Jury Duty, la meilleure série de l’année dont vous n’avez probablement jamais entendu parler

Un pari fou

Jury Duty, la meilleure série de l’année dont vous n’avez probablement jamais entendu parler

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© Prime Video

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Par Delphine Rivet

Publié le

Grâce à un dispositif narratif ultra bien pensé, elle a redonné ses lettres de noblesse à un genre devenu ringard : la caméra cachée.

C’est l’une des meilleures surprises sérielles de l’année 2023. Arrivée sans crier gare aux États-Unis sur Amazon Freevee, le service avec publicités de la firme, Jury Duty, créée par Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky, a convaincu toutes celles et ceux qui l’ont regardée. Des mois après son lancement, auréolée de critiques dithyrambiques et de quatre nominations aux prochains Emmy Awards, elle a débarqué chez nous tellement discrètement (sur Prime Video) qu’on ne s’en était même pas rendu compte !

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Et franchement, ça aurait été criminel de ne pas vous la faire découvrir.

En 2021, Ronald Gladden, un jeune entrepreneur, a répondu à une annonce pour devenir juré lors d’un procès filmé pour un documentaire. Sauf que ce qu’il ignore, c’est que tout le monde — les autres juré·e·s, le juge, les avocat·e·s, et les intervenant·e·s — est en fait… des comédiens et comédiennes. Bienvenue dans Jury Duty (littéralement : “Fonction : juré”), la farce la plus longue et la mieux produite de l’histoire de la télévision.

Un mélange des genres savoureux

Sous couvert de documentaire judiciaire donc, la série allie en fait le côté imprévisible de la téléréalité, l’authenticité jusqu’à l’absurde d’une caméra cachée, et l’écriture minutieuse d’une sitcom. Et le pari fou de Jury Duty, c’est d’avoir misé gros sur son héros malgré lui. Le profil de Ronald a été retenu parmi plus de 2 500 candidatures, et on comprend rapidement pourquoi en découvrant les épisodes. Car si les moindres petits détails sont scénarisés, il reste une variable que personne ne maîtrise : les réactions de Ronald.

Pire encore : Ronald aurait pu être un connard, un menteur, ou quelqu’un de malhonnête… il est tout l’inverse (un casting parfaitement mené, donc). Sa bienveillance et son intégrité à toute épreuve lui attirent immédiatement notre sympathie. Il n’est donc pas le dindon de la farce que l’on croyait, et ce petit jeu dont nous sommes les complices n’est alors pas aussi cruel qu’on aurait pu l’imaginer.

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En route pour les Emmys

Mais il a fallu doser, pendant les 17 jours qu’a duré le tournage, avec le curseur de la comédie : un rebondissement trop grotesque, une interprétation trop extravagante, et tout pouvait s’écrouler à n’importe quel moment. Du WTF, il y en a, durant ce procès, mais l’élément le plus fou de cette série, c’est la présence au casting, et dans le faux jury, de l’acteur James Marsden (Westworld), dans son propre rôle… ou plutôt une version ultra-égocentrée et en mal d’attention de lui-même. Sa performance lui doit une nomination méritée aux prochains Emmys dans la catégorie Meilleur acteur de second rôle.

Jouissive du début à la fin (le dernier épisode est celui de la révélation du subterfuge à Ronald et lève le voile sur le dispositif impressionnant de la série), Jury Duty est une expérience folle qui a sacrément bien tourné, et la preuve qu’il est possible de réinventer, avec beaucoup d’audace et de talent, des formes narratives qu’on croyait obsolètes.

La saison 1 de Jury Duty est disponible sur Prime Video.