Du fun, des coups de soleil et de l’Internet : l’artiste Thomas Mailaender expose son laboratoire d’images

Photographe, chineur d’images, artiste multimédia, archéologue de notre époque contemporaine… Thomas Mailaender a plus d’une corde à son arc. Pour rendre hommage à son travail expérimental et protéiforme, la Maison européenne de la photographie (MEP) a donné carte blanche à l’artiste, qui s’est emparé des deux étages de l’institution parisienne pour en faire son laboratoire de recherches visuelles. Une exposition intitulée “Les Belles Images”, à découvrir du 12 juin au 29 septembre 2024.

Originaire de Marseille, c’est en section photographie aux Arts Décoratifs de Paris, puis à la Villa Arson de Nice que Thomas Mailaender a précisé sa pratique et son univers artistique. Partisan de l’absurde et du kitsch, il a beaucoup questionné la matérialité de la photographie et s’est emparé de différents supports et techniques, dont la céramique, la photocéramique, le collage, l’installation ou encore des techniques anciennes comme le cyanotype, pour réinvestir des images chinées sur Internet et dans des marchés aux puces.

Archives du fun, photo-tatouage et femme argentée

“Les Belles Images” donne logiquement à voir la série éponyme de l’artiste dans laquelle il s’approprie des images de banques d’images, mais aussi plusieurs autres de ses travaux, dont son impressionnante collection The Fun Archeology, pour laquelle il a collecté plus de 11 000 documents en une dizaine d’années de travail d’archivage. “Un large spectre de matériel qui va de la relique de guerre à la photographie érotique, de l’album de photos de famille au tract politique, de la création amateur à l’épreuve d’artiste signée”, décrit l’écrivaine Anne Berest au sujet de cette série qui fouille dans les images insolites voire absurdes du XXe siècle.

Cette rétrospective inédite s’attarde aussi sur le projet photographique Life and Adventures of a Silver Woman on Planet Earth, qui document le parcours de Rosemary Jacobs, une femme états-unienne victime du nitrate d’argent. Après que sa peau est devenue grise, Rosemary Jacobs s’est engagée contre l’utilisation médicale de ce composé chimique.

Sur les deux étages de la MEP, on retrouve également sa série Extreme Tourism qui met en scène un tourisme brûlant et intense à travers des montages des images du photographe hawaïen Steve Young, spécialisé dans les éruptions volcaniques, mais aussi les photomontages amateurs 2.0 de Gone Fishing. Toujours inscrite dans son travail de recherche sur la place de l’image, Illustrated People donne à voir une performance de l’artiste pour laquelle il a imprimé des négatifs photo sur la peau de modèles grâce à une lampe UV. Autant de projets qui offrent un regard frais sur la matérialité de l’image.

“Les Belles Images” de Thomas Mailaender est à découvrir du 12 juin au 29 septembre 2024 à la Maison européenne de la photographie (MEP), à Paris.

Konbini, partenaire de la Maison européenne de la photographie.