Le Storting norvégien (l’institution exerçant le pouvoir législatif du pays) a annoncé l’adoption d’amendements à son “Marketing Control Act” voté en 2009. La loi visait entre autres à “aider à réduire la ‘pression autour du corps’ au sein de la société à cause des modèles retouchées dans la publicité”.
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Ce mois de juin 2021, l’institution législative a décidé de faire un pas en avant dans la lutte contre les problèmes de dysmorphie corporelle induits par l’affluence d’images de corps et de visages filtrés, retouchés ou passés sur le billard. Le décret en question oblige les internautes à indiquer sur tout contenu publicitaire ou sponsorisé si leur photo est retouchée :
“Entre autres choses, il sera obligatoire de marquer toute publicité retouchée ou manipulée lorsque le corps de la personne représentée s’écarte de la réalité en termes de forme corporelle, de taille et de peau”, stipule l’amendement.
Un label fourni par le ministère des Enfants et des Affaires familiales devra ainsi accompagner toute image publicitaire modifiée et diffusée sur les réseaux sociaux – qu’il s’agisse d’Instagram, Facebook, TikTok, Snapchat ou Twitter, précise It’s Nice That. Les personnes récalcitrantes pourraient être confrontées à “de lourdes amendes voire, en cas extrêmes, à un temps d’emprisonnement”.
Pour toucher les jeunes, la nécessité de s’attaquer aux réseaux sociaux
Pareille législation n’existe en France qu’en direction des publicités des publications papiers et médias – et ce depuis octobre 2017 –, mais pas pour les contenus publicitaires diffusés sur les réseaux sociaux par des internautes. Sachant que les réseaux sont investis par des jeunes (de plus en plus jeunes), il est apparu indispensable à la Norvège de s’atteler à la lutte contre le diktat de beauté directement sur leur terrain de jeu.
Instagram reconnaît également le problème. En octobre 2019, le réseau social annonçait son intention de “bannir de sa plateforme tous les filtres associés à la chirurgie esthétique”. Malgré cette interdiction, un véritable “marché noir des filtres pro-chirurgie“ continue de voir le jour sur la plateforme dédiée à la photo.
Une initiative nécessaire
L’initiative de la Norvège a beau être saluée par des influenceur·se·s locaux·les, le ministère lui-même reconnaît que le contrôle de l’application de la loi s’annonce difficile. De plus, les contours de cet amendement ne sont pas tout à fait définis : on ne sait pas si les retouches de lumière ou de saturation (parfois utilisées pour éclaircir les peaux) sont soumises au label.
Malgré les difficultés inévitables allant de pair avec un tel projet, ce dernier a le mérite d’ancrer la discussion dans le champ politique et de faire de la santé mentale et des troubles liés à la dysmorphie corporelle un véritable sujet de société.