C’est quoi ce “musée-valise” qui va rendre visite aux patients d’un hôpital psychiatrique à Paris ?

C’est quoi ce “musée-valise” qui va rendre visite aux patients d’un hôpital psychiatrique à Paris ?

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© Thibaut Chapotot/Fondation Carmignac

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Par Donnia Ghezlane-Lala

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"Mais comment faire rentrer toute l’expérience sensorielle et esthétique d’une exposition, grandeur nature à Porquerolles, dans un musée-valise sur roulettes ?"

C’est une très jolie “exposition voyageuse, nomade” que prépare la Villa Carmignac, un lieu d’art situé dans le sud de la France, sur l’île de Porquerolles. Le “musée-valise” de la Villa Carmignac va investir les couloirs et chambres d’un hôpital psychiatrique parisien pour au moins un an. C’est le GHU Paris psychiatrie & neurosciences qui accueillera en premier cette exposition itinérante et qui organisera une médiation autour de ce projet, pour les patient·e·s, le personnel soignant, les proches en visite et autres curieux·ses.

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“Porquerolles est un site exceptionnel, mais tout le monde n’a pas la chance d’y passer chaque année. Alors nous avons imaginé une exposition nomade, appelée à voyager indéfiniment pour aller à la rencontre du public et notamment celui dans l’incapacité d’aller au musée”, écrit Charles Carmignac, directeur du musée. “Que reste-t-il d’une exposition quand elle a fermé ses portes ? Un catalogue, les souvenirs de ceux qui l’ont visitée, quelques images… Nous ne pouvions nous résigner à voir ainsi disparaître ‘La Mer imaginaire’, l’exposition conçue par l’américain Chris Sharp, et présentée à la Villa Carmignac sur l’île de Porquerolles en 2021”, poursuit-il en promettant qu’après l’hôpital, la malle voyagera dans des prisons et des écoles.

© Thibaut Chapotot/Fondation Carmignac

L’exposition de Chris Sharp a donc été reproduite sous la forme d’une valise sur roulettes de taille moyenne. Au sein de ce “musée-valise”, on retrouvera des œuvres de Bianca Bondi, Yves Klein, Paul Klee, Dora Maar, ou encore Shimabuku. C’est l’artiste, musicien et architecte Stephan Zimmerli qui a imaginé la malle en question. “Mais comment faire rentrer toute l’expérience sensorielle et esthétique d’une exposition, grandeur nature à Porquerolles, dans un musée-valise sur roulettes ?”, s’est interrogé le directeur. Là est bien la question, et si on en croit les premières images de ce projet, on voit bien là une réussite.

Le bleu de la valise est là pour évoquer la mer qui borde l’île de Porquerolles. Pour bénéficier d’une richesse d’œuvres, Zimmerli a pensé sa valise comme un cabinet de curiosités, comme un petit plateau de marionnettiste et de micro-théâtre : écrans, tiroirs, lumières dissimulées, doubles fonds… La représentation s’animera pour son public alité : “Les sens sont également mobilisés, car même si les embruns et les parfums d’eucalyptus de Porquerolles sont absents, les œuvres se regardent, se touchent ou s’écoutent ; on interagit et on repart avec une œuvre originale dans la paume de la main”, explique Charles Carmignac. De quoi permettre aux Parisien·ne·s, et surtout à des publics peu mobiles de voir ces travaux artistiques si on ne peut pas se déplacer jusqu’à Porquerolles. Et avec une touche de magie.