Ce week-end, le climat sera au cœur du festival de photojournalisme Visa pour l’image

Ce week-end, le climat sera au cœur du festival de photojournalisme Visa pour l’image

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© Dannie Jing/Unsplash

"Ça fait des années qu’on dit que la maison est en train de brûler, mais on n’a toujours pas bougé !"

Le festival international de photojournalisme Visa pour l’image débute samedi à Perpignan pour une 35e édition mettant le focus sur l’impact du dérèglement climatique et sur d’autres sujets d’actualité telles la crise des migrant·e·s, la guerre en Ukraine ou les révoltes en Iran. “Ça fait des années qu’on dit que la maison est en train de brûler, mais on n’a toujours pas bougé ! Il va falloir qu’on s’adapte : le changement climatique devient un problème urgent et si Visa peut aider à ce que les gens en prennent conscience, ce serait pas mal”, a déclaré à l’AFP le directeur du festival Jean-François Leroy.

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Les images de James Balog, Nick Brandt, Giles Clarke, Sandra Mehl ou encore Ian Berry montrent ainsi les conséquences de la cupidité humaine et de la surexploitation des ressources de la planète sur la nature mais aussi sur des populations privées d’eau, empoisonnées par les pesticides, voire contraintes à l’exil. Animaux d’espèces menacées dont l’habitat naturel se réduit comme peau de chagrin, arbres anciens et gigantesques qui font figure de survivants, incendies, exploitations minières, fonte des glaciers sont autant de thèmes que James Balog explore depuis quarante ans.

Nature et humains en danger

Nick Brandt témoigne de l’impact sur l’humain avec ses portraits de personnes dont maisons et moyens de subsistance ont été détruits par la sécheresse ou les inondations au Zimbabwe, au Kenya, en Bolivie. “Sans eau, nous mourrons”, avertit Giles Clarke en montrant une Somalie privée de pluie et menacée par la famine. La terre et l’eau, ressources précieuses et contaminées, comme en témoignent les images de Cristopher Rogel Blanquet sur les plantations horticoles au Mexique ou celles de Ian Berry sur les populations déplacées en Inde, au Bangladesh, en Éthiopie ; Sandra Mehl montrant que même les États-Unis connaissent leurs premier·ère·s réfugié·e·s climatiques, en Louisiane.

Un dérèglement du climat qui n’épargne même pas la première puissance économique mondiale, dont tant de migrant·e·s rêvent pourtant de fouler le sol, se lançant pour cela dans de périlleuses traversées. “À force de donner des chiffres de morts et de disparus en mer, ils deviennent des statistiques, et nous voulons montrer que derrière ça, il y a des humains qui souffrent et qui prennent des risques insensés pour s’accorder une vie meilleure”, souligne Jean-François Leroy.

Michael Bunel montre ainsi ces êtres qui affrontent une Méditerranée devenue “la route migratoire la plus meurtrière du monde” et Federico Rios Escobar l’enfer du Darién, jungle inextricable entre la Colombie et le Panama, qu’affrontent des migrant·e·s de tous les continents aspirant à rejoindre les États-Unis. Comme toujours, Visa met l’accent sur de telles problématiques au long cours et sur des sujets d’actualité, comme la guerre en Ukraine mais aussi les révoltes en Iran, avec une exposition collective de photographes quasiment tous·tes anonymes.

Expos, projections et débats

“Ce sont des photos qu’on a récupérées sur les réseaux sociaux ou par VPN et c’est une première à Visa, mais parce qu’en Iran, il n’est plus possible de travailler”, de s’identifier comme photographe, précise le directeur du festival. L’intelligence artificielle sera par ailleurs le thème d’une des tables rondes, Jean-François Leroy estimant que l’IA “va forcément changer des choses pour les photographes d’illustration”. Quant aux photos d’actualité, qui doivent “appréhender la réalité du terrain, ça ne remplacera jamais l’œil humain, la sensibilité humaine”.

Faisant le bilan des 35 années de Visa, son directeur note qu’elles ont été marquées par “la révolution du numérique”, l’accélération de la vitesse de transmission des images, mais “ce qui n’a pas changé, c’est l’engagement des photographes et leur talent”. “Les journaux produisent moins, les journaux paient moins, mais il n’empêche que tous les ans, on voit débarquer des jeunes qui ont la passion et l’envie d’exercer ce métier, et ça, c’est plutôt rassurant !”

Au total, vingt-quatre expositions et six soirées de projection, en accès gratuit, ainsi que des débats, des conférences et des rencontres avec les photographes sont prévus pour cette édition, dont les différents prix seront remis à partir du 6 septembre, avec en point d’orgue le Visa d’or News le 9 septembre.