Cinq grandes scènes, pas classées. Juste une manière de se replonger dans la carrière d’un homme, d’un cinéaste, qui nous manque déjà.
À voir aussi sur Konbini
L’apparition dans Mulholland Drive
Un peu facile, tant on est sur la scène la plus connue de sa carrière, de très loin. Il faut dire qu’on est sur ce qui doit être la scène la plus “lynchienne”. Sombre, surréaliste, jouant sur la notion de temps, sur la frontière entre rêve et réalité (cauchemar, en l’occurrence).
L’homme qui raconte son cauchemar d’une apparition dans l’allée derrière le diner où ils sont, et qui, quand il y va pour se rassurer, voit la monstrueuse personne présente. Une manière pour Lynch d’indiquer que tout ce dont on rêve vient du réel, et inversement – et surtout que le surréalisme doit nous attendre à chaque coin.
Et puis, l’un des jump scares les plus efficaces de l’histoire du cinéma. Ni plus ni moins.
La fin d’Elephant Man
Ce qui suit sera un spoiler, donc si vous n’avez pas vu le chef-d’œuvre qu’est Elephant Man, passez à la scène suivante. Mais difficile de parler du film sans citer la fin. On hésitait avec le début et son montage de scènes candides d’éléphants et d’une femme hurlant, cauchemardesque, ou de bien d’autres scènes, hein. Mais celle qui reste est bien celle du lit final.
On sait rapidement dans le film que Merrick ne peut pas s’allonger, au risque de s’étouffer avec le poids de sa tête. On l’avait presque oublié quand Lynch nous informe très sobrement qu’il s’apprête à se suicider en passant une nuit “normale”. Difficile de ne pas avoir les larmes coulant à flots continus sur les joues à ce moment-là.
L’ouverture du bébé dans Eraserhead
On hésitait avec la scène où Spencer apprend qu’il a un bébé, scène marquante, pas tant parce qu’on ne découvrait pas qu’une figure perturbante, mais bien un auteur à part. Mais en réalité, la plus traumatisante, importante, et puissante, reste et demeure celle où il ouvre le tissu entourant cette créature.
Pas de peau, des cris tétanisants, de la douleur permanente. Déjà de bas, le bébé est l’élément le plus puissant du film. Mais quand on découvre son intérieur, cela cause automatiquement des cauchemars à toutes celles et tous ceux regardant le film pour la première fois. On vous aura prévenus.
Le premier passage dans la chambre rouge de Twin Peaks
Pfiou. On savait qu’on regardait l’une des plus grandes séries de l’Histoire, mais alors tout bascule dans l’épisode 3 de la première saison. Le cauchemar de Cooper qui débarque dans la célèbre chambre rouge, avec cet homme parlant à l’envers et le fantôme de Laura Palmer (ou pas).
Sorte d’enfer, salle d’attente de la mystique Black Lodge, tout est là. Au milieu de ce qu’on croyait être un “thriller classique”. Et ce n’était que le début. Du grand Lynch, de bout en bout.
L’homme mystérieux dans Lost Highway
Difficile de choisir, et de ne pas citer Dennis Hopper partant en vrille après avoir inhalé le gaz l’emmenant dans un délire quasi freudien, les lapins dans Inland Empire (!) ou n’importe quelle scène de Sailor et Lula en réalité. Mais Lost Highway reste et restera l’une des plus grandes œuvres de Lynch.
On aurait pu parler de la découverte de la cassette, de la maison en feu à la fin, mais quand on pense au film, la première image qui nous vient, c’est bien celle de l’apparition de l’homme mystérieux incarné par Robert Blake à une fête. Le diable, un mirage, l’inconscient. On ne sait pas, ne saura jamais, mais la sensation de bizarrerie nous colle à la peau, encore aujourd’hui.