Le British Museum va exposer des œuvres qu’il a volées puis qu’on lui a volées et qu’il a récupérées

Le British Museum va exposer des œuvres qu’il a volées puis qu’on lui a volées et qu’il a récupérées

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© Vincent Besnault/ The Image Bank/Getty Images ; © Grant Faint/The Image Bank/Getty Images

C’est le serpent qui se mord la queue.

Le British Museum de Londres va exposer certains des objets récupérés à la suite du vol de centaines de pièces de ses collections, qui a provoqué la stupéfaction l’été dernier. L’exposition “Rediscovering Gems” (“redécouvrir des joyaux”) sera ouverte du 15 février au 15 juin 2024. Elle présentera une sélection de dix pièces parmi les centaines retrouvées lors de la vaste opération de recherche lancée depuis l’annonce en août que quelque 2 000 pièces, notamment des bijoux en or, des pierres semi-précieuses ou de la verrerie, avaient disparu ou avaient été endommagées dans ses collections. On vous rappelle que ce musée britannique est régulièrement épinglé à cause des œuvres (déjà volées) qu’il expose et qui sont – pour une partie – issues de pillages issus de l’ère coloniale.

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L’affaire a conduit à la démission du directeur du British Museum, qui accuse l’un de ses ex-employés. Dans un communiqué, le président du musée George Osborne a salué cette exposition comme reflétant un “changement culturel en cours au British Museum, qui s’ouvre et s’approprie sa propre histoire” malgré le coup porté à sa réputation. Parmi les objets volés exposés figurent des pierres précieuses romaines en verre datant de la fin du Ier siècle avant notre ère au début du Ier siècle après notre ère, une gravure représentant un buste de Minerve de profil et un camée représentant un buste de Cupidon.

Des centaines d’autres pièces non volées compléteront l’exposition. Le musée relève que le vol a provoqué “un regain d’intérêt” pour les bijoux et pierres précieuses. Il présente ces “chefs-d’œuvre incroyablement petits mais très convoités” comme une “fenêtre sur le monde méditerranéen” servant à des fins esthétiques ou parfois officielles. “Ce qui a rendu ce vol possible, c’est que beaucoup de ces objets volés étaient inconnus des chercheurs, n’étaient pas recensés correctement et n’étaient pas dans nos bases de données”, a relevé le directeur par intérim du musée Mark Jones, interrogé par le Times.

Avant le vol, “il aurait été difficile de susciter de l’intérêt pour ces pièces”, a-t-il reconnu. “Mais la vérité, c’est que ce sont des objets extraordinaires à l’histoire fascinante.” Pour éviter la répétition de tels vols, le musée a lancé une vaste opération de catalogage et Mark Jones a précisé avoir fixé comme objectif de créer en cinq ans une base de données numérique contenant les huit millions de pièces de la collection du British Museum.