Guerre en Ukraine, climat, migrants et révolutions : le palmarès du festival Visa pour l’image a été révélé

Guerre en Ukraine, climat, migrants et révolutions : le palmarès du festival Visa pour l’image a été révélé

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© Ebrahim Noroozi/Associated Press ; © Sandra Mehl

Une série photo sur la rébellion karen face à la junte birmane a reçu le grand prix.

Le Visa d’or News, prix le plus prestigieux du festival international de photojournalisme Visa pour l’image, a été décerné à Perpignan samedi à Siegfried Modola, pour son travail sur la rébellion karen face à la junte birmane. Siegfried Modola, photographe italo-britannique, a remercié en premier lieu “les gens qui nous ont permis de raconter leurs histoires” dans ce reportage intitulé La Révolution armée en Birmanie, qui a demandé deux ans de travail et a été publié par le Globe & Mail.

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Les autres nommés étaient Michael Bunel (Le Pictorium) pour Rechercher, sauver et protéger sur le travail des ONG secourant les personnes en exil qui traversent la Méditerranée, et Tyler Hicks (The New York Times) pour Bakhmout, une ville en guerre, en Ukraine. L’an dernier, le Visa d’or News avait récompensé le photographe ukrainien Evgeniy Maloletka (Associated Press) pour ses reportages dans Marioupol bombardée. La Birmanie avait déjà été en 2021 au cœur du Visa d’or News qui, pour la première fois, avait récompensé un photographe resté anonyme par sécurité, pour ses images de La Révolution du printemps dans son pays.

Des soldats karenni combattant les forces armées de Tatmadaw se tiennent sur un affleurement surplombant une vallée, le 9 octobre 2022, dans l’État de Kayah, à l’est du Myanmar. L’État de Kayah se situe dans une zone hautement stratégique du pays, servant de pont entre les bastions de la résistance au sud et au nord. Il borde la Thaïlande à l’est, une source d’armes et d’autres fournitures, et l’État Shan au nord, où opèrent les groupes armés les plus puissants du pays. (© Siegfried Modola/The Globe & Mail)

Ukraine, climat, migrants…

Cette 35e édition de Visa a mis en lumière l’impact de l’activité humaine sur la planète et le climat, thème de nombreuses expositions, mais aussi les routes périlleuses de l’exil et donc l’Ukraine. Tyler Hicks a ainsi reçu le Visa d’or de la presse quotidienne pour son travail à Bakhmout, ville emblématique de la résistance des Ukrainien·ne·s à l’invasion par la Russie. Le Visa d’or de l’information numérique Franceinfo a été attribué à Virginie Nguyen Hoang pour son documentaire La Vie sous le feu de la guerre sur le quotidien des Ukrainien·ne·s, diffusé par La Libre Belgique. Le travail d’Ebrahim Noroozi (AP) en Afghanistan, intitulé Le Pays le plus triste au monde et le pire pays pour les femmes, a reçu le Visa d’or magazine.

Le Visa d’or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a récompensé Federico Rios Escobar pour ses reportages, parus dans le New York Times, sur l’enfer du Darién, jungle inextricable entre la Colombie et le Panamá, que traversent des migrant·e·s désireux·ses de gagner les États-Unis. Le Visa d’or d’honneur du Figaro Magazine, honorant la carrière d’un photographe en activité, a distingué Noël Quidu qui, depuis les années 1980, a couvert de multiples conflits.

Le Visa d’or de la Ville de Perpignan/Rémi Ochlik a été attribué à Emily Garthwaite (Institute) pour Didjla : voyage le long du Tigre, en Irak. Parmi les autres récompenses et bourses, le prix Carmignac a salué le travail d’Anas Aremeyaw Anas, Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen (Noor) sur le Ghana face à l’impact écologique et humain du flux des déchets électroniques.

Lors des funérailles de Mahsa Amini, les femmes retirent leurs foulards en signe de protestation en criant “À bas le dictateur”, et scandent pour la première fois “Femme, vie, liberté”, qui deviendra le cri de ralliement des contestataires, à Saqqez, Kurdistan iranien, 17 septembre 2022. (© Photographe anonyme)

Prix et bourses

Le prix de la Fondation Yves Rocher a été attribué à Gaël Turine, pour son projet sur les forêts sacrées au Bénin et au Nigeria, tandis que le prix ANI-PixTrakk a récompensé les photos de Karine Pierre sur le caïd du quartier de Ghobeiry, au Liban. Cinzia Canneri a pour sa part reçu le prix Camille Lepage afin de poursuivre son travail sur la violence infligée aux femmes au Tigré et en Érythrée, et Paolo Manzo le prix Pierre & Alexandra Boulat pour continuer son reportage sur les inégalités dans Naples, la cité invisible.

La bourse Saif/Benoît Schaeffer pour l’édition photographique a été attribuée à Alfred Yaghobzadeh, qui prépare sa première monographie. Enfin, la bourse Canon de la femme photojournaliste a été remise à Anastasia Taylor-Lind, celle de la nouvelle photographie urbaine soutenue par Google à Valentin Goppel, et la bourse Canon du documentaire vidéo court-métrage à Juan Vicente Manrique Gomez.

Le festival a aussi mis le focus sur les révoltes en Iran avec, pour la première fois, une exposition collective d’anonymes parce qu’“il n’est plus possible de travailler”, de s’identifier comme photographe dans ce pays, a précisé son directeur, Jean-François Leroy, à l’AFP. Visa, qui a débuté le 2 septembre, proposait gratuitement projections, rencontres avec les photographes et débats durant cette semaine professionnelle. Ses 24 expositions restent ouvertes au public jusqu’au 17 septembre.

Entraînés dans une spirale destructrice, les deux pays ne cessent d’envoyer des troupes et du matériel dans l’espoir de remporter la bataille, à Bakhmout, Ukraine, le 25 novembre 2022. (© Tyler Hicks/The New York Times)