Le photographe palestinien Motaz Azaiza a reçu son Prix Liberté

Le photographe palestinien Motaz Azaiza a reçu son Prix Liberté

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© Mark Kerrison/In Pictures/Getty Images

L’ambassade d’Israël en France et plusieurs député·e·s Renaissance demandent qu’on lui retire le prix.

Le photojournaliste palestinien Motaz Azaiza a remporté le Prix Liberté pour “son combat en faveur de la liberté de la presse et du droit à l’information” sur le conflit dans la bande de Gaza, a annoncé début mai la région Normandie. Le jeune homme, âgé de 25 ans, est devenu très populaire avec des millions d’abonné·e·s sur les réseaux sociaux en couvrant dès le 7 octobre la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, tout en partageant son expérience personnelle dans ce territoire assiégé.

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Depuis le début du conflit, 97 journalistes et salarié·e·s des médias, dont 92 Palestinien·ne·s, ont été tué·e·s et 16 autres blessé·e·s. Motaz Azaiza a finalement pu être évacué avec sa famille fin janvier au Qatar, où il continue de “s’engager pour la liberté de la presse et la protection des journalistes”, ont indiqué dans un communiqué les organisateur·rice·s du Prix Liberté. Ce prix, doté de 25 000 euros, lui permettra de poursuivre cette mission. Il lui a été remis le 4 juin à Caen, devant les deux autres nommé·e·s ou leur représentante : Noura Ghazi, avocate syrienne luttant en faveur des droits des prisonnier·ère·s politiques, et Maria Kolesnikova, figure de l’opposition biélorusse. Emprisonnée, elle sera représentée par sa sœur Tatsiana Khomich.

Quelque 4 000 jeunes, dont de nombreux·ses lycéen·ne·s venu·e·s des États-Unis et d’Allemagne, ainsi qu’une cinquantaine de vétérans de la Seconde Guerre mondiale étaient également présent·e·s à la veille du 80e anniversaire du Débarquement. La lauréate du prix en 2021, la rappeuse afghane Sonita Alizada, y a interprété la chanson “Stand up !” spécialement écrite pour cette occasion avec de jeunes danseur·se·s et chanteur·se·s normand·e·s. Créé en 2019 par la région Normandie avec l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, ce prix récompense une personne ou une organisation engagée dans la défense des libertés. Cette année, 14 265 jeunes issu·e·s de 116 pays ont voté pour départager les trois nommé·e·s.

Des député·e·s Renaissance s’opposent à ce prix

Le Huffington Post rapporte que plusieurs député·e·s Renaissance ont demandé à ce qu’on retire le Prix Liberté à Motaz Azaiza, un choix jugé “incompréhensible et inapproprié” par la majorité. “À l’évidence, Monsieur Azaiza ne remplit pas les critères pour se voir récompenser par un tel prix et n’incarne aucunement un engagement exceptionnel pour la liberté ni les valeurs portées par les organisateurs et partenaires de ce prix”, ont écrit les député·e·s dans une lettre signée conjointement avec le groupe d’études de l’Assemblée nationale Lutte contre l’antisémitisme.

Le groupe qualifie également Motaz Azaiza de “sympathisant du Hamas” qui “n’hésite pas à propager des fake news pour discréditer les soldats israéliens” et qui refuse “de condamner l’attaque terroriste et meurtrière du 7 octobre”. De son côté, l’ambassade d’Israël en France a retweeté la lettre sur son compte X/Twitter, le 4 juin. En réaction, le photographe palestinien a posté, le 5 juin, la lettre sur son compte Instagram, en expliquant être la cible de “campagnes de diffamation de la part des sionistes et de tentatives visant à [l’]accuser de terrorisme et à annuler le prix”.