Le couvre-feu gagne du terrain dans l’Hexagone, mais cela ne nous empêche pas de profiter du monde de la fête et des paillettes par procuration. Le beau Brooklyn Museum de New York propose une exposition dédiée à un lieu emblématique des nuits des années 1980. Le sol du mythique Studio 54 a été foulé par les personnes les plus en vogue de l’époque : Bianca Jagger (qui y a même célébré son anniversaire), Grace Jones, Iman, David Bowie, sans oublier toute la clique d’Andy Warhol s’y rendaient fréquemment.
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Ce n’était pas seulement son carnet d’adresses qui faisait l’aura du Studio 54. Sa folle ambiance et ses extravagances rendaient le lieu incontournable pour le gotha new-yorkais. Il n’était pas rare de voir débarquer sur la piste de danse des invité·e·s en patins à roulettes ou à cheval, de se retrouver nez à nez avec une robe en ballons gonflables ou de nager dans (littéralement) des tonnes de paillettes.
“Ballon rouge”, 1979. (© Dustin Pittman)
On raconte que pour un réveillon du Nouvel An, Robert Isabell, qui y organisait les événements, avait justement déversé quatre tonnes de paillettes sur le sol du club, créant une couche épaisse d’une dizaine de centimètres.
“On avait l’impression de marcher sur de la poussière d’étoiles. Les gens avaient des paillettes dans les cheveux, dans leurs chaussettes. Ils en retrouvaient dans leur chambre six mois après la soirée”, racontait en 2009 au New York Times Ian Schrager, un des deux fondateurs de la discothèque.
“Bianca Jagger fête son anniversaire au Studio 54”, 1977. (© Rose Hartman)
Une soupape de décompression disco
Lieu sacré de la décadence, de la drogue et du sexe, le Studio 54 était aussi un temple de la danse et de la musique. Les fêtard·e·s, un sein ou un bout de torse à l’air, dansaient le hustle et profitaient des concerts des reines du disco Diana Ross et Donna Summer.
Cette soif d’accéder à une échappatoire festive tirait son origine du contexte socio-économique du pays. Les années 1970 correspondent à “la fin de la guerre du Vietnam, à l’essor du mouvement des droits civiques et aux luttes féministes et LGBTQ+, à un New York en pleine banqueroute assoiffé de transformation sociale et créative”, explique le musée.
“Le coup de minuit au Studio”, 1978/1979. (© Dustin Pittman)
Le bourgeonnement avant-gardiste de cette ville de la côte est (et ses loyers alors peu chers) attirait de jeunes profils éclectiques en manque d’aventures, souvent à l’étroit dans leur ville d’origine. Le Studio 54 se voulait un espace de liberté, où s’épanouissaient et se rencontraient des personnes aux orientations sexuelles, classes sociales et histoires différentes.
L’exposition tente de condenser cette énergie caractéristique du lieu et de l’époque, renforçant cette mythologie (de plus en plus érodée) qu’à New York, tout est possible. Le musée présente des photos mais aussi des dessins et des vidéos. Il n’y est pas question de simplement s’immerger dans l’ambiance du Studio 54, mais bien de comprendre son attrait (passé et présent) en retraçant l’histoire du lieu et de la ville.
“Pat Cleveland sur la piste de danse, lors de la soirée disco de Halston au Studio 54, en 1977. (© Guy Marineau/WWD/Shutterstock)
“Bethann Hardison, Daniela Morera et Stephane Burrows au Studio 54”, 1978. (© Rose Hartman)
Yves Saint Laurent, dessin dédicacé à “Steve”, 1978. (© Fondation Pierre Bergé/Yves Saint Laurent, Paris)
Richard Bernstein, “Steve Rubell”, 1979. (© The Estate of Richard Bernstein)
Richard Bernstein, “Mariel Hemingway”, 1978. (© The Estate of Richard Bernstein)
Gordon Munro et Peter Rogers pour le Studio 54. “Maintenant, tout le monde peut entrer dans le Studio 54”, vers 1980. (© Gordon Munro/Museum of the City of New York)
L’exposition “Studio 54: Night Magic” est visible au Brooklyn Museum, à New York, jusqu’au 8 novembre 2020.