Expos, concerts, stand-up et ateliers : la Syrie sous toutes ses couleurs se dévoile ce week-end

Expos, concerts, stand-up et ateliers : la Syrie sous toutes ses couleurs se dévoile ce week-end

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© Yara Al Hasbani

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Par Lise Lanot

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Le festival Syrien n’est fait est de retour pour sa 8e édition placée sous le thème du rapport à la terre.

Le festival d’art engagé Syrien n’est fait revient ce week-end, du 22 au 24 septembre 2023, pour sa huitième édition dédiée au thème “Terre, mon amour”. Une multitude d’événements, collaboratifs ou non, animeront ces trois jours afin de faire rayonner la Syrie, son histoire, ses productions culturelles et artistiques, au-delà des atrocités de la guerre civile qui y fait rage depuis 2011.

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Le festival multidisciplinaire a été créé en 2016, cinq ans après le début de la guerre et le départ forcé de millions de personnes fuyant les bombardements du régime. “En 2016, il y avait déjà une grosse communauté d’artistes syriens en France. Cela a créé le besoin de promouvoir ces artistes, de les aider et de créer un espace pour faire vivre leur art, le tout avec une dimension politique”, nous précisait déjà Jade Kahhaleh, membre de l’équipe franco-syrienne de Syrien n’est fait, l’année dernière.

A Garden in Ghouta. (© Syria Notes)

Après la mise en lumière des mémoires individuelles et collectives l’année dernière, c’est cette année “le rôle complexe de l’agriculture dans le contexte syrien” qui est souligné, notamment “sa tragique instrumentalisation par le régime pour affaiblir les esprits dissidents, mais aussi son rôle clé dans la survie des populations assiégées”. Les séismes de février dernier ne sont évidemment pas bien loin, et les images du “sol syrien sabré de fissures” ont entre autres motivé ce choix agricole. “Au-delà de ça, c’est un thème qui nous tient a cœur car nous sommes très attachés a notre terre syrienne, autant dans sa dimension territoriale qu’agricole”, ajoute Jade Kahhaleh.

Le lien à la terre est célébré de façon littérale et métaphorique. Chérir sa terre revêt un tout autre sens lorsqu’on a dû la quitter, lorsqu’on la voit ravagée par la guerre. C’est sans doute pour cela, note le festival que “nombre de Syrien·ne·s exilé·e·s ont trouvé dans le fait de cultiver la terre un moyen de prendre racine dans leur terre d’exil, mêlant l’essence de leurs origines à l’opportunité de nouvelles possibilités”.

De façon littérale, c’est un thème “qui nous tient à cœur car nous sommes très attaché·e·s à notre terre syrienne, autant dans sa dimension territoriale qu’agricole. Nous en sommes privé·e·s, elle nous est confisquée, les Syrien·ne·s et les amoureux·ses de la Syrie ne peuvent pas y retourner. Moi, je vois la Syrie dans mes rêves, j’aimerais pouvoir arpenter les rues de Damas à nouveau, mais je ne peux pas. La terre syrienne ne vit désormais que dans nos mémoires et notre imaginaire. Et pourtant nous sommes des amoureux·ses de la terre syrienne : ses fruits, ses couleurs, son odeur, sa richesse, son histoire et sa générosité”, partage Jade Kahhaleh.

La terre de Gévar, réalisé par Qutaiba Barhamji. (© Haut les Mains Productions)

Le public est invité à participer à des conférences, à des ateliers (façonnage du khobz, initiation à la danse dabkeh), à des repas (“mezzés, saj, dîners syriens avec plats traditionnels, ou encore un brunch syrien le dimanche”), à des concerts (“du oud traditionnel au jazz en passant par le psychédélique ou le rock, mais également des DJ sets, avec une invitation de la fameuse radio parisienne Radio Flouka”) et la nouveauté de cette huitième édition, un spectacle de stand-up.

Une grande partie du festival rend hommage à la Ghouta, le “poumon de Damas”, qui permettait au peuple syrien de se nourrir “depuis toujours” “La Ghouta a été complètement dévastée pendant les attaques chimiques perpétrées il y a tout juste 10 ans par le régime, qui ont non seulement tué plus de 1 500 civil·e·s asphyxié·e·s au gaz sarin, mais qui a aussi complètement détruit cette terre qui était notre champs.” L’exposition “Un jardin dans la Ghouta” et la conférence “Notre Paradis perdu : la Ghouta de Damas” reviennent sur ce douloureux sujet.

A Garden in Ghouta. (© Syria Notes)

Comme chaque année depuis huit ans, Syrien n’est fait souhaite apporter des messages de “résilience” et d’“espoir”, “un hommage vibrant à la vie” pour nous rappeler que “même dans les périodes les plus sombres, les graines de l’espoir germent toujours” : “L’amour de la terre émerge comme un phare, illuminant l’indomptable résilience du peuple syrien, et éclairant le chemin vers un avenir où la terre syrienne tremblera non pas de peur, mais de la force collective de celles et ceux qui la chérissent”.

© Artino van Damas

Edleb. (© Radwan Alhomsy)

Subhi Shuaib, Return to the Village, 1952. (© Fondation Atassi)

La 8e édition du festival Syrien n’est fait a lieu du 22 au 24 septembre 2023 aux Arches citoyennes et à l’Hôtel de Ville de Paris, dans le 4e arrondissement parisien.