Le Centre Pompidou a lancé un musée mobile “qui vient à nous”

Le Centre Pompidou a lancé un musée mobile “qui vient à nous”

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© Miguel Medina/AFP

"Un des freins qui empêche les gens d’aller au musée est le prix."

Une vingtaine d’œuvres originales du Centre Pompidou embarquées dans un camion traversant la France pour présenter l’art aux publics qui en sont éloignés : c’est le pari du MuMo, un musée mobile, qui était stationné à Verdun (Meuse) pour commencer l’année. Sur le parking d’une école, inoccupé pendant les vacances, un camion et une grande remorque sont stationnés. Une fois cette dernière déployée, un sas d’entrée rouge précède une véritable salle de musée d’environ 45 mètres carrés.

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Lancé début janvier, ce musée mobile présente une exposition baptisée “La Caravane du bizarre”. Une habitante de Verdun, présente lors de l’inauguration, dit n’avoir jamais eu l’occasion de visiter le Centre Pompidou de Paris. “S’il se déplace un petit peu dans un camion mobile, ça peut être intéressant d’aller voir les œuvres”, explique-t-elle à l’AFP. En général, il est compliqué pour cette retraitée de 68 ans de se rendre dans des musées, particulièrement parisiens : “Il y a les déplacements qui sont toujours un peu problématiques”, dit-elle.

Mais là, “le musée vient à nous”. Une autre habitante de 71 ans déclare avoir été “interpellée” par le concept du musée mobile, qu’elle a trouvé “bien aménagé, bien conçu” alors qu’elle n’a “pas l’occasion d’aller tout le temps à Paris ou au Centre Pompidou”. Elle a pu notamment admirer trois photographies de Dora Maar, des sculptures de sirène d’Henri Laurens ou un Autoportrait du peintre cubiste Gino Severini, que des enfants ont confondu avec un Picasso.

Inspiré du bibliobus

Face au musée mobile, une retraitée de Verdun s’attendait toutefois à découvrir “plus d’œuvres”, même si “dans un endroit comme ça, ça aurait été brouhaha”. Ingrid Brochard, fondatrice du premier musée mobile (MuMo) il y a une quinzaine d’années, explique : “Quand j’étais petite, j’ai habité des zones rurales et je n’ai pas eu l’occasion d’aller au musée, au théâtre, à l’opéra… Par contre, j’attendais avec impatience le bibliobus”, le camion venant prêter des livres aux enfants.

Naît alors l’idée de reproduire le concept avec un camion-musée, qui viendrait dans les zones rurales : “Ce ne sont pas les enfants qui se déplacent vers le musée mais le musée qui se déplace à eux”. Le camion apporte aussi une “dimension sociale”, où “tout le quartier est invité à venir échanger autour des œuvres d’art”, poursuit Ingrid Brochard.

“Certains enfants ou même adultes n’ont pas forcément la chance, le privilège d’aller sur Paris, au Centre Pompidou, voir les œuvres”, acquiesce Fabrice Perrin, directeur d’un centre de loisirs tout proche, dont une vingtaine d’enfants ont découvert le MuMo à l’occasion de ce lancement. À Verdun, “on a d’autres formes d’art” comme la musique, mais “c’est assez innovant” de voir “ce genre d’art” moderne et contemporain, pointe M. Perrin. Le musée mobile réalise 30 % de ses étapes dans des communes de moins de 2 500 habitant·e·s.

Gratuité

Il va aussi dans les quartiers plus défavorisés et “là où il y a de la demande”, explique Ingrid Brochard. Des activités sont prévues avec les enfants, ainsi que des portes ouvertes au public, toujours gratuitement. “Un des freins qui empêche les gens d’aller au musée est le prix”, en plus de la distance géographique et de la “barrière psychologique”, selon Mme Brochard. Au MuMo, il n’y a pas de cartel explicatif à côté des œuvres, permettant à chacun de les découvrir librement, mais des médiatrices sont présentes pour répondre aux questions.

La remorque transportant cette salle de musée, où les œuvres restent accrochées même lorsqu’elle est repliée durant les trajets, a été conçue spécialement et doit respecter des normes d’hygrométrie et de sécurité nécessaires au transport des œuvres. Elle coûte à elle seule 600 000 euros, financés par un mécène du MuMo, Art Explora.

Les frais de fonctionnement de ce musée ambulant sont, eux, pris en charge par l’État et les collectivités territoriales. Après ses passages dans les Vosges, à Marseille, dans l’Aube ou dans la Meuse, le MuMo a terminé sa tournée automnale le 13 janvier à Massy (Essonne), avant de visiter d’autres régions de France avec une nouvelle exposition.