Depuis plus de quinze ans, Konbini reçoit des artistes et personnalités mondialement connu·e·s de la pop culture, mais a aussi à cœur de spotter des talents émergents.
En 2025, après deux éditions des Talents of Tomorrow, on repart en quête de la relève. La rédaction de Konbini vous propose une série de portraits sur les étoiles de demain sur qui on a envie de miser cette année. Des personnalités jeunes, francophones et talentueuses qu’on vous invite à suivre et soutenir dès maintenant.
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©Adrien “hazembsm” Antoine
Casque Red Bull à la main, pull léger alors qu’il fait 8 °C, quand Isack arrive à Konbini, il est plutôt en détente. Ici, à Paris, où il se repose une semaine avant de repartir sur la piste, le vice-champion du monde de Formule 2 nous offre un peu de son temps pour aborder son parcours, ses galères, mais aussi ses désirs pour l’année à venir.
Isack fait partie de la rare catégorie de gens qui, dès le plus jeune âge, savent ce qu’ils veulent faire. Des dimanches dans le 15e arrondissement de Paris à regarder les batailles entre Lewis Hamilton, Fernando Alonso et Sebastian Vettel d’une après-midi sur un circuit de karting à observer son père enchaîner les virages, naît un destin tout tracé : il sera pilote de Formule 1.
“Dès le karting, je savais que je voulais faire de la F1.”
Après quatre années à regarder en boucle son film préféré, Cars, Isack monte dans son premier karting. Tout de suite, il s’y sent bien : “J’avais 6 ans et le concept de contrôler un objet et me déplacer avec me paraissait fou”. Ça tombe bien, car dès le début, il se montre doué, très doué. Un prodige est né.
À 14 ans, Isack intègre le programme de la Fédération française du sport automobile et passe au niveau supérieur, celui des monoplaces, celui de la Formule 4. Tout devient alors plus grand, plus rapide, plus fort. Isack entre dans une nouvelle dimension. Le Parisien enchaîne sur la Formule régionale Alpine, où il remporte le Grand Prix de Monaco. C’est à ce moment qu’il est appelé par un certain Helmut Marko. Le grand chef de Red Bull lui propose un contrat dans la Red Bull Junior Team, le programme qui a fait découvrir des noms comme ceux de Max Verstappen, Pierre Gasly et Carlos Sainz Jr. Isack souffle ses 17 bougies et personne ne peut stopper son ascension.
“Mes parents ne m’ont jamais forcé à faire quoi que ce soit, ils m’ont toujours accompagné dans mon parcours et mes conneries.”
Tout va très vite. Sur la piste, comme dans la vie. On est en 2023, Isack entre en Formule 2 et, à nouveau, son monde change. Ici, faire partie d’un programme ne suffit plus. Pour garder sa place, il faut performer ou avoir de l’argent. Le jeune prodige, qui ne mise que sur son travail et son talent pour réussir, porte un regard critique sur les pilotes qui achètent leur baquet : “Ça fout la haine. Qu’est-ce que je fous à partager la grille avec lui, on n’est pas du même niveau et pourtant il est là. Ça me dérange”.
©Adrien “hazembsm” Antoine
Malgré ces obstacles, Isack poursuit sa route. Sur le bas-côté, il voit des camarades forcés d’arrêter, parfois par manque de talent, parfois par manque d’argent, mais lui poursuit son rêve et s’investit à 100 % dans le sport automobile. Pour devenir un pilote complet et travailler au mieux avec son équipe, Isack se forme à la mécanique et la physique. “Il n’y a pas que le pilotage et le ressenti. En tant que pilote, tu es le capteur numéro 1, donc c’est bien de comprendre ce qu’il se passe autour de toi, parce que toute l’équipe t’écoute, donc si en plus de ça, tu es calé techniquement, ça fait une grosse différence.”
“Je n’ai pas peur de dire les choses et je me fous de l’avis des gens.”
Entre deux courses, Isack peine à trouver un rythme régulier. La vie de pilote se partage entre les déplacements en monoplace et les déplacements en avion et ce pour les trois quarts de l’année. Quand il est à Paris, Isack se repose, “fait la saucisse pendant une journée”, suit le MMA, la boxe anglaise — ses deux passions —, passe du temps avec ses amis, puis repart pour un nouvel entraînement. Tout va vite, peut-être trop parfois.
©Adrien “hazembsm” Antoine
L’élément qui parle le plus d’Isack, c’est sûrement son casque. Il affiche des traits agressifs, pour la vitesse, et du jaune, pour Ayrton Senna, son idole. C’est surtout sur le sommet de ce petit chef-d’œuvre qu’Isack s’arrête : le cosmos parce qu’il adore l’espace, il lui rappelle “qu’on est un peu inexistants” ; mais aussi des formules fondamentales de physique, en hommage à son père, professeur de physique. On trouve ainsi du Einstein, du Heisenberg et du Bernoulli et son fameux théorème de Bernoulli, utilisé en mécanique des fluides, un domaine en lien direct avec le sport automobile.
“L’espace, ça nous rappelle qu’on est un peu inexistants.”
L’année 2024 est charnière. Si Isack explose tout en Formule 2 avec Campos Racing, c’est surtout en Formule 1 qu’il prend du grade. Il devient pilote de réserve de l’écurie Red Bull et fait ses premiers essais libres au Mexique, à Silverstone et Abu Dhabi. Pour la première fois de sa vie, Isack monte dans une Formule 1 et la marge avec une Formule 2 est énorme. “Monter dans une F1, ça fait peur, c’est un peu un vaisseau spatial. Tu te fais déchirer. Tu sens les forces t’écraser.”
©Adrien “hazembsm” Antoine
La peur, Isack sait la dompter. Alors le pilote y va armé d’un instinct qu’il a développé toute sa jeune carrière, que ce soit dans la Red Bull de Sergio Perez ou celle de Max Verstappen. Une heure de séance, c’est peu, mais c’est assez pour que l’enfant en lui qui a toujours rêvé d’espace et de Flash McQueen soit aux anges. “À chaque fois, j’ai kiffé c’était magnifique.”
“Mon circuit préféré, c’est Suzuka, au Japon. La plupart des pilotes adorent cette piste car elle matche parfaitement avec les caractéristiques d’une F1.”
En décembre 2024, malgré la terrible désillusion de la victoire au championnat du monde de Formule 2, qu’il qualifie lui-même de “pire moment de sa vie”, Isack atteint le premier pic de sa carrière : obtenir un baquet dans l’écurie Racing Bulls. Ça y est, c’est fait, l’enfant de 6 ans fan de karting et de Cars réalise à tout juste 20 ans son rêve d’être pilote de Formule 1. La prochaine étape, c’est le Grand Prix d’Australie en mars.
En tout cas, Isack, de notre côté, on n’espère qu’une chose, c’est entendre Julien Fébreau hurler ton nom au dernier virage du dernier tour d’un Grand Prix, que ce soit à Monza ou à Suzuka. 2025 t’appartient.