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Bilan de milieu d’année : quels sont les 10 meilleurs albums de 2022 (pour l’instant) ?

Bilan de milieu d’année : quels sont les 10 meilleurs albums de 2022 (pour l’instant) ?

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Par Arthur Cios

Publié le

Le sixième mois de l’année vient de s’achever, c’est l’heure de faire un petit bilan, calmement.

L’été est enfin là, et il est l’heure du bilan de mi-mandat de cette année 2022.

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Côté albums, on a eu de belles perles. On sait que l’industrie ne mise plus trop sur des disques entiers, privilégiant les tubes, les playlists et les cartons sur les réseaux sociaux. Si vous êtes de cette branche-là, sachez qu’on vous a concocté une sélection de 100 titres made in 2022 parfaits pour l’été.

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Mais si vous aimez vous plonger dans l’univers d’un·e artiste et la cohérence d’un album entier, alors voilà les 10 qui nous ont le plus marqués pendant ces six premiers mois très prometteurs de 2022.

070 Shake – You Can’t Kill Me

La chanteuse-compositrice du New Jersey nous avait déjà cassé les rotules avec son premier album, Modus Vivendi, sorti début 2020. Deux ans et demi plus tard, 070 Shake revient avec son autotune, son R&B plus sombre que tout, sa mélancolie clamée sur des kicks saturée. Aimant toujours mettre dans son shaker de l’ambient, du rap, de la pop pure, et Aphex Twin, Danielle Balbuena persiste à pondre des chefs-d’œuvre avec une classe déconcertante.

Disiz – L’amour

Quand on a une carrière bien établie, chaque nouveau projet est un risque. Si l’on reste dans la même veine que le précédent, on manque d’originalité. Si l’on part sur toute autre chose, on a trop changé. Comment se renouveler et rester pertinent ? Disiz, plus de 20 ans de rap derrière lui, prouve qu’on peut toujours y arriver. Lui qui avait déjà surpris avec Pacifique renouvelle l’exploit avec L’amour, l’un de ses plus beaux albums à date. L’un des plus personnels, et des plus inspirés — de Frank Ocean, notamment. Fort, très fort.

Drake – Honestly, Nevermind

L’auteur de ces mots a encore du mal à comprendre la haine entourant le nouveau projet de Drizzy. Neuf mois tout juste après son dernier album, le Canadien revient avec un disque plus dansant que jamais. Sauf que contrairement à ce que le commun des mortels a pu clamer (surtout outre-Atlantique), rien n’est vain. S’il va puiser dans la musique électronique, c’est pour rappeler les racines de la house, y incorporer du jersey club, des rythmiques à la sauce Baltimore et plus encore. S’il veut le faire avec des nouvelles voix, il s’entoure de compositeur sud-africain Black Coffee ou du musicien congolais Tresor. Si vous voulez du bon vieux Drake, vous avez une discographie entière à votre disposition. Si vous voulez une prise de risque, au pire intrigante, au mieux méga-ambiançante, vous savez vers quoi vous tourner.

Harry Style – Harry’s House

Les superstars n’existent plus. Ou on peut les compter sur les doigts d’une main. Je parle de celles qui poussent plus loin un univers en restant universels. Harry est le pouce, Dua Lipa l’index, et on vous laisse combler le reste des doigts. Si à la première écoute de Harry’s House on peut déplorer le manque de “tubes” à la “Watermelon Sugar” ou “Treat People With Kindness”, la substance de ce nouvel album est à l’image du personnage, un tour de magie esthétique et référencé. Certains diront qu’il n’invente rien, et que les ballades d’avant n’ont pas besoin de redite, mais à l’écoute de “Little Freak” ou “Love Of My Life”, personne ne devrait se passer d’amour neuf. Harry’s House est comme une réédition restaurée en Blu-Ray d’un classique ; utile à l’époque.

Jack Harlow – Come Home The Kids Miss You

Au départ, on voyait arriver Jack Harlow avec un fond de dédain, le bon rappeur de la cour du lycée ne faisant pas le rookie de l’année. Pourtant, Come Home The Kids Miss You revient bizarrement régulièrement dans nos playlists, avec des petits tubes bien bricolés pleins d’adlibs prévisibles mais jouissifs. L’album est à l’image de sa collab’ avec KFC : pas franchement bien écrit, pas franchement révolutionnaire, mais terriblement réconfortant. Et puis vu que Drake sort des albums de house, on avait bien besoin d’un ersatz en marcel de l’époque Take Care.

Jacques – L’importance du vide

Isolé à Taghazout, où nous sommes allés lui rendre une visite, Jacques a décidé de tout recommencer. Lui qui tournait de salles en salles depuis des années à improviser des sons avec des objets du quotidien, a eu la mésaventure de se faire voler tout son matériel. Profitant de ce départ à zéro, l’artiste n’a pas seulement quitté la France, sa démarche était différente. À quoi ressemblerait un album de pop par Jacques, chanté, écrit et interprété par le bonhomme ? À L’importance du vide, à savoir un disque cohérent, dansant, mélancolique, et beau, toujours. Une des grandes réussites de cette première moitié de 2022, sans discussion.

Kendrick Lamar – Mr. Morale & The Big Steppers

Pour son dernier projet sur le label TDE, Kendrick Lamar a.k.a Oklama n’a pas fait les choses à moitié, puisque c’est avec un double album que le rappeur est revenu aux affaires. Un projet ambitieux, personnel et dense qui s’apprécie avec le temps. Plus proche de To Pimp A Butterfly (son meilleur album, si on demande son avis à l’auteur de ces lignes) que de DAMN, son dernier album solo sorti il y a 5 ans, Mr. Morale & The Big Steppers n’en est pas moins grandiose. Un projet qui assoit un peu plus la place de Kendrick Lamar au panthéon du rap.

Pusha T – It’s Almost Dry

À la fin de sa carrière, il faudra discuter de la constance de Pusha T à sortir des projets de haute facture. L’ancienne moitié de Clipse l’a encore montré avec It’s Almost Dry. Sur ce projet de 12 titres, l’artiste de Virginie est moins rappeur que sur Daytona, son précédent album sorti il y a 4 ans, mais toujours au-dessus de la mêlée quand il s’agit de faire des rimes sur la drogue dans la langue de Shakespeare. Porté par les singles “Diet Coke” et son sample de Fat Joe en intro ; “Neck & Wrist” avec Jay-Z, pour une nouvelle réunion de flow au sommet ; et “Hear Me Clearly” en featuring avec le designer japonais Nigo ont permis au 4e album studio de Pusha T d’atteindre les sommets des charts américains. Et c’est totalement mérité.

Rosalía – Motomami

Avec son précédent album, Rosalía avait déjà réussi un mélange des gens déconcertants. Car si El Mal Querer était profondément un disque de flamenco, y était infusé un amour pour le hip-hop et le reggaeton. Motomami va encore plus loin dans ce genre d’expérience. Rosalía ose tout. Moderniser la bachata, inclure du R’n’B dans de la salsa, sampler du Soulja Boy dans un titre de bolero. De la part de quelqu’un capable de collaborer autant avec Bad Bunny qu’avec une Arca, rien de surprenant à première vue. Sauf qu’en plus, elle le fait sur un disque où tous les titres sont des tubes, où rien n’est à jeter, en parlant d’elle beaucoup, et en s’amusant, surtout. Un disque déjà culte.

Superpoze – Nova Cardinale

Le magicien des notes est de retour. Et l’évolution de l’artiste est impressionnante. On n’a jamais cessé de clamer notre amour pour Superpoze, notamment depuis son deuxième album For We The Living, sorti en 2017. Sauf qu’en 5 ans, le bonhomme a pris du galon. Sans doute que le fait d’avoir, pendant ce laps de temps, composé plusieurs BO, a un rôle là-dedans. Peut-être que non. Qu’importe. Le fait est que Gabriel Legeleux a produit avec Nova Cardinale un disque d’une maturité et d’une qualité déconcertante. La composition, le travail sur les divers instruments, la spatialisation du son, la structure du disque. Tout laisse à penser que c’est un album important, qui sera revisité dans quelques années encore. En tout cas, c’est le plus beau disque de 2022 pour l’instant, et il y a des chances que ça reste le cas en décembre prochain.

Article écrit par Pharrell Arot, Arthur Cios et Abdallah Soidri.