiem Whistling Vases, 2024. Vue de l’exposition Échos du passé, promesses du futur. (Photo : Juliette Treillet)
“Inspiré·es par la science-fiction, iels créent des écosystèmes virtuels en manipulant le numérique sous des formes multiples, tissent des utopies et réinventent des mondes peuplés de créatures hybrides en pleine mutation”, poursuit Marilou Laneuville. Avec grâce et subtilité, “Échos du passé, promesses du futur” nous rappelle que les technologies peuvent aussi jouer un rôle crucial dans la conservation des écosystèmes comme dans le travail de mémoire.
L’art sous programmes numériques
Après le vivant, ses peines et ses merveilles, on file vers “Univers Programmés”, une exposition qui fait abstraction du naturel pour se concentrer pleinement sur ce que les avancées technologiques permettent à l’art. “En 1995, cent ans après l’invention du cinéma à Lyon par les frères Lumière, la 3e Biennale d’art contemporain de Lyon, intitulée installation, cinéma, vidéo, informatique, explorait l’impact des “nouvelles technologies” dans l’art contemporain. Trente ans plus tard, les questionnements mis en exergue lors de cette manifestation historique restent toujours d’actualité”, rappelle le commissaire d’exposition Mathieu Lelièvre.

Mathieu Briand, SYS*016.JeX*02/SE-FX360°, 2001. Collection macLYON, Inv. : 2002.1.1. Vue de l’exposition Univers Programmés. (Photo : Juliette Treillet ; © Adagp, Paris, 2025)
Partiellement basé sur des œuvres arrivées au macLYON lors de cette 3e Biennale d’art contemporain, “Univers Programmé” interroge la place des technologies industrielles et numériques dans l’art. “Comme Internet alors, ou l’IA aujourd’hui, l’évolution des technologies s’impose résolument aux artistes, et modifie profondément leurs outils, obligeant l’art à s’interroger sur sa relation avec les industries créatives telles que le spectacle ou le jeu vidéo, et les outils de communication dont les réseaux sociaux”, détaille Mathieu Lelièvre.
L’exposition mêle ainsi des pièces des années 1950 à nos jours, dont les œuvres de la douzaine d’artistes invité·es pour l’occasion. À leur façon, tou·tes explorent les potentiels offerts par ces univers programmés, les discours qu’ils peuvent porter et bien sûr, leurs limites et points de vigilance. “Entre 1995 et 2025, de nouveaux enjeux tels que les questions de santé mentale, de l’empreinte carbone, des fausses informations ou de l’épuisement des ressources sont désormais portés par les artistes qui ne manquent pas d’interroger la portée réelle de ces univers programmés”, poursuit Mathieu Lelièvre.

Adrien M & Claire B, Core, 2020. Composition et conception sonore : Olivier Mellano. Courtesy des artistes. Vue de l’exposition Univers Programmés. (Photo : Lionel Rault)
“Univers Programmés” donne ainsi à voir une installation immersive et musicale de la compagnie Adrien M & Claire B, une installation mêlant végétation, QR codes et composants électroniques du Québécois Baron Lanteigne, une déambulation sonore dans une ville animée et fictive conçue par Jan Kopp, un retour en 1987 aux débuts d’Adobe Photoshop et le rêve créateur que véhiculait la promotion du logiciel avec Constant Dullaart, entre autres univers complexes et résolument contemporains.
En parallèle de ce duo d’expositions, le macLYON sera rythmé d’événements ponctuels : concert, carte blanche, rencontres avec des artistes, nocturnes, sans oublier une programmation pour le jeune public. Rendez-vous sur le site du macLYON pour découvrir l’ensemble de la programmation.
“Échos du passé, promesses du futur, La nature sublimée par le numérique” et “Univers Programmées” sont visibles jusqu’au 13 juillet 2025 au macLYON.
Konbini, partenaire du macLYON.