“Allez vous faire foutre” : Léna Situations se livre sur le cyberharcèlement et le body shaming subis à Cannes

Mère Mahfouf forever

“Allez vous faire foutre” : Léna Situations se livre sur le cyberharcèlement et le body shaming subis à Cannes

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© Gisela Schober/Getty Images

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Par Flavio Sillitti

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"J’utilise l’humour sur des sujets plus durs" : dans son podcast, Léna Situations s’ouvre sans filtre sur les critiques qu’elle reçoit sur son physique.

Dans son nouvel épisode de Canapé Six Places, son podcast lancé en octobre 2022, l’influenceuse Léna Situations livre un discours puissant sur la notion très personnelle et complexe de notre rapport à notre corps. En réaction aux récents événements du Festival de Cannes, lors duquel elle a essuyé des critiques et une vague de cyberharcèlement qui prenaient pour cible son corps, elle revient notamment sur le sujet de la légitimité des influenceur·se·s sur le tapis rouge, son projet professionnel sur place, mais aussi et surtout cette fameuse montée des marches qui a tant fait parler.

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La chorégraphie d’un tapis rouge, la jeune créative de 25 ans connaît bien ça. Si c’était sa première montée des marches cannoises, elle est une habituée des événements publics très médiatisés et sait à quel point l’exercice est intense. “Tu as quatre minutes pour présenter tout le travail de toutes les personnes qui ont travaillé sur la tenue et ton apparence”, confie l’influenceuse, saluant le travail de toute son équipe. À la pression de vouloir plaire s’ajoute donc celle de faire honneur à ce savoir-faire.

“C’est un sujet qui devrait être le mien et pas celui d’Internet”

Ce soir-là, Léna Mahfouf a monté les marchés pour l’avant-première de la série The Idol de Sam Levinson et The Weeknd, l’un des tapis rouges les plus attendus du festival. Pour l’occasion, c’est sur une archive 1994 de Vivienne Westwood, dénichée en seconde main, qu’elle avait misé : un body porté par Naomi Campbell avec un énorme nœud dans le dos, retaillé pour ses mensurations.

Mais à l’excitation de porter l’archive de Vivienne Westwood s’est rapidement mêlée une certaine crainte anticipée à la vue de ses jambes dans le petit short, à quelques minutes de la montée des marches. “J’avais pris du poids, je m’en étais rendu compte, évidemment. […] J’avais ce sentiment avant de monter les marches. […] Est-ce que c’était grave ? Non. Je ne voyais aucun signe alarmant, j’ai continué mon petit chemin de vie, […] je me sentais en forme.”

Une prise de poids que l’influenceuse gère personnellement, avec une prise de recul saine et constructive : “J’ai l’impression que c’est ma morphologie qui est en train de changer. Chez les Mahfouf, on est un peu en ’bouteille d’Orangina’ : tout ce que je mange va dans mes fesses et dans mes hanches, dans le bas de mon corps. Mais c’est un sujet qui devrait être le mien et pas celui d’Internet.”

Malgré cela, comme elle le déplore, les diktats d’Internet, que ce soit pour les hommes ou les femmes, sont de plus en plus forts, notamment sur des événements aussi médiatisés, et les critiques n’ont fait que pleuvoir après cette montée des marches. “Je connais Internet. Je connais Twitter, les posts Facebook et les boomers qui répondent, TikTok et les petits jeunes qui ne se rendent pas compte de la cruauté de ce qu’ils peuvent dire en commentaires.”

“Peu importe ce que tu proposes, tu seras réduite à ton physique”

Suite à cette vague de haine, l’influenceuse aux quatre millions d’abonné·e·s Instagram a saisi ses réseaux sociaux pour pointer du doigt les horreurs lues dans les messages qu’elle a reçus ou sous ses posts. Elle justifie : “Rien que pour le fait que vous considérez qu’une nana qui fait plus qu’un 36 est une personne ronde, allez vous faire foutre.”

Mais la créatrice de contenu explique également être davantage révoltée par ce phénomène perpétuel d’essentialisation des femmes à travers leur corps, qui occulte leurs démarches professionnelles ou autres, pour plutôt s’attarder sur leur apparence physique : “Peu importe ce que tu proposes, tu seras réduite à ton physique.”

Le rapport à la nourriture

“J’ai grandi dans une famille rebeu, j’ai toujours très bien mangé chez moi, avec des repas très équilibrés, mais toujours dans la générosité.” Léna Mahfouf raconte avoir évolué sous l’impulsion positive de parents qui ne l’ont jamais restreinte en ce qui concerne son corps, qui n’a d’ailleurs jamais été une conversation au sein de son foyer. La relation avec la prise et la perte de poids a toujours été très saine durant son enfance.

C’est donc naturellement qu’elle profite de son podcast pour souligner avec humour les plaisirs de la nourriture : “Je n’ai pas envie d’avoir des remords et des regrets, d’être malheureuse quand je mange une tarte à la pomme avec une boule de glace vanille. Ce duo, c’est un cadeau des dieux, à savourer sans qu’une petite voix dans ta tête ne te fasse croire que c’est mauvais.”

Répétez après moi : “Allez vous faire foutre”

“À un moment, soyons honnêtes, il faut leur dire d’aller se faire foutre. Les commentaires négatifs sur le corps de quelqu’un, il faut aller se faire foutre”, conseille la youtubeuse, plus vindicative que jamais. Elle qui a toujours partagé ses complexes et ses galères avec sa communauté, elle sait également à quel moment envoyer ses détracteurs et détractrices (de nombreuses critiques venant de femmes, comme elle le regrette) se faire foutre.

Elle conclut l’épisode en revenant sur ses cheveux frisés, avec lesquels elle a longtemps eu une relation conflictuelle mais qu’elle a appris à aimer aujourd’hui. Une philosophie qu’elle souhaite appliquer au reste : “Mon rêve, ce n’est pas de corriger tous mes défauts, mais de faire la paix avec eux.” Un processus qui passe par l’instauration de nouveaux paradigmes, numériques ou non, de bienveillance, d’ouverture, d’amour. “On a l’opportunité de créer des endroits safe sur les réseaux sociaux.” Et Léna Mahfouf compte bien avancer dans ce sens-là.