Dans son journal intime, Alan Rickman se confie avec émotion sur Rogue et la saga Harry Potter

Dans son journal intime, Alan Rickman se confie avec émotion sur Rogue et la saga Harry Potter

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© Warner Bros.

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Par Adrien Delage

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Les mémoires de l’acteur, rassemblés dans Madly, Deeply: The Diaries of Alan Rickman, paraîtront en octobre en Angleterre, aux éditions Henry Holt & Company.

Le 14 janvier 2016, le monde apprenait avec une grande tristesse la mort d’Alan Rickman, acteur de renom à la voix inoubliable et comédien prolifique sur les planches de Broadway. Mais une grande partie de ses fans endeuillés le connaissait principalement pour son interprétation brillante, taiseuse et ambiguë de Severus Rogue dans la saga Harry Potter, rôle pour lequel il a toujours été le premier choix de J. K. Rowling en personne.

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S’il nous reste le souvenir des huit films pour se consoler, l’éditeur britannique Henry Holt & Company publiera le 18 octobre le journal intime de l’acteur, compilé par Emma Thompson dans Madly, Deeply: The Diaries of Alan Rickman, dont le Guardian a partagé quelques extraits passionnants, voire très émouvants.

Alan Rickman avait commencé à tenir un journal intime au début des années 1970, dans lequel il inscrivait notamment des dates d’anniversaire et autres rendez-vous importants. Mais en 1992, son carnet de poche devient un véritable exutoire cathartique, où l’acteur note des pensées et des ressentiments bien plus profonds et personnels.

Alan Rickman évoque parfois ses opinions politiques, son avis sur des dramas hollywoodiens, l’état du cinéma à l’époque, et se confie aussi sur la saga Harry Potter, le rôle du professeur Rogue, ou encore son travail avec ses partenaires de jeu et les membres de l’équipe des films, de Daniel Radcliffe au réalisateur Alfonso Cuarón en passant par ses conversations secrètes avec J. K. Rowling.

“Daniel Radcliffe n’est pas un acteur”

On apprend ainsi qu’au début des années 2000, alors que les romans Harry Potter déchaînaient les passions dans les librairies et que les studios Warner Bros. planchaient sur les premières adaptations au cinéma, l’autrice avait confié à Alan Rickman seulement l’amour secret de Rogue pour Lily Potter, la mère du jeune héros sorcier, protagoniste de ses romans.

L’idée était de le convaincre que le parcours énigmatique et sombre du maître des potions tiendrait quasiment jusqu’à la fin des romans, ayant secrètement fait le sacrifice ultime de sa vie pour être un agent double et protéger Harry de Voldemort. Tout au long de la saga, J. K. Rowling et Alan Rickman ont eu plusieurs discussions dans le but de convaincre ce dernier que Rogue était l’un des personnages les plus torturés et passionnants nés dans son imaginaire.

Dans la suite des extraits, on découvre une facette très tendre d’Alan Rickman. Il complimente notamment la mise en scène artistique et originale d’Alfonso Cuarón sur Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, qu’il considère comme “un travail extraordinaire”.

À l’inverse, l’acteur pouvait parfois se montrer assez dur envers ses pairs comme Daniel Radcliffe, qu’il apprécie humainement mais qu’il ne considère pas “comme un acteur”, plutôt comme un futur réalisateur et/ou producteur. Dans la même veine, il souhaitait parfois “frapper la tête des trois David contre un mur” sur le tournage de Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, en référence aux producteurs David Heyman et David Barron ainsi qu’au réalisateur David Yates, dont il n’appréciait pas toujours l’écriture et la direction.

Alan Rickman ponctuait également son journal d’intime de superbes illustrations dont celle-ci, qui évoque la scène du hangar à bateaux où Severus Rogue meurt. (© Rima Horton/The Estate of Alan Rickman/<em>The Guardian</em>)

Mais la partie la plus émouvante du journal revient sur les nombreuses fois où Alan Rickman a failli quitter l’aventure Harry Potter. D’abord juste après La Chambre des secrets, puis en 2005, entre les sorties de La Coupe de feu et L’Ordre du Phénix. Pour cette fois-ci, s’agit de la période où il découvre être atteint d’une forme rare et violente de cancer de la prostate, pour lequel il a subi une lourde opération. Dans son journal, qui transpire sa force de caractère, il explique les raisons qui l’ont convaincu d’incarner le professeur Rogue jusqu’à la fin :

“Finalement, j’ai dit oui à Harry Potter 5. J’ai la sensation que ce n’est ni bon ni mauvais. Mais l’argument qui m’a convaincu est celui-ci : ‘Va jusqu’au bout, cette histoire n’appartient qu’à toi.'”

Les quelques extraits partagés par le Guardian nous permettent déjà de mieux percevoir la relation parfois confuse, voire étouffante, entre Alan Rickman et la popularité écrasante de la saga Harry Potter. Vous n’y trouverez peut-être pas le moyen d’enfermer la mort dans un flacon, mais une vérité sincère et touchante sur l’homme derrière la robe de sorcier.