Cannes : j’ai déjà ma Palme d’Or, Jacob Elordi n’est pas venu et j’ai consolé Selena Gomez

Cannes : j’ai déjà ma Palme d’Or, Jacob Elordi n’est pas venu et j’ai consolé Selena Gomez

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Par Flavio Sillitti

Publié le , modifié le

Les histoires normales d’un envoyé normal au Festival de Cannes.

Déjà près d’une semaine au Festival de Cannes. Ressenti trois mois, fatigue au maximum, alimentation opulente mais bordélique et ampoules noires aux pieds presque aussi dégueulasses que le nouveau film The Substance de Coralie Fargeat — ma Palme d’Or de cette année, je pense bien. Avec le retour du soleil (et de la sueur, des auréoles sur la chemise et des fronts qui perlent de transpi), le véritable Festival peut commencer.

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Cette année, le rythme est bien soutenu, et à toutes celles et ceux qui pensent que le Festival de Cannes ne consiste qu’à se prélasser sur la Croisette et à profiter du soleil entre deux projections, vous avez partiellement raison. Sauf qu’en bons journalistes de terrain que nous sommes, Cannes rime aussi avec allers-retours incessants d’un bout à l’autre de la Croisette, à la poursuite d’un rendez-vous ou d’une interview qui prend du retard ou qui s’annule tout bonnement après une heure d’attente en plein cagnard.

Le conseil d’Eva, la plus cannoise des Cannoises

Bref, ce n’est pas pour me plaindre, mais il y a de quoi transpirer sur la Croisette, loin du glamour et de l’effervescence cinéma. Les “tu tiens le coup ?” entre journalistes et autres corps de métier de cette grande fourmilière cinéphile sont d’ailleurs coutume. Du coup, pour me ressourcer, j’ai demandé à Eva Queen, la plus cannoise des Cannoises, quelle était l’adresse parfaite pour se prélasser sur la Croisette. J’ai été sur place, j’ai vu le prix des plats, j’ai fait demi-tour. Merci quand même Eva, et streamez Page blanche sinon, conséquences !

Des rumeurs et des galères

Le matin de la projection du film Oh, Canada de Paul Schrader, je suis évidemment surexcité. Ça y est, mon mari Jacob Elordi débarque sur la Croisette. À moins que ? Sacrilège, retenu sur un tournage, l’apollon préféré du cinéma indé a posé un lapin au Festival de Cannes cette année, et c’est une tragédie. J’ai vu Kinds of Kindness, j’ai été moins hypé par le film que par les rumeurs de l’afterparty, à laquelle je n’ai évidemment pas été convié. Mon prestige social sur la Croisette est à revoir, il me reste assez de jours pour rectifier le tir.

Heureusement, je me console le soir en dégustant la cuisine toujours fine et jolie de Jean Imbert sur la Plage Nespresso, à quelques tablées de Léna Mahfouf qui a choisi son papa comme +1 de ce dîner guindé — le genre de chose qui m’émeuve et qui me rappelle qu’elle est vraiment la meilleure d’entre nous. Mother.

Si mon accréditation upgradée de cette année me permet d’aller voir davantage de films, je n’oublie pas la galère dans laquelle j’étais l’an dernier, et je ne peux évidemment pas m’empêcher de regarder mes comparses galérien·ne·s aux alentours du Palais des Festivals avec compassion et solidarité, d’où ma décision de consacrer une de mes capsules à de valeureuses festivalières, en dèche d’une place pour le film Emilia Perez avec Selena Gomez (le film est incroyable). Une histoire qui finit bien : elles ont toutes pu aller voir le film de Jacques Audiard, au final. La magie de Cannes, hein.

La star de la night

Souvenez-vous, l’an dernier, je me suis retrouvé bloqué devant la soirée immanquable du Festival : celle de The Idol, à laquelle j’ai tenté d’accéder avec un bracelet recollé au chewing-gum — l’histoire est triste, mais je vous conseille quand même de la lire. Cette année, je change de stratégie ! J’ai rencontré Vassili, le vrai roi de la nuit cannoise, qui veille depuis treize saisons sur les précieux sésames du Silencio Club, à Paris comme à Cannes. Il m’a raconté son anecdote de client relou de cette année, et je me dis que j’aurai très bien pu être le tocard dans son histoire. Longue vie à Vassili.

Mais tu es incroyable, Selena

Dans la catégorie “à Cannes, la vie va trop vite”, j’ai eu la chance d’interviewer Selena Gomez. Rien que ça. Cerise sur le gâteau : c’est dans le cadre d’un film que j’ai adoré, Emilia Perez, que j’ai pu échanger quelques mots avec elle et son incroyable partenaire de jeu, Karla Sofía Gascón.

Alors que je lui pose une question sur l’importance d’honorer son héritage mexicain (le film se déroule à Mexico et est en espagnol), l’actrice et chanteuse s’autorise un moment de vulnérabilité en me confiant qu’elle est déçue par son niveau d’espagnol dans le film, ce qui ne retire rien à sa fierté d’en faire partie. Selena, si tu nous lis (j’en doute), on s’en balek de ton niveau d’espagnol, tu étais superbe dans le film.

Mes films vus jusqu’ici

  • Diamant brut d’Agathe Riedinger (⭐️⭐️) : L’audace de ramener un thème plus actuel que jamais, à savoir la téléréalité, sur les marches du Festival de Cannes, en ouverture de la Compétition officielle, en plus ! Un premier film de la réalisatrice française, qui met en lumière un casting d’actrices amatrices auquel on ne peut que s’attacher, et surtout partage cette envie corrosive de se faire aimer.
  • Les Fantômes de Jonathan Millet (⭐️⭐️⭐️) : Brillant thriller qui m’a tenu en haleine tout du long, porté par un scénario (inspiré d’une vraie histoire) qui dessine les contours du conflit civil en Syrie et surtout la possibilité (ou l’impossibilité) de se défaire d’un passé en guerre – victime comme bourreau. Adam Bessa est un grand monsieur plein d’intensité, avec un jeu sobre et extrêmement touchant.
  • La Jeune femme à l’aiguille de Magnus von Horn (⭐️⭐️⭐️⭐️) : Glaçant et visuellement captivant, le noir et blanc du nouveau film de Magnus von Horn, qui opère un 180 degrés plutôt étourdissant après son faux docu Sweat, m’a hanté toute la nuit. Ou alors c’est le lactose ingurgité à la soirée juste après que je n’ai pas réussi à digérer ? Bref, une histoire de bébés qui crient (argh, les gosses) avec un twist sordide qui va me rester en tête longtemps.
  • Les Reines du drame d’Alexis Langlois (⭐️⭐️⭐️⭐️) : Ce film est un feu d’artifice et une lettre d’amour extravagante à la culture queer où le réalisateur Alexis Langlois mise sur un maximalisme over the top pour célébrer le pailleté, le pop, le farfelu et la joie furieuse d’être atypique et débridé. Un vrai régal.
  • The Surfer de Lorcan Finnegan (⭐️) : Un film beaucoup trop hétérosexuel pour moi.
  • Emilia Perez de Jacques Audiard (⭐️⭐️⭐️⭐️) : Une histoire de narcotrafiquant qui souhaite effectuer une transition de genre et recommencer sa vie, avec Selena Gomez au casting, le tout dans une comédie musicale réalisée par Jacques Audiard ? Oui.
  • Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos (⭐️⭐️⭐️) : Il y a une scène d’orgie qui m’a fait rire comme jamais et je dois remercier Yórgos pour ça. Son génie est intact.
  • The Substance de Coralie Fargeat (⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️) : Le film parfait, subversif et bien crado, comme je les aime. Et Demi Moore, s’il vous plaît, une couronne ! Mother. Déjà ma Palme d’Or.