Comment la photographie a joué un rôle important dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage

Comment la photographie a joué un rôle important dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage

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© Bettmann/Getty Images

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Au XIXe siècle, le célèbre abolitionniste Frederick Douglass utilisait la photo comme un levier politique, en réponse directe au discours raciste dominant.

S’il existe bien davantage de photographies de Frederick Douglass que d’Emily Dickinson, Abraham Lincoln ou toute autre personnalité états-unienne du XXe siècle, ce n’est pas tout à fait un hasard. Le célèbre abolitionniste, auteur et diplomate, né en condition d’esclavage, avait saisi, dès les débuts de la photographie, le pouvoir de l’image et l’importance de disposer librement de la sienne.

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Face à la diffusion massive d’iconographies racistes, de caricatures et de blackfaces montrant les personnes noires arborant de larges sourires subordonnés, Frederick Douglass a pris soin – de ses 20 ans à sa mort, survenue à 78 ans en 1895 – de poser vêtu de costumes trois-pièces, le regard droit et la mine sérieuse. Ainsi, il a offert, 60 ans durant, des représentations dont les personnes noires étaient alors privées, refusant d’avoir l’air d’un “esclave heureux, aimable, fugitif”, tel que le rapporte AJ+.

Critique d’art, en plus de ses activités politiques, Frederick Douglass a “abondamment écrit sur la photographie de portrait”, détaille la National Portrait Gallery, organisatrice d’une grande exposition sur la vie du célèbre abolitionniste. Il louait la “véracité” que permet la photographie, au contraire de la propagande raciste permise par les caricatures et représentations, elles-mêmes racistes, alors d’usage. Il appuyait également la façon dont la photographie immortalisait l’humanité des modèles, créant davantage de compréhension entre les êtres.

Arguant qu’art et activisme étaient intimement liés, Frederick Douglass était bien déterminé à montrer toute la dignité et la résilience des personnes en condition d’esclavage à travers la photographie. C’est à 20 ans que lui-même avait fui cette condition avant de mener le combat de sa vie, en faveur de l’abolition. 130 ans après sa mort, l’importance qu’il donnait à l’appropriation et la disposition de sa propre image est toujours d’actualité : bien loin d’être superficielle, la possibilité de porter sa voix, son image et son existence est un droit, un acte militant au service du collectif, du dialogue et de l’égalité.

L’exposition “One Life: Frederick Douglas” est visible à la National Portrait Gallery du Smithsonian, à Washington, jusqu’au 21 avril 2024.