Cette exposition explore nos déchets, oui, oui, nos déchets

Cette exposition explore nos déchets, oui, oui, nos déchets

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© Marc Newberry/Unsplash

L’avenir se trouve peut-être dans nos déchets.

Et si tous les déchets produits par l’homme en 200 ans servaient à concevoir les objets de consommation de ce nouveau siècle ? À la Cité des Sciences et de l’Industrie, à Paris, le déchet, c’est de l’or. Pour l’imagination des designers, et aussi pour le climat. Les musées ont depuis longtemps accueilli les œuvres dénonçant la société d’hyperconsommation de la fin du XXe siècle : César et ses compressions de carrosseries automobiles, Arman et ses accumulations d’objets, ou Andy Warhol et ses logos détournés de marques de soupe ou de lessive.

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Ici, ni interactive ni galerie d’art, l’exposition “Précieux déchets” ouverte jusqu’au 1er septembre 2024 aborde la consommation via de spectaculaires vêtements biodégradables réalisés à partir de varech breton ou des meubles design imaginés à partir d’échafaudages de chantier mis à la benne à ordure. Quelque 200 objets recyclés à partir de déchets sont réunis, dont certains déjà produits en série. Au total, 75 projets de recyclages originaux imaginés par de jeunes designers néerlandais·es, français·es, britanniques, polonais·es, suédois·es ou mexicain·e·s. Ils ont été rassemblés par la commissaire de l’exposition Dorothée Vatinel, qui a elle-même “recyclé” une exposition initialement lancée par le Design Museum de Londres “et qui sera recyclée !”, dit-elle.

Le plastique, et les nouveaux modes de vie

Divisée en trois parties, l’exposition mêle de grands noms comme la créatrice de mode Stella McCartney et des cabinets de design pointus. Elle illustre “l’apogée des déchets” issus de la surproduction industrielle, met en scène leur “potentiel” de revalorisation et va jusqu’à imaginer “la fin” des déchets, avec de nouveaux modes de vie. Ainsi, de judicieux carreaux de sol en coquillages concassés voisinent avec des baskets adidas réalisées à partir de filets de pêche dérivant en mer. Dans la troisième partie, un tissu noir “triporious” (créé par Sony à partir de balles de riz) affiche sa capacité à absorber des polluants microscopiques ou purifier l’air.

La rapidité de l’invasion du plastique en particulier frappe l’œil. Après la bakélite inventée en 1907 par le chimiste belge Leo Baekeland et les boîtes Tupperware des années 1950, c’est l’apparition du sac en polyéthylène à usage unique en 1965, inventé par la firme suédoise Celloplast, qui scelle le grandiose et funeste destin du plastique jetable : celui qui s’incruste dans la nature en la modifiant se dissout en micro-plastiques et pénètre le vivant. L’exposition, dont la façade est ornée de balles de cannettes métalliques triées et compressées, s’ouvre sur des “plastiglomérats”, nom inventé par une scientifique et une artiste canadiennes pour désigner les concrétions mêlant pierre et plastique fondu, qu’on retrouve parfois sur des plages.

Une frise chronologique depuis le XVIIIe siècle rappelle que c’est l’industrialisation qui a créé les premiers déchets qui ne se décomposaient plus. Avant, on recyclait les peaux de lapin comme les tuiles. Mais au début du XIXe siècle, des cours d’eau sont devenus “noirs comme de l’encre” à cause des résidus issus de distilleries de jus de betterave et de teintureries industrielles. À la Cité des Sciences, parallèlement, se tiennent deux autres expositions liées au climat. L’une sur “l’urgence climatique” se propose d’expliquer les causes et les conséquences du réchauffement, l’autre sur les villes de demain expose des innovations concrètes pour s’adapter au nouveau monde. Des trouvailles technologiques pour repérer les fuites d’eau, végétaliser les toits ou recycler le béton.